Depuis la région marseillaise, où il entraîne le FC Côte Bleue (N3), Brahim Hemdani ne loupe rien du parcours de la sélection algérienne à la CAN. Parce que lui-même en a porté le maillot par le passé. Et parce que durant ses années à l’OM (2001-2005), l’ex-milieu défensif a évolué au côté de l’actuel sélectionneur Djamel Belmadi. Un technicien qui a permis aux Fennecs d’atteindre leur première demi-finale depuis 2010 (dimanche, 21h contre le Nigeria) et dont il salue le travail, mais un homme qu’il n’aurait pourtant jamais vu sur un banc de touche, carnet à la main.
« S’il y en a un que je n’imaginais pas du tout entraîneur à l’époque, c’est bien Djamel, s’amuse Brahim Hemdani, interrogé par RMC Sport. Ce n’est pas quelqu’un qui a tendance à beaucoup communiquer. Il faut vraiment le connaître pour qu’il s’exprime naturellement avec vous. Ce n’est pas un aboyeur, qu’on va remarquer, donc je ne le voyais pas se diriger vers cette carrière. Il n’était pas spécialement dans la transmission non plus. Djamel, c’est quelqu’un qui avait à cœur de bien faire son travail, de bien jouer avant tout, mais il avait plus un rôle de leader technique en attaque que de leader de vestiaire. Ce n’était juste pas son caractère. »
« Il a changé l’état d’esprit »
Un caractère qui pouvait parfois se révéler… volcanique. « Il déteste l’injustice, il était capable de montrer des signes d’impulsivité par rapport à ça, se souvient Hemdani. En fait, ce n’est pas quelqu’un qui calcule. S’il voit quelque chose qui le dérange au plus haut point, il ne va pas le garder pour lui, il va directement traiter le problème, il va crever l’abcès. Parfois de façon maladroite, ce qui lui a valu quelques soucis à Marseille, mais il ne se cache pas. C’est un mec entier, qui ne vous plantera jamais de couteau dans le dos. »
Et qui, par conséquent, attend exactement la même chose de ses joueurs. Encore plus sous le maillot des Verts d’Algérie. « Le mérite de Djamel, c’est d’avoir remis l’équipe nationale au-dessus des joueurs, et pas l’inverse, estime l’ancien Olympien. Même si les joueurs venaient avec conviction en sélection, ils n’avaient peut-être pas conscience des efforts qu’il fallait faire pour réussir un tournoi. Sur le plan du jeu, des choses avaient déjà été faites avec (Christian) Gourcuff. Mais ce qui a vraiment changé avec (Djamel) Belmadi, pour moi, c’est l’état d’esprit, la manière d’aborder une compétition. »
Un sélectionneur qui se fait respecter
D’ailleurs, et c’est suffisamment rare pour être souligné, aucun joueur algérien ne s’est fait remarquer depuis le début du tournoi pour une sortie médiatique surprenante ou une critique à l’encontre du coach. « Les joueurs le respectent aussi par rapport au fait qu’il a donné beaucoup en équipe nationale, du temps où il était sur le terrain. Il sait ce que ça représente d’avoir joué pour la sélection et de faire face à l’attente très forte du peuple. C’est ce mélange qui lui donne de la légitimité: d’abord, c’est un ancien de l’équipe nationale, et ensuite il a apporté une certaine transparence, sans aucun passe-droit pour les joueurs. »
Haris Belkebla, exclu juste avant le début de la CAN pour « comportement inapproprié », peut en témoigner: gare à celui qui dévie de la ligne. « Djamel a fait comprendre qu’il ne transigerait pas, avec qui que ce soit, et que tout joueur manquant de sérieux irait droit dans le mur, observe son ancien partenaire. Mais ça ne m’étonne pas de lui. Comme je le disais, il a toujours été très soucieux d’une certaine justice, et du comportement, dans les choix de joueurs. Ils sont obligés de suivre. »
Jusqu’à la victoire finale? C’est désormais la question… « C’est toujours pareil, souffle Hemdani. Un entraîneur qui a des résultats va récolter plein de louanges, mais dès que ça se complique, c’est autre chose… J’espère avoir un bon pressentiment et qu’ils iront au bout. »
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