Le départ pour le Nord a finalement été différé d’une journée. Le temps de gérer une situation explosive sur la Canebière, après la sortie inattendue d’André Villas-Boas, mardi en conférence de presse. Le coach de l’OM a été mis à pied à titre conservatoire pour avoir ouvertement critiqué la politique sportive de son club. En dénonçant notamment le recrutement d’Olivier Ntcham, le milieu de terrain du Celtic Glasgow, en toute fin de mercato. Après avoir écarté AVB, qui a lui-même posé sa démission, le club phocéen a dû s’organiser en urgence pour préparer son voyage à Lens, ce mercredi, à l’occasion de la 23e journée de Ligue 1 (21h). En bricolant un staff technique à la hâte.
Une fois les forces en présence sondées, les dirigeants marseillais ont choisi de confier l’intérim de l’équipe professionnel à Nasser Larguet, le directeur du centre de formation, et Philippe Anziani, le coach de la réserve. Deux des rares techniciens de l’OM à avoir les diplômes requis pour gérer un match de L1. C’est donc emmené par ce binôme inédit, soutenu par un nouveau staff, que les partenaires de Dimitri Payet ont pris la route de Bollaert dans la matinée. Avec une grosse pression sur les épaules après les violents incidents de la Commanderie le week-end dernier. Et l’espoir de stopper l’hémorragie, à quatre jours d’accueillir le PSG au Vélodrome. En comptant sur la faculté d’adaptation de leur duo d’intérimaires.
Nasser Larguet, le polisseur de talents
C’est un nom bien connu dans le monde de la formation. Nasser Larguet dirige le centre de l’OM depuis l’été 2019. Recruté par Jacques-Henri Eyraud et Andoni Zubizarreta, le technicien de 62 ans a entrepris un travail de refonte au sein des équipes de jeunes. Avec l’objectif de sortir plus de talents capables de venir renforcer l’équipe première dans les années à venir. Depuis sa prise de fonction, une dizaine de joueurs sont passés professionnels, à l’image de Niels Nkounkou, Ugo Bertelli ou Cheick Souaré. Né à Sidi Slimane, au nord-ouest du Maroc, Larguet est arrivé en France au début des années 1980.
Après avoir exercé comme professeur de mathématiques et de sciences naturelles, il fait ses gammes d’entraîneur en Normandie. Passé par le FC Rouen, il prend ensuite la tête du centre de formation de l’AS Cannes en 1995. Quelques années après l’envol de Zinedine Zidane. Au moment du départ de Patrick Vieira à l’AC Milan. Avant de revenir dans le Calvados pour s’occuper de la formation du Stade Malherbe de Caen en 1998. En pleine euphorie post-Coupe du monde. Et d’y accompagner notamment l’éclosion de Mathieu Bodmer ou Ronald Zubar.
AFP – Nasser Larguet à l’Académie Mohamed VI en 2010
Une seule expérience sur un banc
En 2001, Le Havre fait appel à lui pour gérer son équipe réserve durant trois ans. Sa seule expérience sur un banc jusqu’à présent. Le Racing Club de Strasbourg le débauche en 2004 pour lui confier les clés sa formation. Après trois années en Alsace, lors desquels il obtient sa licence Pro UEFA, l’ancien enseignant décide de retourner dans son pays natal. Le Roi du Maroc lui propose de prendre en mains l’Académie Mohamed VI, basée à Salé, une commune proche de la capitale Rabat. En 2014, il est nommé directeur technique national et responsable des équipes de jeunes des Lions de l’Atlas. Une fonction qu’il occupe jusqu’au printemps 2019. Avant de débarquer à la Commanderie. Et de se retrouver, un an et demi plus tard, sur le banc de l’OM. De manière totalement inattendue.
