Si la justice n’a pas hésité à condamner plusieurs leaders de groupes de supporters ce lundi, l’OM veut désormais collaborer avec ses supporters et les remettre au centre du jeu. La ligne dure adoptée il y a quelques semaines par Jacques-Henri Eyraud est aux oubliettes.
C’était aux yeux de Jacques-Henri Eyraud « le procès le plus important ». Celui qui devait déterminer les responsabilités de quelques leaders de groupes de supporters marseillais, que l’ancienne direction de l’OM soupçonnait très clairement d’avoir organisé le rassemblement du 30 janvier, qui s’était transformé en une attaque de la Commanderie. S’en étaient suivies les mises en demeure adressées aux groupes de supporters. Puis le projet « Agora OM », qui devait réinventer le supportérisme, et mettre fin aux « bandes violentes », pour reprendre des termes précis employés dans un communiqué de l’OM, à l’époque. Mais ça, c’était avant.
Longoria ne fera pas du Eyraud
Depuis, Eyraud a très clairement perdu son combat face aux supporters marseillais. Tout Marseille a défendu l’ambiance des virages de « son » Vélodrome et a fait bloc derrière les assos de supporters. JHE et ses associés, Thierry Aldebert (ex « Monsieur Sécurité ») et Hugues Ouvrard (ex-directeur général, signataire des mises en demeure), ont été mis à l’écart. Pablo Longoria a pris les commandes de l’OM. Et son propriétaire Frank McCourt est venu sur Marseille pour tendre la main aux fans marseillais.
Les assos de supporters renforcées par la nouvelle convention
Vendredi dernier, une nouvelle convention a vu le jour. Un virage à 180 degrés est en train de s’opérer… Grâce au travail d’Olivier Grimaldi, l’avocat de l’OM, qui s’était montré intransigeant lors du premier procès de 14 supporters le 24 février dernier, et d’Hervé Chalchitis, responsable de la sécurité, Pablo Longoria a voulu redonner encore plus de poids aux supporters. Ils étaient devenus un danger pour le club, selon Eyraud. Ils sont désormais au centre du jeu et des attentions. Fête des supporters, accès à quelques entrainements pour les adhérents des associations, rencontres régulières avec les joueurs et les dirigeants pour que chacun s’imprègne « du devoir d’exigence et d’exemplarité » que doit impliquer le fait de jouer ou de travailler à l’OM.
Plus de clémence pour les fumigènes ?
Le club olympien s’engage même désormais à lutter contre les interdictions de stade et dit mener une réflexion au sujet des fumigènes. Sous-entendu : l’OM de Longoria fermera peut-être les yeux en cas d’usages de quelques « fumis » et acceptera de régler d’éventuelles amendes si ce côté festif est contrôlé, mesuré et pas anarchique. Un comble pour Eyraud, voire même un camouflet. L’ancien président de l’OM adoptait une ligne très dure sur ces dossiers. C’était même un des sujets majeurs de tensions avec les ultras marseillais, qui n’acceptaient pas que le président de « leur » club soit capable de prononcer des fermetures de tribunes ou des amendes à ses propres supporters. Depuis Paris, où il représente encore l’OM, via ses fonctions au Conseil d’administration de la LFP, Eyraud n’a pas forcément dû apprécier ce changement de cap.
Pendant l’audience, l’avocat de l’OM lance une petite pique… à Eyraud
Ce lundi, lors de leur plaidoirie, les avocats de l’OM avaient très clairement choisi de calmer le jeu avec leurs associations de supporters. « Ce n’est pas le procès des supporters, c’est le procès des casseurs. L’OM ne peut pas vivre sans ses supporters et l’OM n’a pas la capacité de choisir ses supporters. » Une ligne bien plus souple que l’aurait souhaité Eyraud, dont les oreilles ont peut-être sifflé, via cette punchline d’un des avocats du club : « L’OM, ce n’est pas Game of Thrones (comme l’avait décrit JHE dans le magazine So Foot.) Il n’y a pas de tribu sauvage, de trône de fer. Ce ne sont pas des motards hors-la-loi avides de corruption et de violence. » Référence non dissimulée à certains propos récents de JHE, au cœur de la crise. Le délibéré du tribunal restera tout de même plutôt sévère, avec de la prison ferme (avec aménagement de peine, tous sont ressortis libres) pour trois leaders de groupes de supporters.
Zeroual veut passer à autre chose et se languit de refaire des tifos
Le verdict aurait sûrement été beaucoup plus lourd si l’OM et sa nouvelle direction n’avaient pas décidé de faire la paix avec ses supporters. Une volonté, au sein de l’OM, de tourner la page, donc, et de ne plus parler des incidents du 30 janvier. Un sentiment partagé par Rachid Zeroual, vice-président des South Winners. Malgré la colère, lundi soir, à cause d’un délibéré qu’il estime injustifié (9 mois de prison dont 5 avec sursis) au point d’envisager faire appel, Zeroual reconnaissait en marge du procès « vouloir passer à autre chose ». « Je me languissais de passer au tribunal et, je l’espère, d’aller bientôt au stade pour refaire nos tifos. Je suis avant tout supporter et je le resterai toujours, c’est dans notre sang, dans notre ADN. On est fier de notre club, comme on est fier de notre ville et de la Bonne Mère. »
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