« Nous avons beaucoup d’attentes, mais je pense que cela fait aussi ressortir ce qu’il y a de mieux en nous. Nous nous attendons à gagner chaque match. Donc, si nous sommes menés 2-0 à 10 minutes de la fin, nous nous attendons à gagner ce match. » Non, ses propos n’ont pas été tenus par Zlatan Ibrahimovic ou Cristiano Ronaldo. C’est Megan Rapinoe, capitaine de la sélection américaine, opposée ce vendredi à l’équipe de France en quarts de finale de la Coupe du monde (21h), qui a fait cette déclaration dans un entretien accordé au magazine américain Eight by Eight. Faut-il y voir de l’arrogance ou une confiance légitime ? Championnes du monde en titre et pointées à la première place du classement Fifa, les Etats-Unis auraient tort de douter de leur niveau et de leur potentiel.
Leur phase de poules n’a fait que confirmer leur statut de grandes favorites de ce Mondial. C’est simple, Alex Morgan et sa bande ont terminé en tête de leur groupe avec neuf points pris sur neuf possibles, dix-huit buts inscrits et pas un seul but encaissé. Difficile de faire mieux. Si elles ont rencontré plus de difficultés en huitièmes de finale pour se défaire de l’Espagne (2-1), elles n’ont a priori rien perdu de leur assurance. « Il n’y a qu’un seul objectif, une seule mission. Nous sommes vraiment excitées. Les gens ont tendance à ne pas se rendre que l’équipe américaine vit sous pression. Il y a toujours une cible sur nous. Les joueuses sont préparées à ça », a déclaré en conférence de presse d’avant-match la sélectionneure américaine Jill Ellis, précisant toutefois que son équipe respecte « énormément la sélection française, une équipe en plein développement ».
« Elles ne doutent jamais »
Si elles semble voir la France comme une nation qui peut encore passer plusieurs paliers, à juste titre, les Américaines estiment, elles, que le niveau global de leur sélection leur permettrait d’aligner facilement deux équipes capables de remporter le Mondial. « Nous avons la meilleure équipe du monde. Et aussi la deuxième meilleure équipe du monde », a ainsi assuré la défenseure Ali Krieger dans les colonnes du New York Times. Cette confiance ne surprend pas Sonia Bompastor, qui a évolué aux Etats-Unis du côté du Washington Freedom entre 2009 et 2010. « D’un point de vue mental, elles ne se posent aucune question. Quand elles entrent sur le terrain, pour elles, ce sont les meilleures. Elles rentrent dans le match en se disant qu’elles vont forcément gagner et qu’un scénario différent de celui-ci n’est pas possible », confirme à RMC Sport l’ex-internationale française.
« Elles ne doutent jamais, elles ont une grande confiance en elles. A certains moments, on peut se dire qu’elles prennent tout le monde de haut. Mais ça fait partie de leur histoire, elles sont comme ça. Elles ont une force intérieure qui leur permet de ne jamais douter. Je me souviens de séances d’entraînement où quand une joueuse ratait un geste basique, une autre lui disait « C’est rien! La prochaine tu vas la réussir, on passe à autre chose! » En France, la réaction aurait été de dire « La prochaine fois, applique-toi… », on aurait été un peu négatif », raconte Bompastor, pour qui cette confiance ne doit pas être perçue comme une arrogance démesurée. « Quand on les connaît, on sait que ces joueuses savent respecter l’adversaire. Cette manière de faire, c’est une forme de respect », estime-t-elle.
Polémique après leur match contre la Thaïlande
Un sentiment partagé par Philippe Joly, adjoint de la sélectionneure française Corinne Diacre: « Beaucoup de filles de notre équipe ont déjà été coéquipières d’Américaines et Amandine Henry a joué aux Etats-Unis. Elles connaissent la mentalité, elles savent que ça peut être un discours sans beaucoup d’arrogance derrière. » Egalement questionnée en conférence de presse sur les déclarations des joueuses américaines, qui peuvent parfois donner l’impression d’avoir un ego surdimensionné, Sarah Bouhaddi n’a pas non plus se lancer dans une polémique. « Je pense qu’elles sont éduquées comme ça. Quand elles font un sport collectif, elles sont formatées pour parler comme ça et avoir cette attitude. On les connaît, on ne s’attarde pas sur leur discours », a simplement réagi la gardienne des Bleues.
L’attitude des Américaines avait en tout cas fait polémique après leur victoire record face à la Thaïlande (13-0) pour leur entrée en lice dans la compétition. Certains observateurs avaient accusé les coéquipières de Rapinoe d’avoir inutilement humilié leurs adversaires en célébrant leurs buts de façon très excessive. « En tant que Canadiennes, nous ne penserions jamais à faire une chose pareille. A mes yeux, c’est irrespectueux, scandaleux », avait déploré l’ancienne internationale Kaylyn Kyle, consultante pour la chaîne TSN. Réponse de la sélectionneure Jill Ellis: « Respecter ses adversaires, c’est jouer à fond contre eux. » Au moins, les Bleues sont prévenues.
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