La réputation de Sarcelles est régulièrement entachée. Dans une ville essentiellement connue pour ses faits divers, la lumière y est rare. Forcément, la banlieue a besoin de symbole pour redorer son image. En Riyad Mahrez, elle a trouvé son héros, celui qui fait la fierté de tout un quartier. Encore plus au regard du chemin embrassé.
Donné perdant, il a toujours cru en lui
En effet, si la majorité des joueurs percent en empruntant la voie royale du centre de formation puis du contrat professionnel, Riyad Mahrez a emprunté une route sinueuse, parfois chaotique, où il a été le seul à croire en lui, quand les autres le traitaient de rêveur. « Il a toujours eu confiance en lui. Il galéré à monter en équipe A. Il a toujours eu un discours positif. On a douté mais il n’a jamais rien lâché. C’est un compétiteur hors pair, il n’y a rien qui lui fait peur. Sa première qualité est avant tout sa tête », confie Médoune Diop, responsable de la pré formation au club de l’AAS Sarcelles, présent depuis 2004 en tant qu’éducateur et ayant côtoyé l’ailier pendant cinq ans.
« Il ne parlait que de football »
Ami d’adolescence de Mahrez, Ali Fofana reste marqué par l’amour du football du génial gaucher. « Il ne parlait que de football. Il connaissait l’historique de tous les joueurs de Ligue 1. C’était abusé. D’autres jeunes parlaient de filles ou de chaussures… Lui, s’il te parlait de chaussures, c’était des crampons. Il passait son weekend à regarder la Ligue 1 ou la Liga », se souvient le proche.
Un déclic à 17 ans
Techniquement largement au-dessus de la moyenne, Riyad Mahrez est en retard physiquement. Trop frêle, il fait ses classes en jeunes dans les équipes réserves. Peu importe, lui jure à qui veut bien l’entendre qu’il deviendrait un joueur de football professionnel. A 17 ans, c’est l’âge du déclic. Son corps se développe. Il explose avec les U19 avant d’être surclassé chez les seniors où son pied gauche fait des merveilles.
Un ressenti confirmé par une anecdote qui en dit long sur le phénomène Mahrez. « On jouait un match de coupe de France sur un terrain très difficile. C’était un des derniers matchs de Riyad avec Sarcelles. On est mené 3-0. Quand on encaisse le troisième, il fait l’engagement. Il dribble tout le monde et marque le but. A ce moment là, on s’est dit que rien ne pouvait l’arrêter », se remémore Hayel Mbemba, défenseur de l’AAS Sarcelles de 32 ans, qui a joué avec le prodige durant sa dernière année au club avant son départ à Quimper en CFA.
Bientôt honoré par la ville?
Depuis, Riyad Mahrez a fait beaucoup de chemin, en étant sacré meilleur joueur de Premier League suite au titre de champion de Leicester en 2016, puis transféré à Manchester City pour environ 70 millions d’euros à l’été 2018. Malgré cette ascension spectaculaire, celui qui est désormais une star, n’a pas changé. Il est resté simple. Pour preuve, il revient souvent sur les terres de son enfance et a gardé contact avec beaucoup de gens du quartier à travers WhatsApp.
De quoi ériger le joueur en emblème de la ville. Très fier de l’enfant prodige, Patrick Haddad, maire de Sarcelles, réfléchit à la manière d’honorer officiellement l’idole des jeunes. « Il faudra lui rendre hommage. Il pourrait y avoir un équipement sportif qui porte son nom, son portrait quelque part, peut-être sur l’immeuble où il a grandi. On en a vraiment envie parce qu’il le mérite et que ça donne un signal positif aux jeunes en leur donnant envie de lui ressembler ». D’ici là, Riyad a une mission, celle de donner de la joie à la forte communauté algérienne de Sarcelles, en offrant la CAN aux Fennecs.
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