Des attitudes de joueurs, une communication changée et des choix tactiques balbutiants ont dessiné une nouvelle image de Didier Deschamps, au cœur des critiques en pleine série de cinq matchs nuls. Un changement amorcé il y a six mois.

L’éternel pragmatisme de Didier Deschamps en équipe de France lui vaut autant d’être adulé que critiqué. Et quand les résultats ne suivent plus, le sélectionneur se retrouve encore plus au cœur de la grogne. La pénible série de cinq matchs nuls consécutifs exacerbe les reproches en direction du sélectionneur, changé dans sa communication et la manière de diriger ses joueurs. Dans le creux de la vague, le sélectionneur des Bleus doit sonner la révolte face à la Finlande, mardi à Lyon (20h45) dans le cadre des qualifications à la Coupe du monde 2022.

Une première alerte en mars

Le début des qualifications pour la Coupe du monde en mars a provoqué une première alerte dans l’esprit du sélectionneur. Le nul concédé face à l’Ukraine (1-1) a bien été rattrapé comptablement par des succès au Kazakhstan (0-2), puis en Bosnie-Herzégovine (0-1). Mais le visage affiché par les Bleus à Sarajevo ne lui avait pas plu. Il l’aurait fait savoir sèchement à ses joueurs à la pause. Les canaux de communication de la FFF n’avaient d’ailleurs rien laissé filtrer de sa causerie dans les traditionnels montages vidéos publiquement diffusées après chaque rencontre. Antoine Griezmann avait sorti les Bleus du marasme de la tête mais les difficultés collectives et le manque de répondant après cette soufflante auraient instillé le doute dans l’esprit du sélectionneur et participé à relancer sa réflexion sur un retour de Karim Benzema.

L’appel de Benzema, trop tardif?

S’il n’est pas rancunier en appelant des joueurs avec qui il avait quelques contentieux, Didier Deschamps a pris tout le monde de cours en sélectionnant Karim Benzema pour l’Euro après s’être échiné à balayer le sujet de l’absence du Madrilène pendant près de six ans. Il s’en était encore agacé en mars en réaffirmant sa fermeté au sujet du Madrilène, dans le viseur de la justice pour son implication présumée dans une affaire de chantage à la sextape.

Sportivement, la présence de l’ancien Lyonnais se justifiait largement. Ce dernier a d’ailleurs été loué pour son comportement exemplaire pendant l’Euro. Mais son retour inattendu a désarçonné le groupe et fait tanguer l’équilibre des egos, juste avant la compétition. « On a évoqué le sujet ensemble (avec Didier Deschamps), et on est arrivé à la même conclusion, peut-être qu’il aurait dû faire un ou deux matchs de plus avant, a déclaré Noël Le Graët, président de la Fédération française de football en juillet. Mais c’est comme ça. »

L’étonnante brouille Giroud/Mbappé, la trouble hiérarchie sur coups de pied arrêtés

S’il érige comme un mantra la cohésion de groupe, un impair a pourri le début de la préparation de l’Euro. Alors que les joueurs prennent habituellement bien soin de ne pas trop en dire publiquement, Olivier Giroud a semé un peu la panique en se plaignant de ne pas recevoir de ballon sans citer aucun de ses coéquipiers. Reproche pris personnellement par Kylian Mbappé. Là encore, Didier Deschamps a perdu la main. S’il a débord refusé que le jeune Parisien s’en explique dès le lendemain en conférence de presse, il lui a finalement donné gain de cause trois jours plus tard lors d’une prise de parole agacée de l’attaquant parisien.

En façade, l’affaire a été déclarée close même si elle a révélé quelques fissures entre quelques joueurs. La gestion des tireurs de coups de pieds arrêtés est apparue aussi illisible. Le sélectionneur ne l’a pas vraiment tranchée alors Antoine Griezmann a revendiqué sa position de numéro 1 pour tirer les penalties, ce qui a publiquement étonné Kylian Mbappé. Dans les faits, c’est pourtant Karim Benzema qui a tiré celui face au Portugal.

Des choix tactiques étonnants

Didier Deschamps n’est pas buté sur un schéma tactique en particulier même s’il préfère le 4-3-3. Ces derniers mois, le sélectionneur a donné l’impression de vouloir contenter ses stars offensives quitte à faire jouer certains joueurs à un poste dont ils ne sont pas de véritables spécialistes. Antoine Griezmann évolue désormais sur le côté droit de l’attaque. Faute de solution, il a également lancé Jules Koundé comme arrière droit et le Sévillan a rencontré de grosses difficultés. Adrien Rabiot, souvent utilisé comme faux ailier gauche, a aussi expérimenté le poste d’arrière gauche même si cela était davantage dû à un choix par défaut en raison des blessures à ce poste (Hernandez et Digne).

Didier Deschamps à l'entraînement

Didier Deschamps à l'entraînement

Didier Deschamps à l’entraînement © ICON Sport

La plus grande énigme de ces derniers mois reste la composition de la France face à la Suisse. Elle répondait à une demande des joueurs désireux de tester un 3-5-2, rarement utilisé aupravant (à deux reprises). Cela a provoqué la titularisation de Clément Lenglet, perdu et fautif sur l’ouverture du score suisse. « DD » a accepté ce changement comme un signe d’ouverture et de discussion avec les joueurs, laissant deviner une nouvelle manière de diriger cette équipe. Plus dans le compromis, à l’écoute.

Quelques incompréhensions avec des joueurs

Ce huitième de finale face à la Suisse a mis en exergues quelques moments de tension avec le joueur. Il y eut cette discussion animée avec Paul Pogba à la fin du temps réglementaire même si le milieu de terrain a confié qu’il ne s’agissait que de la frustration. Il y eut cet imbroglio sur la sortie de Kingsley Coman, diminué mais désireux de rester sur le terrain. Le sélectionneur a, à chaque fois, minimisé ces faits de match. Il n’a pas réagi en revanche aux propos de Noël Le Graët sur la visite de Kylian Mbappé à l’issue de l’Euro. L’attaquant du PSG aurait regretté le manque de soutien reçu après son tir au but manqué face à la Suisse.

Il tourne le dos à Giroud à la rentrée

Après avoir appelé Olivier Giroud sans discontinuer malgré son faible temps de jeu en club avant l’Euro, Didier Deschamps l’a oublié pour ce rassemblement au moment où l’attaquant s’est remis à jouer et marquer en club (avec l’AC Milan). Il lui a préféré Anthony Martial, qu’il semble imaginer comme nouvelle doublure de Karim Benzema, comme avant-centre.

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Une solidité défensive en déliquescence

Sacrée championne du monde sur les bases d’une grosse défense, l’équipe de France enchaîne les erreurs dans ce secteur. Elle a concédé l’ouverture du score lors de ses cinq derniers matchs. Les blessures de tauliers comme Benjamin Pavard, Lucas Hernandez, N’Golo Kanté ou Corentin Tolisso peuvent l’expliquer. Mais l’édifice s’est lézardé et les Bleus sont beaucoup moins solides.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/equipe-de-france/equipe-de-france-tactique-attitude-des-joueurs-deschamps-a-t-il-perdu-la-main_AV-202109060190.html

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