Mediapro ne paie plus depuis octobre
Considéré comme le sauveur après l’arrêt forcé des championnats en mars derniers, Mediapro est devenu le paria du football français. Depuis le premier versement de 172 millions d’euros honoré en août, le groupe sino-espagnol n’a plus versé un centime à la Ligue de football professionnel (LFP). Le conflit a débuté en octobre quand Mediapro, désireux de renégocier l’accord record (plus d’un milliard de droits TV par saison, dont 780 millions pour Mediapro), a décidé de ne pas verser la deuxième échéance, estimée à 172,3 millions d’euros. Le groupe a alors porté l’affaire devant le tribunal de commerce de Nanterre en ouvrant une procédure de conciliation avec la Ligue.
Sans surprise, il n’a pas non plus versé la troisième échéance prévue le 5 décembre, estimée à un montant équivalent. A l’inverse, Canal+ et Free, autres détenteurs de droits, ont bien payé. Pour le moment, la Ligue n’a touché que 256,5 millions d’euros. Elle se retrouve donc avec près de 350 millions d’euros d’impayés en deux mois de la part de son diffuseur principal.
La décision du tribunal de commerce attendue ce lundi
Mediapro a engagé une procédure de conciliation le 19 octobre au tribunal de commerce de Nanterre en octobre. Marc Sénéchal, conciliateur nommé pour régler le conflit, a remis vendredi un rapport au tribunal. La cour doit annoncer sa décision ce lundi après consultation de ce rapport et devrait accorder un délai jusqu’à Noël pour trouver un accord entre les deux parties. Les positions semblent encore loin de se rapprocher. La LFP aimerait que Mediapro s’acquitte des matchs diffusés et non-payés avant de revendre le reste, à Canal+ par exemple. Le groupe sino-espagnol cherche lui à renégocier à la baisse la première année du contrat en raison de la crise du coronavirus.
La procédure de conciliation peut durer quatre mois. Une éternité pour le football français, sans ressource. Les clubs en sauront plus sur la nature des échanges entre toutes les parties puisqu’une réunion téléphonique est programmée entre les représentants de Ligue 1, Vincent Labrune, le président de la LFP, et le conciliateur. Le sujet sera aussi à l’ordre du jour du conseil d’administration de la LFP jeudi lors duquel le conciliateur sera aussi invité. Le CA sera suivi d’une assemblée générale. Il semble peu probable qu’un accord entre la LFP et Mediapro soit trouvé avant cette réunion.
Les conséquences sur le foot français
Après avoir souscrit un emprunt de 120 millions d’euros pour compenser le premier non-versement, la Ligue se retrouve dans une situation bien plus complexe en l’absence de deuxième paiement. Depuis la printemps, la LFP a déjà emprunté près de 350 millions d’euros, ce qui complique la tâche pour offrir des garanties auprès des établissements prêteurs. Déjà affaiblis par l’absence de recettes billetterie en raison du coronavirus, les clubs se retrouvent privés de leur entrée d’argent principale. A partir de février 2021, il faudra aussi rembourser le prêt engagé par la LFP. Etranglés financièrement, ils craignent de vivre à crédit et de devoir contracter individuellement un prêt auprès de leurs banques respectives.
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Lyon a déjà pris les devants en annonçant la signature d’un « pré-accord » en vue d’un prêt garanti par l’Etat (PGE) d’un montant de 76,4 millions d’euros. « A un moment donné, on s’étouffe, reconnaît un président de club de Ligue 1 à l’AFP. Et si on ne trouve pas de solution sur les droits TV, la seule solution sera de reporter les salaires. » Pour Jean-Pierre Caillot, président de Reims et du collège regroupant les 20 clubs de Ligue 1, « plus de la moitié des clubs pourraient se retrouver en cessation de paiements » en février ou en mars. C’est pour cette raison que la LFP veut accélérer et pousse pour être dédommagée avant la fin de l’année 2020.
Pendant ce temps, la Ligue 1 continue et attend Canal+
Si Mediapro ne paie pas, sa chaîne Téléfoot continue de diffuser les matchs de son portefeuille (8 de Ligue 1 et 8 de Ligue 2, par journée) comme si de rien n’était. Les joueurs et entraîneurs répondent toujours aux interviews des journalistes de la chaîne, dont la grille reste inchangée. Pour combien de temps? Face à l’absence de paiement, les clubs pourraient-ils être tentés de mener une fronde contre le groupe sino-espagnol? Les représentants de Ligue 1 et Ligue 2 attendent, surtout, une bouée de sauvetage. Celle-ci ne vient pas du gouvernement, très distant et critique sur le sujet. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et des Sports, a récemment fustigé « la cupidité » et « l’irréalisme » du football français.
Les clubs ne peuvent plus bénéficier d’exonérations de charges patronales dont ils ont atteint le plafond de 800.000 euros sur l’année au printemps dernier. Les 48 millions d’euros de compensation des pertes de billetterie du football professionnel, annoncés ces derniers jours, sont apparus pour certains comme un écran de fumée, tout comme la promesse d’étudier l’hypothèse d’un retour partiel des fans mi-décembre.
Le salut pourrait finalement venir de Canal+, diffuseur historique du football français. La chaîne cryptée, qui diffuse deux matchs de Ligue 1 par journée, serait prête à formuler une offre pour racheter les droits de Mediapro au rabais. Selon L’Equipe, Canal+ serait disposé à formuler une offre fixe de 590 millions d’euros par saison. Le montant pourrait atteindre 690 millions, selon des bonus liés à une hausse des abonnements.
https://rmcsport.bfmtv.com/football/droits-tv-les-clubs-de-l1-en-grande-difficulte-ou-en-est-le-conflit-mediapro-lfp-2015176.html