Didier Quillot, l’ancien directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel, s’est expliqué sur l’attribution des droits TV de la Ligue 1 à Mediapro ce jeudi à l’Assemblée nationale auprès de la mission parlementaire.
Sa parole était attendue. Didier Quillot, ancien directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel (LFP), s’est expliqué ce jeudi à l’Assemblée nationale face aux députés Cédric Roussel (LREM) et Régis Juanico (Génération.s) dans le cadre de la mission parlementaire menée depuis début juin sur le financement du sport et les droits audiovisuels sportifs (Bernard Caiazzo, président du comité de surveillance de Saint-Etienne a aussi été entendu). Il a longuement détaillé le processus d’appels d’offres qu’il a mené en 2018 avec la élus de la Ligue pour les droits de diffusion de la Ligue 1 sur la période 2021-2024.
Mediapro en était sorti grand gagnant avec 80% des matchs de Ligue 1 contre 780 millions d’euros. Le montant total avait finalement atteint 1.153 milliard d’euros par saison avec les autres détenteurs dont beIN Sports (qui a finalement sous-licencié ses deux matchs à Canal+) et Free. Mais rien ne s’est ensuite passé comme prévu. A l’été 2020, le groupe sino-espagnol n’a d’abord pas payé deux échéances à la Ligue avant que son contrat avec a LFP ne soit rompu en décembre 2020, plongeant le football français dans la crise.
Quillot n’était alors plus en poste mais son nom est revenu en boucle comme l’un des principaux responsables de ce fiasco. L’ancien dirigeant se défend de s’être mis en quête absolue du milliard d’euros. Il explique même que le comité de pilotage a fixé le prix de réserve pour les droits de la Ligue 1 et de la Ligue 2 à 965 millions d’euros. « Nous ne partons pas dans un délire du milliard, nous voulons atteindre ce prix de réserve, 965 millions d’euros, assure-t-il. Nous n’avons jamais fixé le 1,2 milliard comme objectif prioritaire.
« Saada a souhaité faire échouer l’appel d’offres »
Il pointe du doigt la responsabilité de Canal+ qu’il accuse d’avoir sabordé l’appel d’offres en 2018. « Sur le lot 1 (match du dimanche soir incluant les dix meilleures affiches, ndlr), Canal+ propose 262 millions d’euros et Mediapro 330 millions d’euros, détaille Quillot. On propose à Canal de surenchérir et ils refusent. Sur le lot 2 (vendredi 21h, samedi 17h), Mediapro propose 250 millions d’euros et Canal+ 10 millions d’euros. »
« Sur le lot 3, beIN 332 millions d’euros, Canal propose 10 millions d’euros, poursuit-il. Canal ne souhaite pas surenchérir. Maxime Saada (président du directeur de Canal+) a souhaité faire échouer l’appel d’offres dès l’instant où ils n’ont pas obtenu le lot 1. Le groupe Canal+ a pleinement assumé sa stratégie de faire échouer l’appel d’offres et de faire en sorte que le prix de réserve ne soit pas atteint. »
« A chaque fois, sur tous les lots suivants, Canal n’a pas surenchéri et a laissé faire, dans le but précis de faire échouer l’appel d’offres et la procédure. Même pour les droits digitaux, Canal s’est positionné, à 41 millions d’euros, et a laissé Free l’emporter. Avec cette stratégie de Canal+, nous en venons à être obligé d’attribuer les lots à Mediapro, puisqu’ils remportent les enchères et nous devons respecter le règlement. Le conseil d’administration de la ligue valide ces choix et l’ensemble des résultats. »
Pour Quillot, demander une garantie bancaire était « strictement impossible »
Il reconnaît l’erreur du comité de pilotage de ne pas avoir demandé de garantie bancaire dans l’appel d’offres. Il le recommande aujourd’hui mais estime que cette demande était alors « strictement impossible ». « Depuis 25 ans, cela n’a jamais été demandé, y compris à Vivendi ou Orange », se défend-il.
Il s’attaque enfin au business plan de Mediapro « particulièrement compliqué » mais qui « aurait pu fonctionner sans effets conjoncturels ». Il assure avoir eu confiance dans l’expérience du groupe tout en s’étonnant de l’abonnement à 25 euros par mois dont le prix n’a pas été « exposé explicitement » lors de l’appel d’offres, mais seulement « deux ou trois jours après ». Selon lui, la Ligue s’est rapidement rendue compte des difficultés à venir avec la crise du coronavirus, le huis clos et l’absence d’accord de diffusion avec Canal+. Quillot assume sa part de responsabilité et comme il l’avait révélé à L’Equipe en décembre, confirme avoir renoncé au bonus qu’il a perçu dans le cadre de l’attribution de ces droits TV.
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