Philippe Anziani, le technicien de l’ombre
Contrairement à Nasser Larguet, il a connu le football de haut niveau en tant que joueur. Philippe Anziani a même une fait une très belle carrière dans les années 1980-1990. L’ancien attaquant a disputé 486 matchs de première division sous les couleurs de Sochaux, Monaco, Nantes ou Toulon. Pour 99 buts inscrits dans l’élite. De quoi lui ouvrir cinq fois les portes de l’équipe de France (un but). Dont la première à seulement 19 ans, lors d’un match amical face au Brésil de Zico et Socrates au Parc des Princes, en mai 1981(1-3). Sous les ordres de Michel Hidalgo.
Une fois les crampons raccrochés, l’ex-buteur débute sa carrière d’entraîneur par un passage au GFCO Ajaccio au milieu des années 1990. Mais c’est en tant qu’adjoint de Faruk Hadzibegic qu’il se fait remarquer à Sochaux en 1997, avant de prendre les rênes de l’équipe première durant 34 matchs. Il part ensuite en Corse afin d’épauler Bernard Casoni, puis Michel Padovani au Sporting Club de Bastia, où il récupère également la gestion de l’équipe A en 2009. Le temps de 15 rencontres.
Icon – Philippe Anziani au FC Nantes en 2011
Une expérience de globe-trotter
Le natif de Bône (en Algérie française, la ville a depuis été renommée Annaba) poursuit son parcours au FC Nantes comme assistant de Baptiste Gentili et se retrouve à nouveau dans le costume d’entraîneur principal en 2011 (12 matchs). Après cette expérience chez les Canaris, il décide de partir à l’étranger. En Tunisie, où il rejoint Christian Sarramagna au CS Hammam-Lif, dans la banlieue sud de Tunis. Un an plus tard, il migre au Qatar pour devenir l’assistant d’Eric Gerets au Lekhwiya SC. Un club de Doha (devenu Al-Duhail SC en 2017). A l’été 2013, Anziani enchaîne par un court séjour au Kawkab Marrakech en tant que coordinateur des équipes de jeunes.
Avant d’occuper le même poste au FUS de Rabat durant cinq ans. Et d’être embauché par l’OM en juillet 2019 afin de s’occuper de la réserve, qui évolue en National 2 (quatrième division). Avec un succès relatif jusqu’à présent. Au moment de l’arrêt des compétitions fin octobre, son équipe, composée en majorité de très jeunes joueurs, occupait la dernière place du groupe C. Avec la pire attaque du championnat (6 buts) et une seule victoire en huit journées. Le coach de 59 ans savourerait d’autant plus un succès à Bollaert.
Laurent Spinosi, le retour au premier plan
Nasser Larguet et Philippe Anziani vont être accompagnés d’un staff remanié pour leur baptême chez les Sang et Or. Maxence Flachez, l’adjoint de la réserve, en fait partie. Tout comme Laurent Spinosi. Le natif de Marseille connaît parfaitement la maison après ses différentes expériences en tant qu’entraîneur des gardiens. Le technicien de 51 ans a fait partie du staff de l’équipe première entre 2004 et 2010, puis 2012 et 2014. Sous les ordres de sept entraîneurs différents (Eric Gerets, Albert Emon, Jean Fernandez, Didier Deschamps, José Anigo, Philippe Troussier et Elie Baup). Avec en point d’orgue: le titre de champion en 2010, décroché par les partenaires de Steve Mandanda.
Icon – Laurent Spinosi et Steve Mandanda en 2014
Une expérience entrecoupée d’un passage au sein de l’équipe de Côte d’Ivoire, avec François Zahoui, puis Sabri Lamouchi. Spinosi a également bossé aux côtés d’Eric Gerets au sein du club d’Al-Jazira, à Abou Dhabi, ces dernières années. Avant de revenir à l’OM à l’été 2019, en même temps que Philippe Anziani, pour s’occuper des portiers de l’équipe réserve. Jusqu’à ce retour express auprès des pros, où Mandanda officie toujours.
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