La trajectoire de Paulinho est digne des montagnes russes. A 29 ans, il s’est imposé comme l’une des pièces maitresses du Brésil et le garant d’une maitrise technique dans l’entrejeu qui fait de la Seleçao le favori principal à la victoire en Coupe du monde. Il faudra d’abord évincer la Belgique, ce vendredi (20h) en quart de finale de la Coupe du monde où il devrait former un duo avec Fernandinho en l’absence de Casemiro, suspendu. Un scénario qu’il aurait difficilement imaginé il y a deux ans alors qu’il était loin de la sélection, et qu’il évoluait encore en Chine, à Guangzhou, il y a un an.
« Tout le monde a dit que ma carrière était terminée »
Cette décision de rejoindre la Chinese Super League, le joueur l’avait prise tout seul à l’été 2015, lassé de ne plus jouer à son poste à Tottenham. « Quand je suis parti, tout le monde a dit que ma carrière était terminée », se souvenait-il dans une interview au Guardian en décembre dernier. Pour lui, la perspective de rester à Tottenham était bien pire que celle de rejoindre un championnat plus réputé pour son argent facile que pour son niveau de jeu. « Je ne dirais pas que c’était un soulagement de quitter Tottenham mais je devais le faire, poursuit-il. C’était une période difficile. »
Victime de racisme en Lituanie, pas payé en Pologne
Un choix fort dont il est coutumier puisqu’il a déjà évolué dans six pays, trois continents, qu’il a décroché une Copa Libertadores, une Liga, a été relégué tout en participant au pire traumatisme de l’histoire footballistique du Brésil. Repartir de zéro ne fait pas peur à Paulinho. Il l’a déjà fait. Après une année à Vilnius (Lituanie) à 16 ans où il a été victime de racisme puis une autre à Lodz (Pologne), où il n’était pas payé, Paulinho voulait tout plaquer.
Il repart en D4 brésilienne
Celle qui allait devenir se femme quelques années plus tard l’a finalement persuadé de continuer dans le football au nom de ses parents qui s’étaient investis sans borne pour qu’il perce au plus haut niveau. Il avait tenu et repris une licence en quatrième division brésilienne à Pao de Açucar qu’il a aidé à faire monter avant de rejoindre Bragantino (D2), puis de taper dans l’œil des Corinthians avec qu’il a décroché un championnat brésilien (2011), une Copa Libertadores (2012) et une coupe du monde des clubs (2012).
Tottenham avait flairé le filon et l’avait recruté à l’été 2013 contre 20M€. Le début d’une nouvelle période compliquée pour le joueur, associé à un gros flop dans l’esprit des supporters des Spurs (2013-15). « Villas-Boas m’avait acheté en juillet 2013 et en décembre, il est parti, rappelle-t-il. Il me voulait, nous parlions beaucoup et puis, six mois plus tard, Tim Sherwood était aux commandes. Il n’y avait pas de problème avec lui, il était très jeune, c’était un bon entraineur mais l’équipe n’allait pas bien, il était sous pression et devait changer des choses (30 matches, 6 buts en PL en 2013-14, ndlr). Puis Sherwood a été remplacé par Mauricio Pochettino. »
Le traumatisme du 7-1
Avec l’Argentin, la greffe n’a pas pris. Il faut dire que le Brésilien avait repris le chemin de l’entraînement à l’été 2014 avec une sérieuse gueule de bois, après être entré en jeu lors la défaite la plus humiliante de l’histoire du football brésilien en demi-finale de la Coupe du monde face à l’Allemagne (7-1). Le retour en club fut très dur.
« Avec Pochettino, j’ai joué à tous les postes sauf le mien »
« J’ai joué mon premier match avec Pochettino à mon poste mais après ça, j’ai joué à tous les postes, sauf le mien, rappelle-t-il encore. Il avait plusieurs systèmes et si vous ne jouez pas à votre poste dans un football aussi compétitif qu’en Angleterre, c’est difficile. Je jouais sur l’aile gauche et je le faisais parce que je voulais jouer. Je n’avais pas de problème avec Pochettino. Je lui disais: « cette position n’est pas la mienne mais si vous voulez que je joue là, je peux le faire ». Sur le long terme, tu ne joues pas à ton meilleur niveau. Au bout de six mois, je ne jouais plus régulièrement. »
Avec l’accord de son président Daniel Levy, il avait alors obtenu un bon de sortie, et refusé deux offres de prêt en Europe pour finalement rejoindre Luiz Felipe Scolari, devenu entraineur de Guangzhou après le fiasco du Mondial 2014 avec le Brésil. En deux ans, il récoltera six titres avec Guangzhou avant d’être rappelé, à sa grande surprise en en sélection en 2016 après la nomination de Tite somme sélectionneur et alors qu’il évoluait toujours en Chine. Boudé pendant deux ans par Dunga avec le traumatisme du Mineiraço, Paulinho a retrouvé ses quartiers comme un taulier de la Seleçao (53 sélections, 13 buts).
Le Barça lâche 40 millions d’euros
Puis est venu le FC Barcelone à l’été 2017 (et la force de conviction de Lionel Messi). En pleine crise après le départ de Neymar au PSG, le club catalan avait dû régler la clause libératoire du joueur estimée à 40 millions d’euros. Le montant étonne alors pour un joueur de 29 ans, qui évolue en Chine et au style moins vendeur, ni bling-bling que celui de son compatriote. Avec Ernesto Valverde, le jeu du Barça évolue et son registre de joueur « box to box » (qu’il compare lui-même à celui de Frank Lampard) sied à cette évolution. L’entraîneur cherchait un joueur pour casser les lignes, ce qu’il a fait à la perfection cette saison (9 buts en 34 matches de Liga). Et qu’il démontre encore au Mondial comme en atteste son but face à la Serbie. « C’est le football, conclut-il. Ce sont les montagnes russes. Personne ne me donnait une chance mais je suis là. » Aux portes des demi-finales.
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