Dénonciation des violences policières, ou de la répression contre les Ouïghours en Chine, lutte contre l’homophobie dans le foot… Ces derniers mois, Antoine Griezmann, Kylian Mbappé, et d’autres joueurs de l’équipe de France championne du monde en 2018, n’ont pas hésité à prendre position sur des sujets sociétaux ou politiques.

Interrogé ce mercredi par Le Parisien sur l’engagement de ses joueurs, Didier Deschamps n’a pas voulu les brider, mais les a gentiment mis en garde sur la forme. « Les joueurs ne sont pas des robots, ils ont pu dire des choses qu’ils auraient été susceptibles d’exprimer différemment. (…) Il faut être attentif à l’interprétation des messages », a notamment glissé le sélectionneur.

Une histoire de choc des générations? Pas forcément. Certains champions du monde 1998, coéquipiers de Deschamps, ont eux aussi multiplié les combats à leur époque – quand les réseaux sociaux n’existaient pas – et encore aujourd’hui.

Les figures de proue de l’antiracisme

Si la fameuse équipe « black-blanc-beur » a été saluée en juillet 1998, elle n’a évidemment pas mis fin au fléau du racisme dans la société française d’un coup de baguette magique. Les années suivantes, plusieurs joueurs se sont ainsi distingués pour leur engagement antiraciste. Le chef de file étant évidemment Lilian Thuram. Ancien membre du Haut Conseil à l’intégration, créateur de la Fondation Lilian Thuram – Education contre le racisme, le défenseur n’avait pas hésité à monter au créneau contre le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy lors de la crise des banlieues en 2005. « Avant de parler d’insécurité, il faut peut-être parler de justice sociale », disait-il alors.

En 2011, Thuram n’avait pas hésité non plus à demander le départ du sélectionneur Laurent Blanc – son partenaire lors du Mondial victorieux – durant « l’affaire des quotas » à la FFF. Il avait été rejoint dans ses critiques à l’encontre des dirigeants du foot français par Patrick Vieira ou Bernard Lama, même si de nombreux autres joueurs, comme Christophe Dugarry ou Marcel Desailly, avaient apporté leur soutien à Blanc.

Kanaks, protection des océans, académie, Arménie…

Parmi les autres engagements notables, on retient aussi celui de Christian Karembeu. Le Kanak, fier représentant de la Nouvelle-Calédonie, a toujours refusé de chanter La Marseillaise en signe de protestation. « Evidemment, La Marseillaise je l’ai dans la peau et je peux la chanter, expliquait-il en 2018 à Franceinfo. Mais simplement, en tant que sportif de haut niveau, c’était difficile de mettre ce maillot avec beaucoup de fierté et en même temps de représenter un pays qui avait tué des membres de ma famille et des amis. C’était difficile, mais c’est comme ça. C’est mon histoire et celle de mes deux pays. »

Dans un autre registre, Bernard Diomède a fondé son Académie en 2008 à Issy-les-Moulineaux, pour permettre à des enfants de suivre des programmes éducatifs et citoyens. Il a reçu en 2013 le Trophée UNFP de l’engagement social et citoyen du joueur professionnel. Bixente Lizarazu a lui opté pour la protection de l’environnement: il est depuis 1994 le parrain de Surfrider Fondation Europe, qui vise à sauvegarder et à mettre en valeur les océans. Il a dernièrement réalisé un documentaire sur la cohabitation entre hommes et requins en Polynésie.

Arménien d’origine, Youri Djorkaeff s’est de son côté récemment fait remarquer pour sa participation à une opération d’aide aux populations du Haut-Karabakh déplacées à cause du conflit avec l’Azerbaïdjan. Le tout en lien avec l’Elysée.

L’épineux cas Zidane

Mais comment évoquer la génération 1998 sans parler du héros de la finale, Zinedine Zidane? Régulièrement critiqué pour un soi-disant manque de convictions, l’ancien numéro 10 avait même été épinglé par Emmanuel Petit dans son autobiographie en 2008. « Je ne cherche pas à l’égratigner, précisait l’autre buteur de France-Brésil dans une interview à 20 Minutes. Je lui reproche de ne pas prendre position sur des sujets de société. Quand les banlieues brûlaient, un mec comme Thuram a eu le courage de parler, pas Zidane. Ce que je lui reproche surtout, c’est d’être trop proche des grands patrons français. »

S’il est vrai que « Zizou » n’a pas souvent parlé de politique durant sa carrière (ou après), il l’a tout de même fait quelques fois: en 2002 pour appeler à voter contre Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle, en 2017 pour appeler à voter contre Marine Le Pen dans un contexte similaire, ou encore en 2012 pour défendre le droit de vote des étrangers. Cette année-là, il justifiait d’ailleurs son attitude dans les colonnes du magazine du Monde. « Dire que je n’ai pas d’avis… On est loin de la vérité, assurait-il. Bien sûr que je lis les journaux. Que je vote aux élections. Je crains juste la récupération. J’ai très souvent été sollicité. De toute part. Je ne veux surtout pas servir les intérêts des uns, des autres. Je suis libre. »

Par ailleurs, l’entraîneur du Real Madrid s’est lui aussi distingué pour sa participation à des oeuvres caritatives, notamment auprès d’ELA, l’Association européenne contre les leucodystrophies.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/equipe-de-france-la-generation-2018-est-elle-plus-engagee-que-celle-de-1998-2019700.html

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