Après la lourde défaite vendredi contre une flamboyante équipe de Monaco (0-4), en ouverture de la 30e journée de Ligue 1, le constat est cinglant à Saint-Etienne: c’est la crise et la lutte pour le maintien s’annonce décidément très compliquée.

Saint-Etienne (16e de Ligue 1) a concédé vendredi une lourde défaite 4-0 à domicile contre Monaco. S’il est indéniable qu’une ou plusieurs classes d’écarts existent entre des Monégasques en course pour le titre et des Stéphanois qui luttent pour le maintien, cela n’a pas empêché Mathieu Debuchy et son entraineur Claude Puel de la jouer tiède en conférence de presse d’après-match.

La réalité est qu’à l’ASSE, le mal est profond et qu’il ne dépend pas simplement de la qualité de l’adversaire. Les Verts ont, vendredi, proposé l’une de leurs copies les plus désolantes depuis le début de la saison. Sur le plan technique, tactique, mais pire encore, en termes de caractère. En général, quand un adversaire surclasse une équipe qui joue le maintien, celle-ci tente de placer la rencontre sur le registre physique, celui des duels et de l’engagement. Mais même ça, les Stéphanois n’ont pas su le faire, preuve d’une certaine forme de résignation qui n’augure rien de bon.

Faiblesse intrinsèque et problèmes de discipline

Arrivés il y a 18 mois, Claude Puel et son staff imaginaient certainement pouvoir s’appuyer sur une génération prometteuse, qui avait remporté la coupe Gambardella. Mais entre un bon jeune et un bon joueur de Ligue 1, il y a un écart et rien ne garantit qu’il puisse être comblé. Hormis Camara et Gourna Douath, dont le rendement est bon, la dure vérité est qu’Abi, Moueffeck, Benkhedim, Rivera voire Tshibuabua n’ont pas encore le niveau.

Au club, même les plus dithyrambiques sur cette génération Gambardella semblent avoir rangé leur optimisme pour la prudence a minima, si ce n’est pour une objective résignation. Les joueurs plus expérimentés (qui, à l’exception de Debuchy et Moulin, n’ont pas le caractère de cadres) sont eux trop inconstants. Bouanga rate sa saison, Boudebouz n’est plus que l’ombre du joueur technique que l’on promettait au peuple vert, Kolodziejczak n’apporte pas assez, Hamouma est trop souvent blessé et Khazri, qui semble monter en puissance, arrive un peu tard après 30 journées de Ligue 1.

Le staff de l’ASSE, et notamment son entraîneur, s’est probablement habitué, en Angleterre, à certains standards de professionnalisme. Il est confronté aujourd’hui à des problèmes de discipline. Les retards à l’entraînement sont nombreux depuis le début de la saison, et le triumvirat Puel-Bonnevay-Sablé semble parfois se heurter à des attitudes frondeuses.

Scission et manque de lucidité face à l’urgence

Par ailleurs, entre ces jeunes prometteurs à qui l’on a peut-être trop dit qu’ils étaient le futur du club et une génération plus aguerrie, le courant passe difficilement. Il n’y a pas de cassure réelle mais il n’y pas non plus d’affinité. Les « anciens » constituent un premier noyau qui réclame aux plus jeunes une progression plus rapide. Celle-ci peine manifestement à venir, avec un groupe qui ne semble pas progresser.

Interrogé sur ce point, Claude Puel évacue: « La saison n’est pas terminée, il est trop tôt pour dresser un bilan du niveau de l’équipe ». Pourtant après 30 journées, Saint-Etienne a rendu vendredi sa plus pâle copie et personne ne semble franchement sur la bonne voie.

Il y a urgence pour les Verts: avec quatre maigres points d’avance sur Nîmes (barragiste qu’ils affronteront dimanche aux Costières), le club stéphanois n’est pas immunisé contre la relégation et le calendrier donne des sueurs froides (déplacements à Paris, Montpellier et Lille, et réception de Marseille sur les huit derniers matchs de la saison).

Or, le groupe ne semble pas avoir conscience de l’urgence. Après une défaite face à Lens, Arnaud Nordin disait « ne pas être inquiet » et Charles Abi avait « vu de bonnes choses ». Dans l’effectif stéphanois, beaucoup semblent avoir fait un raccourci dangereux entre leur niveau et la stature du club de Saint-Etienne. Mais il ne suffit pas d’avoir un maillot vert sur les épaules pour arriver à la conclusion qu’on a le niveau d’un club comme celui de l’ASSE.

Et Puel dans tout ça?

Le manager général de Saint-Etienne rabâche ses préceptes en conférence de presse, vocifère sur le banc, probablement frustré par le manque de talent de ses hommes. Son discours passe-t-il? La question mérite d’être posée. Les joueurs les plus expérimentés n’ont pas oublié la gestion de certains cas (affaire Ruffier, mise sur le banc de Khazri ou Boudebouz…). Les plus jeunes, eux, se montrent attentifs… sans pour autant que les préceptes de Puel ne prennent véritablement. L’absence de progression de certains (Aouchiche, Rivera, Benkhedim) est à lui attribuer mais le bon recrutement de joueurs à moindre coût (Maçon, Neyou) aussi.

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Le staff stéphanois semble se fatiguer face à un groupe limité. Mais il est aussi conscient de l’instabilité du club d’un point de vue structurel. Claude Puel pourrait bien se lasser de ce contexte. Pas sûr qu’il poursuive une aventure qui tourne pour l’instant bien mal…

Timothée Maymon

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