Le coup est brutal. Mercredi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé la fermeture des salles de sport et des gymnases dans les villes classées rouges, c’est à dire en « zone alerte renforcée ». Cela concerne les plus gros bassins de population de France: Paris et sa petite couronne, Lyon, Lille, Nice, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Montpellier, alors que Marseille a été placé au niveau supérieur, écarlate.
Les salles de gym ont déjà dénoncé cette décision. Elles sont désormais rejointes par les complexes de foot à 5. L’activité est aussi en grand danger puisqu’elle accueille bien souvent du public en intérieur. L’incertitude plane encore sur une éventuelle fermeture puisque le décret n’a pas encore été déposé. Et la grogne monte en l’absence de concertation avec les autorités.
Pas encore d’infos sur une fermeture
« Si vous pouviez me donner des nouvelles, je suis preneur, interroge ce gérant d’un centre de la franchise Urban Soccer en région parisienne. Nous n’avons pas eu d’infos. Le terme ‘salles de sport’ est assez vague d’autant que nous avons des terrains en extérieur. Ça dépend du gouvernement et des préfets. Nous attendons un retour de la direction générale qui en attend un des autorités. »
« On serait sur une fermeture ce lundi mais les centres avec des terrains extérieurs resteraient ouverts, tente de décrypter Joseph Vieville, l’un des co-fondateurs du Five. On aurait le droit de rester ouvert pour accueillir toute pratique dans le cadre scolaire et le sport de haut niveau. Ça sous-entendrait un maintien des ouvertures mais on a une activité qui ne nous permet pas de rester ouvert pour n’accueillir que des enfants. »
Pour résumer, l’accueil du public en intérieur – la cible principale – semble promis à une interdiction. Mais rien n’est encore clair en l’absence totale d’informations des autorités sur le sujet. Joseph Vieville explique n’être en relation avec « absolument personne », hormis l’union sport et cycle, qui défend le secteur sportif. Il redoute fortement une nouvelle fermeture malgré des arguments sanitaires probants.
Aucun cas de covid recensé depuis la réouverture
« Il faut démontrer statistiquement que la pratique sportive est un lieu de propagation du virus, explique-t-il. Ils l’affirment sans pouvoir le démontrer. Au Five, on a 0 cas recensé sur 250.000 passages depuis la réouverture du 22 juin. Quand un client est positif, l’ARS (agence régionale de la santé, ndlr) lui demande les lieux et établissements qu’il a fréquentés sous dix jours. S’il cite le Five, l’ARS a l’obligation de nous appeler mais on n’a reçu aucun appel sur nos 40 centres. »
Depuis la réouverture, les complexes ont appliqué des protocoles stricts (gel à l’entrée des terrains, port du masque dans les établissements…) pour assurer l’activité qui a repris à la même fréquence qu’avant la coupure. En plus de l’absence de cas recensés, le secteur note que la clientèle est composée à 95% des personnes âgées de moins de 50 ans, et serait moins à risque face au coronavirus. Autant de bons points qui se heurtent à un mur administratif. Ce qui fait craindre le pire pour le secteur.
« Un manque de respect incroyable »
« On ne se remettra pas d’une fermeture supplémentaire, prévient Joseph Vieville. Il n’y a pas pire que de nous imposer une décision sans consultation. Je n’ai même pas l’impression que la ministre (déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu) ait été plus consultée que nous. On a l’impression que nos arguments ne sont pas entendus. Vu les efforts qu’on a faits, pourquoi nos statistiques sont balayées d’un revers de main? Pourquoi nos efforts ne sont pas reconnus et pourquoi on nous mène vers une mort certaine de cette façon? A quoi bon avoir démontré qu’on a réussi à faire vivre le sport en France malgré cette situation? C’est un manque de respect incroyable. »
L’inquiétude est aussi de mise à l’Urban Soccer, dans l’attente des dispositions prises pour les salariés, qui avaient disposé du chômage partiel lors du confinement, mais aussi pour le public. « Des avoirs ont été faits pour les écoles de foot et les championnats pour la prochaine saison, rappelle-t-on. Je ne sais pas comment on va faire si on doit recommencer. » Le Five craint aussi pour ses 200 employés et redoute de nouvelles fermetures après celles de quatre complexes de la marque. Les prochains jours en diront plus mais le scepticisme est de mise. « On ne laissera pas mener à l’abattoir comme ça », prévient déjà Joseph Vieville.
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