France-Belgique, si proche et si loin pour Umtiti
C’était il y a presque un an. Le 10 juillet 2018 à Saint-Pétersbourg, Samuel Umtiti s’élevait au-dessus de la défense belge et envoyait la France en finale du Mondial, offrant au passage une célébration qui restera dans la mémoire collective. En Russie, malgré un genou strappé, « Big Sam » avait accompli un boulot monstre au côté de Raphaël Varane dans l’axe de la défense française. Samedi, en Turquie (2-0), ce n’est plus le même joueur que l’on a vu prendre le bouillon: certes peu aidé par ses partenaires, l’ancien Lyonnais a plombé son entame de match potable par une terrible perte de balle, entraînant le second but turc (40e). Il ne s’est ensuite pas relevé. S’il ne faut pas juger l’arrière sur un seul non-match, et si l’on ne peut pas parler de naufrage comme pour un Presnel Kimpembe face aux Pays-Bas (2-0) en novembre dernier, sa soirée noire à Konya a toutefois confirmé l’impression dégagée lors de ses récentes sorties: c’est-à-dire celle d’un défenseur moins percutant dans les duels, et moins confiant dans les transmissions.
Pour sa défense, Umtiti sort d’une année noire: ses aventures russes ont fini de fragiliser son genou gauche, et l’intéressé l’a payé. Cette saison, il n’a joué que 15 matches toutes compétitions confondues avec le Barça, et surtout, aucun entre la fin novembre et la fin février. A défaut de se faire opérer, il a été contraint de suivre un long protocole de soin. Et quand il est revenu, Ernesto Valverde ne l’a aligné qu’un match sur deux, et jamais pour les plus grosses affiches. Officiellement pour le protéger, officieusement parce qu’il avait un remplaçant très efficace sur le coude.
Lenglet a saisi sa chance en Catalogne
Ce remplaçant, c’est évidemment Clément Lenglet. Arrivé sur la pointe des pieds du FC Séville en juillet dernier (contre 35 millions d’euros, tout de même), le natif de Beauvais a d’abord attendu son heure, se contentant des quelques bouts de rencontres que Valverde lui donnait jusqu’en octobre. Mais, quand Umtiti a dû s’absenter, le timide garçon s’est transformé en patron. Défenseur au pied gauche fin et précis, plus dans l’anticipation qu’un Umtiti, même s’il assure aimer lui aussi les duels, Lenglet a su faire la paire avec Gérard Piqué malgré leurs différences de caractère, et séduire les Catalans.
« Piqué, on connaît son niveau, expliquait Jordi Alba en fin d’hiver. Mais Clément Lenglet m’a beaucoup surpris, c’est comme s’il était là depuis des années. C’est un grand joueur. » C’est aussi un joueur qui a eu l’occasion d’enchaîner les rencontres, puisque lui a fini la saison avec 45 apparitions sous le maillot du Barça. Ce qui lui a permis, malgré le calvaire à Anfield début mai (il était du 4-0 reçu en Ligue des champions), d’être enfin appelé par Didier Deschamps pour les matches internationaux de juin.
Pour Deschamps, tout n’est pas si simple
Reste à savoir si le sélectionneur va l’utiliser. Sur le papier, on a envie de penser que Lenglet peut remplacer Umtiti en Bleu comme il l’a fait au Barça. Dans les faits, la situation est différente. D’abord parce que l’équipe de France ne joue pas comme les Blaugrana. Ensuite parce que Deschamps, qui aime les joueurs d’expérience, ne relègue pas facilement ses hommes de confiance, et qu’il sait à quel point Umtiti a pu (et peut encore) être précieux. Et enfin parce que le technicien aime souvent faire patienter les petits nouveaux. « Il y a une concurrence logique et naturelle pour faire partie du onze de départ, ça a toujours été le cas, a expliqué DD en début de rassemblement. Mais Samuel Umtiti joue depuis des années avec nous, il a joué des grandes compétitions, par rapport à Clément Lenglet qui arrive avec sa première convocation. »
L’ex-Nancéien, en tout cas, ne s’en offusque pas. Lenglet a toujours assuré avoir une excellente relation avec Umtiti qui, malgré la concurrence, l’a aidé à son arrivée au Barça et l’a régulièrement conseillé. Surtout, il connaît le principe de hiérarchie et d’équilibre dans un groupe. « La situation est claire. Sam a un gros vécu en équipe de France. Il a commencé en 2016. Il a fait une finale de l’Euro, il est champion du monde, notait Lenglet la semaine passée, en écho aux déclarations de Deschamps. C’est tout à fait normal qu’il soit là où il est aujourd’hui. Je viens d’arriver, je suis là pour apprendre de lui, de tout le monde, des attaquants aussi. » Et si vient l’heure d’appliquer la leçon?
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