Alors que son club a joué ce week-end face à Clermont (défaite 1-0), avec 17 cas positifs au Covid-19 dont 11 joueurs, le président de Chambly Fulvio Luzi assure ne pas en vouloir à la LFP, mais il ne décolère pas contre l’un de ses membres. Il fait le point sur la situation du 18e de Ligue 2, touché par le variant anglais, et revient sur ce week-end de galère.
Fulvio Luzi, êtes-vous en colère contre la LFP après le maintien de la rencontre Clermont-Chambly samedi en Ligue 2 ?
Non, absolument pas, et je n’ai jamais reproché cela à la LFP. On ne remet pas en cause le protocole de la Ligue, même si on pense qu’avec le variant anglais, il va évoluer. A aucun moment, nous n’avons critiqué la Ligue. Nous critiquons le comportement de quelqu’un en particulier à la LFP.
Qui et pourquoi ?
Je ne vous dirai pas qui. Le problème est que samedi matin, l’hôtel dans lequel nous étions à Clermont, voulait nous exclure à cause de nos cas positifs. Ils risquaient de fermer 14 jours et on les comprend. Nous, on se disait: on ne peut pas rester dans une ville où il fait -5 degrés, dans un bus toute la journée jusqu’à 17h, avant d’aller au stade. Ce n’est pas possible humainement. Et c’est là que nous avons eu des échanges qui se sont mal passés avec la Ligue. On nous a notamment reproché d’avoir répondu à certaines radios comme la vôtre, alors que dans nos propos, il n’y avait rien d’accusateur. On est un peu choqué par ce comportement et visiblement, selon certains présidents avec qui j’ai échangé, ce n’est pas la première fois pour la personne en question. Il est important que des gens qui vivent du football, grâce à des clubs de football, prennent conscience aussi qu’un peu d’humanité, c’est important. Mais encore une fois, nous ne reprochons pas à la Ligue d’avoir laissé jouer ce match.
Avez-vous pensé à rentrer à Chambly ?
J’ai simplement précisé que si l’hôtel nous fermait ses portes, nous partirions. Après, le reproche que je peux faire, c’est que l’hôtel nous a gardés mais après, nous n’avons pas eu de retours. On a attendu, vainement, une sorte de « réconfort » (de la LFP).
Votre trajet, aussi, a été compliqué…
Oui, à 50 km de Clermont, nous avons eu de la neige verglaçante. Et un joueur a présenté les symptômes du Covid 19 (Bradley Danger). Il a été testé une fois à l’hôtel, positif. Il est rentré de Clermont à Chambly en ambulance. Bruno, l’entraîneur, a aussi été malade.
Avez-vous senti les Clermontois inquiets, avez-vous échangé avec le club ?
Je ne suis pas spécialiste, je ne peux rassurer personne. J’ai vu dans la presse locale que le club de Clermont insinue que ce match n’aurait pas dû se jouer. Moi, à aucun moment je n’ai dit ça. Mais je souhaite rendre hommage aux Clermontois, car ce n’est pas facile d’affronter une équipe qui est cas contact, avec en plus la pression et la nervosité liée au résultat.
Luzi: « L’équité du championnat, on s’en fout »
Faut-il faire évoluer le protocole sanitaire de la Ligue ?
Il faut attendre, être raisonnable et pragmatique. Attendons de voir s’il y a contagion quand on joue un match, car rien ne le prouve. Je ne suis pas apte à juger et je fais confiance à la Ligue. Je pense néanmoins que le protocole va évoluer avec le variant anglais, qui est très différent au niveau de la contagion et semble parfois durer longtemps. On a deux joueurs qui l’ont depuis 15 jours avec des symptômes. On ne veut pas pleurer, mais lancer un appel: attention, ce qui nous arrive, et on ne vous le souhaite pas, peut vous arriver. Mais encore une fois, je n’ai jamais reproché à la LFP d’avoir maintenu ce match.
Comment va Bruno Luzi, votre frère et coach ?
L’état de Bruno est stable, il repasse un test PCR ce lundi. Celui qu’il a passé samedi était négatif. Bruno est à l’isolement, dans une chambre, à l’étage de sa maison. Il ne voit personne, on lui pose les plateaux repas. Il est très affaibli, il est resté au lit toute la journée et a beaucoup de mal à respirer. Il a aussi des courbatures un peu partout. Mais il n’a pas de fièvre et pas de maux de tête. Ça peut être une grippe, car nous avons un joueur qui a aussi des symptômes, ne peut pas s’entraîner, mais est négatif.
Avez-vous renforcé les consignes sanitaires ?
Les consignes sanitaires sont renforcées depuis que le variant anglais est apparu il y a deux semaines. Les joueurs vont à trois maximum à la douche, avec deux douches d’écart. Le staff ne rentre plus dans les vestiaires. Les masques sont enlevés seulement à l’entrée du terrain…
Craignez-vous que ce cluster vous pénalise sportivement ?
L’équité du championnat, on s’en fout aujourd’hui. Il faut survivre, penser à la santé. En tant que président je suis plus inquiet pour les données économiques et financières de mon club que pour les données sportives. C’est mon rôle. Mais on est formaté pour jouer le maintien donc on sait que ça va être difficile. On n’est pas d’un optimisme démesuré mais on croit en notre bonne étoile et en notre capacité à se sauver. Si on doit descendre, on descendra, et on assumera. C’est la loi du sport et nous sommes un club qui respecte le sport.
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