L’horizon financier du football français s’assombrit encore plus en ce début d’année. Alors que les clubs s’étaient remis à espérer après la fin du conflit qui opposait la Ligue de football professionnel (LFP) à Mediapro, et que leurs dirigeants attendaient impatiemment l’arrivée prochaine d’un diffuseur solvable, Canal+, via son patron Maxime Saada, a refroidi leurs ardeurs. Dans une interview au Figaro, la chaîne cryptée annonce qu’elle va rendre le lot 3 que beIN Sports lui a sous-licencié à la suite de l’appel d’offres conclu en mai 2018 (Canal+ paye 330 millions d’euros pour deux matchs, samedi 21h et dimanche 17h), au plus tard le 5 février. Car la Ligue 1 est trop chère selon lui.
« Côté Canal+, nous pensons que la Ligue 1 est subventionnée depuis de nombreuses années, indique Maxime Saada. Aucun diffuseur n’a réussi à la rentabiliser. (…) J’estime que le produit L1 a été dégradé dans l’absolu. Pour des raisons conjoncturelles tout d’abord. La diffusion sur Téléfoot (la chaîne de Mediapro) a fortement réduit l’exposition de la compétition. (…) Par ailleurs, l’arrivée de Mediapro a contribué à la croissance exponentielle du piratage. (…) La valeur de la Ligue 1 a également baissé pour Canal +. »
Et Maxime Saada rejette la possibilité d’une offre de gré à gré. « Nous n’avons jamais fait d’offre dans ce sens à la LFP car, après réflexion, nous avons conclu qu’il était impossible de passer par cette procédure », explique Maxime Saada, évoquant trois raisons pouvant expliquer cela, dont la perte de confiance entre Canal+ et le football français. « Il n’y a qu’un moyen de matérialiser de manière objective et transparente la valeur de marché de la Ligue 1, c’est l’appel d’offres », a-t-il ajouté. Mediapro a acheté les droits TV de la Ligue 1 pour une petite fortune à l’époque, avec un modèle économique que beaucoup de spécialistes du marché mettaient en doute.
Canal+ veut proposer les matchs en Pay per view
Mais les dirigeants du football français, séduits par le bond de 60% des droits que le diffuseur sino-espagnol leur promettait, se sont laissés séduire. Maxime Saada a estimé par ailleurs qu’en raison de sa diffusion sur une chaîne créée ex-nihilo, Téléfoot, le produit Ligue 1 s’était dégradé. « Enfin, il y a un problème structurel d’attractivité pour la Ligue 1, a-t-il poursuivi. Ce n’est pas un hasard si nous avons fait l’acquisition du « PSG-OM » diffusé ce soir (mercredi à 21h) sur Canal+. C’est le type de match qui attire nos abonnés. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de toutes les affiches. »
Les Français qui acceptent de consentir chaque année ce sacrifice financier sur l’autel de leur passion seront-ils bientôt privés des matchs de leur équipe favorite ? « La situation actuelle doit cesser, a plaidé Maxime Saada au Figaro. Après avoir provoqué le plus grand drame de l’histoire du football français, et ne plus avoir payé aucun droit depuis le 5 août, Mediapro continue de diffuser 80% des matchs. Ce n’est pas acceptable. Pour en terminer avec cette situation, nous allons proposer à la LFP une solution technique universelle qui permettra à tous les Français, abonnés ou non à Canal+, de suivre les matchs en Pay per view (paiement à l’acte). Bien sûr, Canal+ reverserait l’essentiel des recettes à la LFP, et donc aux clubs. »
Pas sûr que les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, qui négocient avec les joueurs pour une baisse des salaires afin d’atténuer leur situation économique préoccupante, soient tellement rassurés par cette dernière annonce.
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