Dans un entretien accordé à L’Equipe, le président de la DNCG Jean-Marc Mickeler se montre inquiet quant à l’avenir financier des clubs français et appelle à mener d’importantes réformes.
La Ligue 1 fait son grand retour le week-end du 7 et 8 août et l’alléchant mercato opéré par certains clubs a un peu mis sous le tapis les importants problèmes financiers auxquels font face les clubs français. Interviewé par L’Équipe, Jean-Marc Mickeler, président de la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), tire pourtant la sonnette d’alarme : pour lui, le football hexagonal fonce droit dans le mur.
« On est à l’os »
« Il y avait 500M € de dettes à la fin de la saison 2018-2019. On est à plus de 1 milliard aujourd’hui. Les clubs sont financièrement exsangues. On est à l’os », constate Mickeler. Fortement impactés par la pandémie de coronavirus, avec l’absence de recettes liées à la billetterie, sans oublier la crise des droits télés, les 20 acteurs de la Ligue 1 ont tous subi d’importantes pertes ces derniers mois. Si de tels évènements étaient amenés à se reproduire, ils pourrait se retrouver en grand péril.
« Si la France devait affronter une quatrième vague de Covid avec zéro jauge, si les 330 M€ (pour les deux matches de Canal +) venaient à ne pas être au rendez-vous, on ne pourrait pas exclure des dépôts de bilan sur la saison 2021-2022 », assure Mickeler, même s’il reconnait que ce n’est pas le scénario majeur. Cette année, Bordeaux a déjà frôlé le redressement judiciaire, avant d’être racheté par Gérard Lopez.
« Ils sont nombreux à être au bout de leur capacité ou volonté de boucher les trous. Le pire est à venir. (…) On ne peut pas exclure, au terme de la saison, des dépôts de bilan », insiste-t-il.
Le salary-cap envisagé
Pour éviter d’en arriver à de tels écueils, le président de la DNCG a déjà des solutions en tête. Mais elles nécessitent une refonte totale du modèle, qui nécessitera d’être « extrêmement courageux ». « Des mesures doivent être prises sans délai, alerte-t-il. Les clubs doivent réduire leur masse salariale. Il faut limiter à 25 le nombre de joueurs sous contrat, hors ceux formés au club. Aujourd’hui, en moyenne, on est à 37 joueurs par club en L1. Sept clubs ont plus de 40 joueurs sous contrat ! Cela n’a pas de sens. Il faut aussi réglementer l’usage des prêts afin d’éviter les mesures de contournement. »
Dans l’entretien, Mickeler s’est également dit favorable à l’instauration d’un salary-cap, sur le modèle de la NBA. « Il doit s’accompagner de mesures contraignantes, détaille-t-il. Si tu ne le respectes pas, tu es interdit de recruter pour la saison suivante. L’idée est que la masse salariale, en prenant en compte les salaires chargés, les amortissements et les honoraires d’agents, ne dépasse pas 70 % des revenus. »
Ainsi mis en place, le système éviterait aussi l’exode des meilleurs joueurs français à l’étranger, faute de moyens.
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