Cela fait maintenant 7 semaines que le championnat a repris. La Bundesliga, la première division allemande avait été la première à retrouver le chemin des terrains, le vendredi 15 mai dernier, avant qu’un grand nombre de championnats fasse de même. La condition sine qua non était connue, il fallait jouer à huis-clos, sans aucun spectateur.

Or, il est évident, dans l’inconscient collectif, que les supporters ont un effet significatif sur les performances et les résultats des rencontres. Tout le monde l’accepte et la science elle-même le démontre.

Normalement, les supporters agissent sur les joueurs et le corps arbitral

L’économiste espagnol Ignacio Palacios-Huerta a en effet montré cela, dans une étude parue en 2014. A partir d’une importante base de données constituée d’un très grand nombre de matchs de Liga, de Serie A, de Premier League et de Bundesliga, le professeur à la London School of Economics a constaté qu’un stade plein, constitué de supporters actifs et bruyants, rempli à plus de 75%, pouvait apporter un apport significatif à l’équipe locale.

Les fans motivaient les joueurs, (ces derniers étant plus performants que d’habitude), mais aussi « inquiétaient » l’arbitre qui avait alors tendance à siffler plus de fautes à l’encontre de l’équipe adverse et à accorder plus ou moins de temps additionnel en fonction du score.

Mais l’inverse est-il vrai? Est-ce que sans supporter, sans spectateur, tous ces effets disparaissent et l’équilibre du jeu est rétabli? C’est ce que s’est demandé le journaliste du New-York Times Rory Smith sur les matchs du championnat allemand.

Sans supporter, moins de victoires à domicile et moins de tirs

Premier point, le taux de victoire à domicile chute de 10 points, passant de 43% sur tout le début de saison à 33% sur cette fin post-covid19. La moyenne de buts inscrits à la maison par match a elle aussi diminué, de 1,74 à 1,43. Tout comme le nombre de tirs cadrés, le nombre de dribbles, le nombre de corners obtenus ou le nombre de passes réussies.

En d’autres termes, les performances sont clairement altérées par l’absence des supporters. Certains pourraient rétorquer qu’il s’agit uniquement du manque de temps de jeu, de la reprise difficile et accélérée ou de la pause de 2 mois imposée aux joueurs.  

Mais alors comment expliquer l’amélioration des statistiques des équipes visiteuses ? Avec elles, le taux d’arrêt des gardiens augmente ainsi que les tirs cadrés, les frappes, les dribbles, les passes, la possession, etc. Globalement, il y a un rééquilibrage évident et parlant entre les clubs, l’effet domicile disparait totalement au profit d’une neutralité statistique, d’une baisse de la motivation, d’une disparition de la crainte et de la peur inconsciente.

L’arbitre n’a plus peur dans les enceintes sportives

Et ce n’est pas tout, même l’effet « arbitrage à domicile » s’efface. Pour Rory Smith, « l’arbitre n’est plus un pigeon » (homer en anglais), il n’est plus aussi clément avec l’équipe locale et influencé. Il apparaitrait même plus pénalisant avec cette dernière, contrairement à ce qui était constaté initialement, lorsque les supporters étaient là pour crier et chanter, lorsqu’ils faisaient office de 12e homme.

Avec les matchs à huis-clos, les clubs concèdent plus de fautes à domicile qu’à l’extérieur et reçoivent plus de cartons jaunes comparativement à ce qu’ils touchaient, en moyenne, avant la reprise de la saison.

On le voit bien, les effets sont manifestes, clairs, flagrants, les supporters sont d’une importance primordiale, ils influencent le jeu, les performances et les décisions arbitrales, ils sont le 12e homme. Espérons alors qu’ils puissent rapidement revenir dans les stades pour reprendre leur rôle.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/les-effets-du-huis-clos-sur-les-resultats-analyses-1942521.html

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