Elle venait avec un statut d’équipe en reconstruction, sans aucune certitude, et la voilà à un match d’une finale, la première depuis près de trente ans. Alors que l’Algérie affrontera ce dimanche soir le Nigeria dans le dernier carré de la CAN (21h), difficile, même en restant mesuré, de ne pas penser à un éventuel sacre le 19 juillet prochain.
« Il y a une prolongation (face à la Côte d’Ivoire) qui peut peser sur le sort de la demie, mais moi ça me rappelle l’équipe de France en 2018, lâche Brahim Hemdani, ancien international et ancien partenaire du sélectionneur Djamel Belmadi à l’OM. Je vois au fil des matchs des signaux qui me font dire qu’ils peuvent aller au bout. C’est mon ressenti, mais j’avais eu le même pour la France dès les huitièmes de finale en Russie, je l’avais d’ailleurs dit à mes amis. Je ne veux pas être chat noir, mais pour moi l’Algérie présente cet été ces mêmes signes… »
La comparaison est osée, le contexte étant différent, et la compétition aussi. Mais il est vrai que si l’on se penche sur la question, et que l’on regarde le contenu proposé par les Fennecs jusqu’à présent, on peut sans difficulté trouver des similitudes avec l’épopée bleue au Mondial.
La star, c’est l’équipe
La première réside peut-être en la force collective dégagée par l’Algérie depuis le début de la CAN. Souvent résumée par le passé – et à juste titre – à une addition d’individualités, elle ressemble cette fois à une véritable équipe. Bien sûr, elle compte une star en la personne de Riyad Mahrez, mais ce dernier, tout en faisant une compétition sérieuse, ne surnage pas dans le groupe, ne prend pas toute la lumière. Et si des Ismaël Bennacer et Youcef Belaïli sont très en vue sur le sol égyptien, ils ne portent pas non plus l’Algérie à eux seuls, loin de là, et ne semblent pas plus indispensables que les autres. Cela ne vous rappelle rien?
Pour Hemdani, ce changement notable est dû à l’exigence de Djamel Belmadi, intransigeant sur l’aspect comportement et sacrifices. Ce que confirme le milieu Mehdi Abeid: « On apprend toujours avec lui, il est toujours là, derrière, pour nous pousser à nous surpasser. Il nous a fait progresser dans plusieurs aspects, notamment sur le mental, et la cohésion de groupe. »
Un but encaissé…
L’autre point fort de l’Algérie sur cette CAN, ce qui n’est pas sans rappeler les Bleus de Russie, c’est la défense: les Fennecs n’ont encaissé qu’un seul but en cinq matchs. Et Gernot Rohr, le coach du Nigeria, qui avait battu les Algériens (3-1) fin 2016 dans la course au Mondial, est le premier à s’en étonner: « On les avait vu fragiles à l’époque, ils avaient fait beaucoup de fautes individuelles, défensives, qui nous avaient facilité la victoire, a observé le technicien franco-allemand en conférence de presse. Là je vois une équipe solide, qui a un bon équilibre entre l’attaque et la défense, toujours très physique et qui a progressé tactiquement. Donc cela va être beaucoup plus difficile que les matchs que nous avions eus lors des éliminatoires. »
Un avis partagé par Brahim Hemdani. « Le fait d’avoir une défense qui ne concède pas énormément d’occasions, c’était le chantier principal avant la compétition, note l’ancien Olympien. Il y a eu beaucoup de changements, beaucoup de tentatives, ça a énormément bougé durant la phase de préparation. Là, ils ont trouvé une stabilité défensive avec cette formule. »
… et dix marqués, sans trop dominer
Formule qui ne serait rien, sans le dernier ingrédient: cette petite dose de réalisme, obligatoire pour les équipes qui veulent gagner. Certes, l’Algérie a déjà inscrit 10 buts, ce que n’a pas manqué de rappeler Rohr en guise d’avertissement à ses joueurs, mais elle n’a jamais, à l’exception du match contre la Tanzanie (3-0), marché sur ses adversaires. Elle a surtout su saisir sa chance au cours de rencontres généralement disputées. Les fans les plus exigeants lui reprochent d’ailleurs de ne pas être assez spectaculaire (tiens donc), et notent qu’elle a eu un brin de réussite contre le Sénégal (victoire 1-0 en poule) tout comme la Côte d’Ivoire (1-1, 4 tab à 3).
C’est vrai, mais c’est aussi ce qui rend optimiste le très prudent Belmadi. L’homme qui ne voulait jusque-là parler que du match à venir s’est un peu projeté samedi: « La dernière CAN que nous avons gagnée, c’était en 1990, à la maison, il y a longtemps. Nous n’avons jamais gagné ailleurs. C’est plus difficile, bien sûr. Les grands joueurs qui l’ont gagné sont entrés dans l’histoire de notre football. On poursuit cet objectif. »
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