Cette deuxième étoile, l’équipe de France la doit beaucoup à Blaise Matuidi. Le milieu, poumon, cœur, exemple, a pris la plume un an après pour Bros Stories avec nostalgie pour tenter de partager, d’expliquer, à quel point l’épopée a fait son lit bien au-delà du terrain. « Parfois, au cours de compétitions internationales, tu peux trouver le temps long, avoue celui qui a fait Euro 2012, Coupe du monde 2014 et Euro 2016. L’été dernier, à aucun moment je n’ai eu ce sentiment. Jamais. Le temps filait, j’étais bien, c’était ma maison. » C’est donc à Istra que tout s’est mis en place.
Cinéma, basket et poker
Un premier match, cinq jours d’attente. Un deuxième match, cinq jours d’attente. Un troisième match, quatre jours d’attente. Un huitième, sept jours d’attente. Etc… Il y avait toutes les raisons de penser au pays entre chaque temps fort. Alors il fallait s’occuper.
« Je me souviens de la salle de cinéma, où il nous arrivait de regarder des films quasiment au complet, raconte Blaise Matuidi. Des petits paniers de baskets façon fête foraine qu’ils avaient installé parce qu’ils savaient que certains d’entre-nous aimaient y jouer. Ah, cette machine, je l’ai saignée. C’était notre petit rituel. Je me débrouillais bien, mais on sait qui est le grand joueur de basket du groupe : Alphonse. Il a battu tous les records ! Il y avait aussi les parties de poker, avec Hugo et Olive en meneurs. » Encore aujourd’hui, le camp de base russe doit ressentir les âmes bleues crier, rire, vivre.
« Vas-y, c’est ton gars, ces deux mètres en plus, tu les fais »
Dans le football moderne, difficile de définir le don de soi par un autre footballeur que Blaise Matuidi. Alors où va-t-il chercher cette envie de faire l’effort pour l’autre?
« Sur le coup, tu ne te rends pas compte, tu délires, mais tu crées des liens qui vont être important sur le terrain. À certains moments, pendant le Mondial, je me suis dit ‘vas-y, c’est ton gars, ces deux mètres en plus, tu les fais’. Ça paraît bête. Mais c’est la base. » L’envie de vivre des moments forts, de rire ensemble, a aussi fait commettre de ‘grosses’ bêtises. L’épisode de l’extincteur? Blaise Matuidi y voit « le meilleur moment de tout le monde, sauf du coach ».
« On revenait du restaurant, c’était après l’Argentine, il me semble, donc c’était un peu festif, se souvient le milieu de terrain de la Juve. Il arrivait souvent que les couches-tard réveillent les couches-tôt. Ce soir-là, c’est tombé sur moi. Ça a frappé à la porte, j’ai ouvert, j’ai commencé à sortir et à chanter. Lucas, il avait ses rituels de chant, c’était marrant. Puis c’est tombé sur Adil. Et Adil a dit : « Si vous retapez, je vous jure que je vais sortir le grand jeu ». La suite, vous la connaissez, c’est cet extincteur et l’alarme incendie qui va avec. Dans la foulée, on se retrouve tous dehors, très tard. On était là, les 23, comme des enfants, à avoir peur de se faire taper sur les doigts par leur papa. On voit le coach qui arrive au loin, on se regarde tous. Puis on attend que l’alarme s’arrête avant de regagner nos chambres dans le silence. Ce moment… C’était parfait. »
« Je n’avais jamais connu un groupe comme ça »
Didier Deschamps justement. Sur la photo officielle des Bleus pour le Mondial, Blaise Matuidi est juste à sa gauche, signe de la proximité de leurs états d’esprits. « Ce succès, il s’est bâti sur ces moments et sur tout ce qu’on a mis à l’entrainement. Dans notre sérieux, notre investissement, notre capacité à se concentrer sur l’événement. Mais aussi sur tout le travail qui est fait dans le groupe. Là, le mérite revient au coach. On l’a entendu par-ci par-là, ça semble cliché, mais c’est vrai. A 32 ans, je n’avais jamais connu un groupe comme ça. » Une déclaration forte de la part d’un homme passé depuis 2004 par Troyes, Saint-Etienne, le PSG, la Juventus et bien d’autres équipes de France.
La volée de Pavard, c’est l’envolée des Bleus
Insistant sur l’importance des coulisses, de l’ambiance, Blaise Matuidi reconnaît tout de même « les frissons » au moment de la volée de Benjamin Pavard contre l’Argentine. « La joie partagée avec les gars et surtout ce moment où tu te dis ‘ah ouais, là on est chaud quand même’. On s’est sentis invincibles après ça, plus rien ne pouvait nous arriver. » Non, plus rien. Mais cela, ni l’Uruguay, ni la Belgique, ni la Croatie ne pouvaient le savoir.
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