C’est une petite bombe qu’a sortie le quotidien anglais The Guardian. Selon le journal, la Fifa et l’AFC (la Confédération Asiatique de Football) auraient menti sur la date à laquelle ils auraient pris connaissance d’accusations de viol et de harcèlement sexuel sur des membres de l’équipe féminine d’Afghanistan.

Des emails que contestent la version de la FIFA

En novembre dernier, une source à la Fifa expliquait au Guardian qu’ils avaient commencé à enquêter sur ces accusations en mars 2018. Mais depuis le journal anglais a eu accès à certains emails qui suggèrent que tout cela avait été déclaré à la fédération internationale bien plus tôt, en avril 2017.

Le 19 avril 2017, une plainte expliquant que des jeunes afghanes avait été abusées sexuellement a été envoyée à trois groupes: des membres du corps gouvernant de la Fifa tels que le bureau du secrétaire général, des membres de l’AFC dont l’officiel s’occupant du dépôt de plainte, et la fédération afghane. Sept mois plus tard un autre courrier leur avait été envoyé accusant le président de la fédération Afghane Keramuudin Karim de ne pas avoir sanctionné un coach (qui entraîne toujours aujourd’hui) ayant abusé sexuellement d’un jeune garçon de 14 ans. Sans réponses.

Des accusations graves

Pourtant les cas évoqués sont de natures très graves. Khalida Popal, ancienne chef de la section « football féminin » de la fédération avait révélé au Guardian sa frustration face à un système qui n’a pas su (ou voulu) protéger ses joueuses. Elle était accompagnée de deux joueuses, Shabnam Mobarez et Mina Ahmadi ainsi que de la coach de l’équipe, Kelly Lindsey. Khalida Popal raconte avoir reçu des plaintes d’abus physiques et sexuel, de menaces de mort ainsi que de viols effectués par des hommes travaillant pour la fédération.

Elle explique avoir organisé un camp d’entraînement en Jordanie. Mais quand les joueuses ont atterri, elles étaient accompagnées de deux hommes, l’un soi-disant dirigeant de la section féminine, l’autre se revendiquant directeur sportif.  « Ils ont martyrisé et harcelé les filles afghanes parce qu’ils savaient qu’elles n’allaient pas pouvoir parler de ça », explique Popal. Ils appelaient les joueuses dans leur chambre pour coucher avec, leur disant qu’elles pourraient entrer dans l’équipe nationale et qu’elles seraient payées 112 euros par mois si elles disaient oui à tout ce qu’ils leur demandaient. »

Un système pourri de l’intérieur

Popal a alors fait remonter l’information aux dirigeants de la fédération. « Ils m’ont répondu de continuer à jouer au football, de garder ça secret et qu’une fois de retour en Afghanistan les deux hommes seraient sanctionnés ». Mais selon l’entraîneure Kelly Lindsey, c’est tout le contraire qui se serait produit: « Ils ont été promus et délocalisés dans une autre région », selon elle.

L’ancienne cheffe du football féminin, en asile politique au Danemark depuis 2016, révèle l’ampleur de ce système: « À notre retour, 9 joueuses dont certaines de nos meilleurs éléments, ont été exclues de la sélection car elles étaient accusées d’être lesbiennes. Comme elles voulaient parler aux médias, le président a décrété qu’elles aimaient les femmes pour les réduire au silence. »

Le président de la fédération également impliqué

Popal va plus loin et accuse l’ancien président de la fédération, Keramuudin Karim, d’avoir lui-même violé des joueuses. « J’ai découvert que ces abus le président les pratiquait également. Il avait une salle à l’intérieur de son bureau avec un lit. La porte ne se rouvrait qu’avec ses empreintes digitales, donc quand les filles entraient elles ne pouvaient pas sortir sans l’empreinte du président… » Un climat horrible pour ces jeunes femmes, qui ont vu les fédérations censées les protéger réagir bien trop tardivement à leur plaintes. 

https://rmcsport.bfmtv.com/football/la-fifa-etait-elle-au-courant-des-agressions-sexuelles-au-sein-de-l-equipe-afghane-des-2017-1706754.html

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