Grand artisan de la qualification de Chelsea pour la finale de la Ligue des champions mercredi face au Real Madrid, le gardien des Blues Edouard Mendy (29 ans) réalise une saison de rêve avec le club anglais. Si l’ancien Rennais mérite la gloire et les louanges, son parcours fut loin d’être un long fleuve tranquille.
Ecoeuré Karim Benzema. Celui qui a privé le buteur du Real Madrid d’une nouvelle finale de Ligue des champions s’appelle Edouard Mendy, 29 ans, gardien de but de Chelsea depuis l’été 2020. Auteur de deux arrêts aussi décisifs que spectaculaires face à l’ancien Lyonnais, le portier des Blues a largement contribué à la qualification de son équipe, vainqueur du Real 2-0, pour la finale de la Ligue des champions.
Le 29 mai à Istanbul, le Sénégalais tentera de devenir champion d’Europe face à Manchester City. Bluffant depuis son arrivée à Londres l’été dernier, Mendy peut savourer sa réussite. Car le natif de Montivilliers a été la chercher. De l’AS Cherbourg en National à la réserve de l’Olympique de Marseille, puis de Reims au Stade Rennais, il a monté doucement mais sûrement les marches vers la gloire. Mais rien ne fut simple…
Edouard Mendy face au Real et Benzema © AFP
Des rêves d’Angleterre envolée à cause d’un agent
A Cherbourg après une formation au Havre, il découvre la vie seule, loin de sa famille. « Mes années là-bas m’ont conforté dans mon idée d’arriver au haut niveau », confiait-il il y a deux ans dans l’émission « Le Vestiaire » sur RMC Sport. Mais le haut niveau s’éloigne déjà. Eté 2014, le club normand est rétrogradé administrativement. « Ils n’avaient plus d’argent pour repartir en CFA », se souvient Mendy. Les galères commencent…
Le jeune gardien n’a plus de club. Un agent lui assure qu’il a des contacts en Angleterre. « Il me demande de ne pas répondre aux sollicitations que je pourrais avoir en National ou en CFA. Je lui dis « OK tant que tu m’amènes là-bas. » » Mais Edouard Mendy déchante. Les jours et les semaines défilent et rien ne se passe. Le gardien qui n’a plus de nouvelles de cet agent prend son mal en patience, se prépare seul avec son frère. L’inquiétude monte quand ses appels restent sans réponse. « Le 31 août, il m’envoie un message pour me dire que le marché est bouché là-bas et qu’il ne va pas pouvoir m’amener. Je suis sur les fesses, je ne m’attends pas à ça. »
Relégation, pôle emploi et paternité
Sans club, Edouard Mendy tombe de très haut. « Je ne sais même pas comment faire pour s’inscrire à pôle emploi. C’est une nouvelle vie qui commence. Je me retrouve au chômage, je vais pointer à pôle emploi et je sors du foot. J’ai la chance d’avoir été formé au Havre. Michel Courel, l’entraîneur des gardiens qui a formé Steve (Mandanda), Brice Samba, Zacharie Boucher a bien voulu me reprendre à l’entraînement avec l’équipe de CFA. J’ai pu m’entretenir. Un an sans club, c’est long. » Le gardien alors âgé de 22 ans s’apprête à devenir papa pour la première fois et s’inquiète pour l’avenir. « C’était vraiment compliqué, j’étais tiraillé entre le fait que je dois nourrir ma famille et le fait que je voulais continuer le foot. J’avais la volonté de m’accrocher parce que je voulais que mon fils soit fier de moi, qu’il se dise que son père n’a pas lâché, qu’il puisse se rattacher à ça s’il a des galères dans la vie. »
L’apprentissage avec Mandanda
Après cette parenthèse, Edouard Mendy atterrit à l’OM en pleine tempête Marcelo Bielsa. El Loco vient juste de claquer la porte à la surprise générale au soir de la 1ere journée. Coach des gardiens, Stéphane Cassard rassure Edouard Mendy. « Je n’étais pas trop au courant du fonctionnement de Bielsa. Certains joueurs étaient contents, d’autres déçus. » A Marseille, il côtoye Steve Mandanda. « J’apprenais juste en le regardant. » Le jeune portier progresse aussi au contact de Yohann Pelé avec qui le courant passe bien : « Il m’a donné des bons conseils sur le terrain et en dehors. Lui aussi a connu quelques galères. Il me disait de me méfier des gens dans le foot. »
Edouard Mendy avec Reims en 2017 © ICON Sport
L’éclosion en Ligue 2 à Reims
Plus sûr de lui, le très grand gardien (il mesure 1,97m) trouve la pleine mesure de son talent à partir de 2016 sous les couleurs du Stade de Reims. D’abord en Ligue 2 comme doublure de Johann Carrasso puis dans la peau de numéro 1. Auteur de prestations très convaincantes, il découvre enfin le haut niveau auquel il aspirait à ses débuts. Et bien sûr la Ligue 1. En Champagne, tous les fans gardent le souvenir d’un gardien brillant, bosseur et humble.
Sauf qu’après toutes ses déconvenues, Mendy refuse désormais de se projeter. Son talent fera néanmoins la différence. Devenu international sénégalais, il franchit un cap en rejoignant le Stade Rennais en 2019. Puis un autre un an plus tard en signant à Chelsea pour un transfert de 24 millions d’euros. La Premier League découvre alors ses prouesses. Des coups d’éclat à répétition jusqu’à ses duels remportés mercredi soir face à Karim Benzema. Lui qui n’a pour seule ligne au palmarès un titre de champion de Ligue 2 avec Reims en 2018 pourrait bientôt ajouter celle convoitée par tous les plus grands joueurs de la planète : « vainqueur de la Ligue des champions. »
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