Les Argentins de Paris se sont donnés rendez-vous sur Facebook pour aller supporter leur Albiceleste pour son entrée dans la Coupe du Monde, ce lundi à 18 heures au Parc des Princes contre le Japon. Contrairement à il y a un an en Russie pour le mondial masculin, une marée ciel et blanche n’est pourtant pas à prévoir à Paris. Et pour cause, en Argentine, la 37e nation mondiale ne déchaîne pas les passions.
Un point, c’est bien
Absente depuis douze ans de la compétition reine, les Argentines attaquent le Mondial sans grande prétention. Les filles vont avant tout tenter de prendre le premier point de leur histoire dans un Mondial. Une tâche peu aisée pour les Sud-Américaines, placées dans un groupe relevé, aux côtés du Japon, de l’Angleterre et de l’Ecosse. Qualifiées in extremis contre le Panama au repêchage (4-0;1-1), elles n’ont plus joué contre une équipe européenne depuis 2008 et font figure d’équipe la plus faible de leur groupe. Pour espérer accrocher leurs adversaires, les joueuses placent tous leurs espoirs dans Carlos Borrello. Directeur technique de l’Albiceleste de 2003 à 2012, il est le coach historique du foot féminin argentin, vainqueur de la Copa America en 2006. L’entraîneur s’appuiera essentiellement sur les neuf joueuses de son groupe qui évoluent l’étranger à commencer par sa star, l’attaquante Soledad Jaimes, arrivée en janvier à l’OL. Le reste de l’équipe est composé de joueuses semi-professionnelles qui évoluent toutes dans le faible championnat argentin.
Plus de sélection de 2015 à 2017
Maillots trop grands, pas de prise en charge des frais de déplacement, absence d’un vrai terrain d’entraînement… les conditions et infrastructures du foot féminin ont pendant trop longtemps été inexistantes au pays de Maradona. Entre 2015 et 2017, la sélection, orpheline d’un entraîneur et dont les indemnités journalières (140 pesos soit 2,75€) ne sont plus versées aux joueuses, cesse même d’exister. En septembre 2017, sous l’impulsion de Borrello, l’Albiceleste se relance et les Argentines se rebellent. Dans une lettre ouverte, les joueuses annoncent le lancement d’une grève pour dénoncer les conditions dans lesquelles elles évoluent. A leur retour d’un déplacement en Uruguay, où faute d’hôtel, les joueuses ont dû passer la nuit dans leur bus, ces dernières exigent à la fédération « des moyens basiques ». Faute de réponse satisfaisante, les internationales poursuivent leur grève jusqu’à la Copa America 2018 au Chili où elles continuent de protester en collant leurs mains derrière les oreilles sur la photo officielle. Le message est clair, les filles veulent se faire entendre. Depuis, l’Afa s’est quelque peu activée et la situation est plus apaisée. Cette année, la sélection argentine a même pu jouer plusieurs matches de préparation aux Etats-Unis, pour préparer la compétition.
Faire évoluer les mentalités
Dans un pays ou le football est roi, les filles souffrent encore des relents machistes de la société argentine pour s’imposer définitivement. Très en retard sur son voisin brésilien, le foot féminin argentin enclenche sa professionnalisation. En début d’année, le président de la fédération, Claudio Tapia a annoncé la création d’un championnat féminin et l’obligation pour chaque club de signer huit contrats professionnels minimum. Une avancée modeste, mais symboliquement forte. Petit à petit, à Buenos Aires, la population prend conscience de l’existence d’une sélection féminine de football. Cette Coupe du monde arrive à point nommé pour donner de la visibilité aux filles tandis que Messi and co vont disputer la Copa America (14 juin-7 juillet). A défaut de remporter un titre, l’enjeu est bien là pour Soledad Jaimes et ses partenaires: faire évoluer les mentalités et gagner les coeurs des hinchas.
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