Huis clos, interdictions de déplacements… Malgré les sanctions, les violences entre supporters explosent cette saison en Ligue 1. Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste du monde des supporters et invité de BFMTV, propose quelques axes de travail.
De son aveu, « la spirale est préoccupante ». Nicolas Hourcade est sociologue spécialiste du monde des supporters et n’avait plus assisté à autant « d’incidents aussi répétés depuis la saison 2009-2010 ». Cinq matchs de Ligue 1 ont été impactés par de violents débordements depuis le début de saison (Montpellier-OM, Nice-OM, Lille-Lens, Montpellier-Bordeaux et Angers-OM). Les trois premiers ont déjà donné lieu à des sanctions de la LFP et les deux autres, qui se sont déroulés mercredi, seront étudiés ce jeudi par la commission de discipline de la LFP. Mais pour le moment, rien ne semble calmer le phénomène.
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, attend de nouvelles mesures de la Ligue, tout en promettant de prendre des sanctions pour les heurts ayant opposé les supporters de Montpellier et Bordeaux sur la voie publique. Roxana Maracineanu, ministre déléguée chargée des Sports, a, elle, prôné des sanctions individuelles tout en invitant fortement les clubs à évincer leurs supporters identifiés comme violents.
Individualiser les sanctions
Nicolas Hourcade partage le premier point de vue de l’ancienne championne de natation et prône des sanctions au cas par cas. « Tous les phénomènes ne sont pas similaires, rappelle-t-il sur BFMTV. Jeter une bouteille sur un joueur (lors de Montpellier-OM et Nice-OM, ndlr), ce n’est pas exactement la même chose que rentrer sur un terrain pour frapper un joueur (Nice-OM) ou tendre un guet-apens à un groupe de supporters (Montpellier-Bordeaux). Il faut adapter les réponses à chaque cas, puisque les causes ne sont pas forcément les mêmes. Dans un premier temps, il faut individualiser les sanctions. On a des caméras de surveillance qui permettent d’identifier qui sont les fauteurs de trouble. Ça permet de sanctionner ceux qui ont vraiment causer des problèmes et pas l’ensemble d’un stade, quand 98% des gens n’ont commis aucun délit. »
Des aménagements dans les stades
La réduction des violences peut aussi passer par une évolution de la configuration des stades. « En termes d’organisation des matchs, est-ce qu’on peut faire des progrès?, interroge Hourcade. Par exemple, Nice a accepté sa sanction de huis clos (après les incidents contre l’OM, ndlr) et a immédiatement pris des mesures pour éviter de nouveaux incidents similaires, en mettant un filet de sécurité, en condamnant certaines places. Il y a aussi ce travail à faire sur l’architecture des stades et les dispositifs d’organisation de déplacements. »
Interdire tous les déplacements, une bonne solution?
Que faut-il faire alors quand des supporters adverses sont pris à partie hors du stade par les locaux comme ce fut le cas avant Montpellier-Bordeaux? Invité sur BFMTV, le préfet de l’Hérault a répondu en indiquant qu’il interdirait le déplacement des groupes ayant un passif violent, comme ce sera désormais le cas pour les supporters bordelais dans l’Hérault.
Pour Nicolas Hourcade, l’interdiction systématique n’est pas la bonne solution. « Vous avez une rivalité assez forte entre deux groupes d’ultras, qui peut être anticipée par la police, explique le sociologue au sujet de Montpellier-Bordeaux. On sait que c’est un match à risques, donc ça passe par l’encadrement des supporters visiteurs et des interdictions de déplacement, quand les risques sont trop élevés. Par contre, interdire systématiquement les déplacements de supporters visiteurs, ce n’est pas une bonne solution, parce que ça se passe bien dans la plupart des cas. Mais quand il y a vraiment des risques trop importants, ça peut être ponctuellement une solution pertinente. »
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