Patrice Evra sait y faire avec le teasing. Alors qu’il s’est montré discret depuis plusieurs semaines, la faute notamment au large tollé provoqué par ses réactions en chaîne à l’issue de l’élimination du PSG en Ligue des champions, le Tricolore a repris la parole, ce lundi, dans différentes interviews donnés à plusieurs médias convoqués dans un restaurant parisien. Au menu, une annonce de retraite, – « c’est fini, j’arrête » -, mais pas seulement, puisque Evra a largement abordé son actualité récente et moins récente. Moment très marquant de sa mi-carrière, la Coupe du monde 2010. Alors capitaine des Bleus en Afrique du Sud, l’ancien Monégasque avait initié la grève des hommes de Raymond Domenech, finalement lecteur d’une lettre d’annonce à la presse qui avait traumatisé l’ensemble des suiveurs de l’équipe de France.
« Je me suis fait bouffer (…) Je m’en veux »
S’il assure qu’il n’a « pas de mal à en parler » neuf ans plus tard, Evra a confié, au Figaro, qu’il conservait quelques regrets de cet épisode regrettable autant pour les Bleus que pour son image personnelle. « J’aurais dû laisser mon portable ouvert et écouter les avis de certains comme Didier (Deschamps), entame celui qui a voulu tout prendre sur « mes (ses) épaules ». « Je me suis mis dans une bulle, je ne savais pas quelles répercussions cela (Ndlr. La grève) pourrait occasionner. En étant capitaine, j’aurais dû prendre les choses moins à cœur, poursuit-il Je me suis fait bouffer. Au lieu de penser au groupe, j’aurais dû penser à ma tronche. Même si j’assume et que je ne regrette rien, que tout est retombé sur moi, Thierry Henry m’avait dit de penser à moi. Que personne ne serait là pour moi à l’arrivée et c’est ce qu’il s’est passé. J’ai écorché cette image de capitaine de l’équipe de France et en cela je m’en veux. »
« J’étais trop dedans. J’étais habité »
Tourné vers de nouveaux défis, qui pourraient passer par les bancs de touche, Evra sait qu’il sera encore questionné dans les années à venir sur cet épisode historique. Et si c’est certainement dit avec ironie, l’ancien Marseillais n’a toujours pas abandonné l’idée de trouver cette fameuse « taupe », celle-ci même qui aurait révélé les insultes émises par Nicolas Anelka à Raymond Domenech dans le vestiaire. « Cette histoire de taupe me fait rire. Je ne l’ai jamais trouvée au final, sourit le quintuple finaliste de la Ligue des champions. Quand je revois cette conférence de presse où je dis que je vais trouver celui qui a tout balancé, c’est là où je vois que j’étais trop dedans. J’étais habité. Ça se voit à mes yeux, mon phrasé, mon énervement…, analyse le latéral gauche de 38 ans (…) En 2010, j’étais au bureau des plaintes, le petit-déjeuner qui n’allait pas, les entraînements, les crampons … Des fois, mes partenaires rigolaient le matin en voyant ma tête de fatigué. Je ne me rendais pas compte. »
« Comme vous êtes des gamins, c’est moi qui vais le lire »
Evra s’est également fendu d’une confession. « Je vais vous dire quelque chose sur ce sujet. Le coup du papier (Ndlr. Censé annoncer la grève), je devais être en charge de le lire devant les médias, explique-t-il. Quand on arrive au stade pour l’entraînement, je montre le texte à Raymond et là il ne me le redonne pas. ‘Comme vous êtes des gamins, c’est moi qui vais le lire’, cite Evra. Je lui réponds que non, que je n’ai pas confiance … Je suis encore bouffé par mon rôle de capitaine, poussé par les autres. Et là je monte dans le bus, les gars me demandent où est le papier. Ils me demandent d’aller le chercher car ils avaient peur que Raymond déforme nos propos. J’y vais, et je ne sais plus quel joueur tire le rideau du bus et dit que le coach lit le communiqué aux médias. On voulait encore m’envoyer au feu. Si j’avais été le lire devant la presse, j’aurais eu l’air d’un grand imbécile. »
« Je sortirai un livre qui racontera tout »
Pour obtenir davantage de détails, il faudra désormais attendre la sortie du livre du néo-retraité, prévue « prochainement » pour retracer le fil de sa carrière, sans omettre ce moment parmi les plus sulfureux de son histoire. Qu’y lira-t-on? « Énormément de choses. Je ne veux pas vous faire de teaser, mais je sortirai un livre qui racontera tout cela dans les détails, assure ‘Tonton Pat’. Déjà, là, je vous ai donné une anecdote que personne ne connaissait. C’est difficile d’expliquer tout ce qu’il s’est passé en seulement quelques lignes dans une interview. »
Si ses relations avec Raymond Domenech « ne sont pas mauvaises aujourd’hui » (Le Figaro), l’ancien sélectionneur pourrait tout de même en prendre pour son grade. D’ici-là, le natif de Dakar au Sénégal va s’efforcer « d’être heureux pour profiter davantage de (sa) famille et continuer à passer (ses) diplômes d’entraîneur. » Une page se tourne.
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