Discret en dehors des terrains, Christian Eriksen illumine le jeu depuis une dizaine d’années avec l’Ajax, Tottenham et l’Inter, avec qui il a remporté le Scudetto cette saison. Surnommé le « magicien » chez les Spurs, le milieu de terrain a effrayé tout le monde ce samedi, victime d’un malaise cardiaque pendant Danemark-Finlande.
Au Danemark, un code de conduite fictif appelé Janteloven démarre pas un commandement simple: « Ne te crois pas meilleur que qui que ce soit. » Ce pourrait être aussi le leitmotiv de Christian Eriksen, brillant milieu de terrain qui a déjà tutoyé certains sommets sans perdre sa modestie. Et qui a effrayé tout le monde ce samedi, victime d’un malaise cardiaque lors du match de l’Euro Danemark-Finlande.
Son mélange de technique et d’humilité se ressent dans son jeu et dans ses statistiques. Eriksen, c’est la passe avant le but, voire la passe avant la passe décisive. C’est le bien de l’équipe avant le sien, quitte à s’adapter à un nouveau poste comme ce fut le cas cette saison à l’Inter Milan.
Sous les ordres de l’exigeant Antonio Conte, le Danois, recruté avec un salaire mirobolant pour être le meneur de jeu des Intéristes, a dû se réinventer. Le club voulait le vendre l’hiver dernier, un an après son arrivée, la faute à des performances moyennes. Mais lui a continué à travailler pour rester et faire changer d’avis son entraîneur.
Renaissance à l’Inter
« Ce que je n’ai pas compris au début, c’est que je devais suivre le système de Conte tout le temps, a-t-il raconté à la Gazzetta dello Sport. Auparavant, j’étais plus habitué à l’intuition, j’étais libre de prendre des décisions en une seconde sur la base de ce que je voyais. Mais avec le coach, il y a toujours un plan général à suivre. Il faut être prêt, toujours savoir où se trouvent ses coéquipiers et où ils peuvent se déplacer. »
Preuve qu’Eriksen a fini par très bien comprendre ce qui était attendu de lui, il a débuté comme titulaire 14 des 19 derniers matchs de l’Inter Milan en Série A, cette saison, dans une nouvelle position plus reculée. Il est ainsi devenu un pion essentiel dans le système qui a permis aux Nerazzurri d’aller chercher le titre de champion, mettant un terme à l’hégémonie de la Juventus. « Je vis peut-être le meilleur moment de ma carrière », disait alors le Danois il y a quelques semaines.
Un titre après huit ans d’attente
Le tournant de sa saison est à chercher lors du derby milanais, le 26 janvier dernier en Coupe d’Italie. Alors qu’il y a 1-1 entre l’Inter et le Milan AC, le Danois entre en jeu à la 88e minute de jeu. Neuf minutes plus tard, au bout du bout du temps additionnel, il se saisit du ballon pour frapper l’ultime coup-franc de la rencontre. D’une frappe magnifique, il trompe alors Tatarusanu et envoie son équipe en demi-finale.
« J’ai l’impression que les choses ont changé à ce moment-là, a reconnu plus tard le milieu de terrain. De l’extérieur, les gens y ont vu une sorte de réveil. Comme pour dire: ‘Oh, regarde, il peut encore tirer des coup francs, il n’a pas disparu des radars, il est toujours là.’ »
Avec l’Inter Milan, Eriksen a surtout décroché le premier titre de sa carrière depuis qu’il avait quitté l’Ajax Amsterdam, il y a huit ans. Entre temps, à Tottenham, il a connu de grands moments, souvent ponctués de désillusions. Arrivé à l’été 2013, quand Gareth Bale faisait ses bagages pour le Real Madrid, le Danois a mené l’attaque des Spurs pendant sept années. D’abord isolé, ensuite mieux accompagné par Harry Kane, Dele Alli et Heung-min Son notamment, le meneur de jeu a été jusqu’à connaître une finale de Ligue des champions, la première du club, perdue contre Liverpool.
Successeur annoncé de Laudrup
Surnommé le « magicien », Eriksen a toutefois atteint ces sommets sans jamais se renier, sans jamais tenter de devenir la star d’une équipe qui prenait de plus en plus de lumière. Il a toujours voulu toucher le ballon, pas pour briller à titre personnel mais pour faire gagner l’Ajax, Tottenham, l’Inter Milan ou la sélection dannoise. « C’est juste la personne que je suis, disait-il au Guardian il y a quelques années. Je veux toujours avoir le ballon. »
Le bonhomme a beau être modeste, il n’est pas du genre à fuir ses responsabilités. Dans un pays comme le Danemark, qui n’a pas connu d’innombrables succès internationaux, les comparaisons ont fleuri dès ses jeunes années. « Au début, c’était comme s’il était écrit Michael Laudrup dans mon dos », a-t-il raconté, en référence au plus grand joueur de l’histoire du football danois, lui aussi n°10 à l’époque.
Mais à 29 ans, Christian Eriksen a depuis bien longtemps mis un terme aux comparaisons. Il n’est plus le nouveau Laudrup, seulement Eriksen, leader technique de sa sélection et d’à peu près tous les clubs où il passe. Un « accro du football », comme il se décrit lui-même, devenu à son tour le modèle des générations futures. Il y avait eu Laudrup. Désormais, il y a Eriksen.
https://rmcsport.bfmtv.com/football/euro/euro-qui-est-eriksen-le-magicien-du-danemark-et-de-l-inter_AV-202106120228.html