Corinne Diacre est une figure intrigante. Célèbre pour avoir été la première femme à entraîner des garçons, à Clermont (de 2014 à 2017, après la volte-face d’Helena Costa), la sélectionneure des Bleues possède une casquette polyvalente. Elle était le choix du président Claude Michy en Auvergne, où sa poigne avait offert une stabilité sportive aux Clermontois durant trois saisons. Et elle n’a pas pu résister à l’appel de sa sélection, après ses 121 sélections avec le maillot floqué du coq lors de sa carrière de défenseure.
Un vécu grandiose en Bleu
Star d’une époque où le football féminin courait encore après sa médiatisation actuelle, Corinne Diacre découvre, comme ses joueuses, une mobilisation populaire absolument inédite. Appelée à la rescousse par Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, en août 2017, la Nordiste n’a pas laissé passer sa chance. « C’est quelqu’un de modeste, qui travaille, qui regarde ses filles avec beaucoup d’affection », vantait récemment le président de la FFF à BFMTV.
Capitaine des Bleus durant six ans, Diacre (44 ans) a repris une sélection moribonde après un Euro 2017 gâché. Prompte à réaliser de nombreux essais en vue d’inscrire une première étoile sur le maillot des Bleues, elle culmine à 74% de matchs gagnés depuis son arrivée, en 23 rencontres dirigées. Elle possède déjà le deuxième meilleur bilan de l’équipe de France, derrière Philippe Bergeroo (2013-2016), alors que son œuvre ne sera jugée qu’au terme de ce premier Mondial à la tête des Bleues.
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Un bilan déjà flatteur depuis son arrivée
A cette heure, les gages de réussite sont déjà légion. Avec 2,79 buts marqués par match, Corinne Diacre se signale déjà par un football enthousiaste, porté par des joueuses compatibles avec l’exigence et le management de la native de Croix. Parfois dure avec ses protégées, Corinne Diacre mène sa troupe d’une main de fer. « Ce que je leur impose, je me l’impose », tempérait-elle sur BFMTV. Et de compléter, dans les colonnes de L’Equipe: « Piquer les joueuses, cela m’arrive. Cela ne me fait pas plaisir, il ne faut pas croire. Mais pour certaines, c’est nécessaire, notamment les jeunes joueuses. Les anciennes, elles savent, explique celle qui a été adoubée par son homologue Didier Deschamps. Elles ne sont professionnelles que depuis quelque temps, alors que les jeunes n’ont connu que ça. Elles n’ont pas connu la difficulté, elles ne connaissent pas la souffrance, elles ne savent pas ce que c’est que jouer au foot pour rien ».
Une personnalité dure à saisir… qui s’adoucit
Au-delà des considérations sportives, difficile d’y voir bien clair sur la personnalité de la remplaçante d’Oliver Echouafni, parti depuis au PSG, à la tête de l’équipe de France. Secrète et distante, la patronne des Bleues catalogué personnage difficile à joindre, souvent méfiant à l’encontre des médias, qu’ils aient ses faveurs ou non. « Ce n’est pas quelqu’un de froid, elle aime rigoler », nuance pourtant la Montpelliéraine Marion Torrent. Une donnée qui concorde finalement avec les nouvelles dispositions de la Nordiste.
Sur demande de la FFF et de Nöel Le Graët, sa communication s’est adoucie depuis l’annonce des 23 joueuses le 2 mai dernier, pour la première fois en prime-time, lors d’un journal télévisé de TF1. Définitivement femme de premières, Corinne Diacre n’est pas moins au pied du plus grand défi d’une carrière entamée en 1993 avec le maillot bleu.
Chargée de mener ses joueuses jusqu’à la finale de ce huitième Mondial féminin, l’ancienne défenseure va découvrir le contexte de la Coupe du monde, a fortiori enrobé d’une pression inédite liée à l’accroissement de la popularité du football féminin dans l’Hexagone. Une donnée nouvelle mais certainement pas à même de troubler la placide entraîneure. Plus détendue qu’à l’accoutumée à la veille de défier la Corée du Sud, ce vendredi au Parc des Princes (21h), Diacre capte tous les regards, au profit de ses 23 protégées, qui ont jusque-là connu une préparation sans trouble. Elles ne demandent qu’à en profiter jusqu’au 7 juillet.
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