Le 7 mars dernier, alors qu’Aleksandr Golovin venait de faire vibrer la transversale de Walter Benitez, Kasper Dolberg, inscrivait, au bout du temps additionnel, un deuxième but synonyme de succès niçois (2-1). Ce soir-là, les 21.000 personnes présentes à l’Allianz Riviera, déchaînées et euphoriques au coup de sifflet final, ne savaient pas encore que la saison s’arrêterait là, que ce succès qualifierait l’OGC Nice pour la Ligue Europa au nez et à la barbe de son voisin monégasque et qu’elles ne pourraient pas assister aux rencontres à domicile ni célébrer l’Europe, quelques mois plus tard, faute d’épidémie.
« Un crève-coeur de regarder le derby devant la télévision »
La revanche, ce dimanche, se jouera donc sans public. Les supporters du Gym en ont malheureusement pris l’habitude. Depuis le début de la saison, seuls les matchs face à Nantes et Lille ont permis de voir quelques Azuréens garnir des tribunes bien trop grandes pour la poignée qu’ils étaient. À quelques heures du derby ce dimanche après-midi (17h), nous donnons rendez-vous à trois d’entre eux devant l’Allianz Riviera. « Rien que de faire le chemin jusqu’ici, pour l’interview, ça fait mal. On voit ce beau stade en sachant qu’on ne peut plus entrer dedans, c’est dur » soupire Benjamin, suivi par Virginie, maillot du capitaine Dante sur le dos : « L’an dernier on était heureux de venir ici, on chantait pendant 90 minutes. Dimanche, on sera seule à la maison, devant la télé, c’est un crève-cœur. » Surtout quand les fans niçois se rappellent les émotions vécues ici lors du dernier rendez-vous avec le club de la Principauté. « On a tous en mémoire le dernier derby joué ici » se souvient Renaud « mais il faudra le regarder à la maison et croiser les doigts pour que les joueurs le gagne car un derby ne se joue pas il se gagne. »
Kovac : « Un derby sans supporter, c’est différent »
Vendredi, c’est aussi cette expression qu’a utilisé l’attaquant monégasque Gelson Martins sondé sur la rencontre en conférence de presse. Avant lui, l’entraineur monégasque Niko Kovac regrettait l’absence de public ce dimanche : « Un derby sans supporter, c’est différent, ce genre de match est important pour les spectateurs dans la région. Les joueurs, les coachs, tout le monde veut gagner un derby. Je sais qu’il y aura de l’émotion mais je ne veux pas en rajouter, il faut que les joueurs restent lucides. Je préfère penser aux trois points que ce soit Nice, Marseille ou Montpellier en face. »
Côté fans, Virginie et Benjamin sont moroses « un derby ça se joue avec ses supporters » commence la première suivie par le second « sans supporteurs, ce n’est quasiment pas un derby. On aimerait aller pousser nos joueurs, leur transmettre cette rivalité, chanter au centre d’entrainement pour les mettre dans l’ambiance, craquer quelques fumigènes mais même ça on ne peut pas. Les joueurs et les dirigeants passent mais les supporteurs restent. »
Vieira « triste » sans les fans
Arrivé depuis plus de deux ans sur le banc niçois, Patrick Vieira est lui aussi déçu de voir une telle affiche se jouer à huis clos « Lors du dernier match contre Monaco, nos supporters nous ont poussés et nous avons décroché l’Europe sur ce match. Sans eux ce sera triste mais on doit faire le maximum, aussi pour eux. » Ex-milieu de terrain d’Arsenal, l’entraîneur du Gym a longtemps connu la chaleur des derbys londoniens, il connait ce genre de rendez-vous : « un derby c’est particulier, ça reste deux équipes régionales qui se battent pour finir le plus haut possible. Il y a des joueurs qui se connaissent, qui n’habitent pas loin, certains se côtoient peut-être. C’est toujours un match à gagner parce que quand on va croiser le copain le lendemain, ça peut ne pas être plaisant. » Nice et Monaco étant distant de plus de 20 kilomètres, l’attestation ne sera pas valide pour aller chambrer le voisin. Confinement oblige, il faudra se taquiner sur les réseaux.
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