Joueur vedette de la Bosnie-Herzégovine avec Edin Dzeko, Miralem Pjanic profitera de la réception de la France, mercredi soir (20h45), pour débuter un match de haut niveau. Ce qui, depuis son transfert de la Juve vers le Barça l’été dernier, est devenu chose rare.
Le Bosnie-France de mercredi (20h45) aura une saveur particulière pour Miralem Pjanic. Parce que sauf surprise, le milieu de terrain affrontera avec sa sélection le pays qui l’a formé au football. Parce qu’il jouera également son 100e match en équipe nationale, lui qui était devenu international A en août 2008, après avoir porté chez les jeunes les couleurs du Luxembourg. Et parce qu’il débutera une rencontre, tout simplement. Ce qui, dans cette saison 2020-2021, est déjà un petit événement.
Lorsque l’été dernier, l’ancien Messin a quitté la Juventus pour le Barça contre 60 millions d’euros, dans le cadre du super « échange » avec Arthur, Pjanic devait sur le papier apporter un peu plus d’expérience au groupe catalan, pour encadrer les jeunes pousses. Il voulait aussi mettre fin à une succession de rendez-vous manqués, lui qui avait failli rejoindre le club blaugrana à 16 ans, puis encore en 2019, avant que le transfert d’Antoine Griezmann ne vide les caisses. Et à 30 ans passés, il espérait avoir une nouvelle chance d’enfin remporter la Ligue des champions.
Treize titularisations, et une relégation dans la hiérarchie des milieux
Le PSG étant passé par là, cet objectif ne sera pas accompli au printemps. Mais pour Pjanic, la saison galère a de toute manière commencé bien avant. Depuis son arrivée en Espagne, le Bosnien a fait 28 apparitions, ce qui pourrait être correct, sauf qu’il n’a joué que 1.275 minutes. A peine 46 minutes par apparition. Et pour cause, il n’a été titularisé que 13 fois. Pour 0 but, et 0 passe.
Miralem Pjanic © AFP
Dans la hiérarchie de Ronald Koeman, l’enfant de Zvornik n’est au mieux qu’un quatrième choix, derrière Sergio Busquets (32 ans), derrière Frenkie de Jong (23 ans), mais aussi derrière Pedri (18 ans), qui a explosé et ne sort quasiment jamais du onze.
Comment expliquer cette relative mise au placard? Il y a déjà le timing, un peu malheureux: testé positif au coronavirus fin août, Miralem Pjanic a vu sa préparation et son intégration perturbées, pile au moment où des places se jouent. Physiquement, le Bosnien a d’ailleurs semblé accuser le coup, et n’a pas franchement impressionné – c’est un euphémisme – lors de ses premiers matchs avec le Barça.
Il y a sans doute, aussi, un problème Koeman. Nommé sur le banc blaugrana après le fiasco du Final 8 en Ligue des champions, le Néerlandais n’a absolument pas choisi Pjanic. Et ne semble pas le considérer comme adapté à son système. Ce qui a visiblement entraîné quelques tensions avec l’intéressé.
Une relation très, très fraiche avec Koeman
Dans un entretien à la Gazzetta dello Sport début décembre, le Bosnien s’était plaint publiquement de sa faible utilisation. « Je ne suis pas satisfait et je ne peux pas l’être, disait-il. Dans ma carrière, je n’ai jamais accepté l’idée de ne pas jouer, et je ne l’accepte pas plus aujourd’hui. On verra, je suis prêt, je m’entraîne bien et j’attends, je ne peux rien faire d’autre. C’est une situation très délicate qui ne me convient pas. Sincèrement, je ne comprends pas le pourquoi de cette situation. Il est clair que je veux jouer davantage. » Et d’ajouter en se voilant un peu la face: « Je sais que je peux donner beaucoup, et quand l’entraîneur m’a appelé, j’ai toujours répondu présent, j’ai été bon. »
Koeman, qui n’aurait pas goûté à ce déballage, avait gentiment renvoyé son joueur dans les cordes. « Sa fonction n’est pas comparable avec celle de la Juve, justifiait le technicien courant janvier. Dernièrement, il n’a pas pas beaucoup joué parce que nous avons évolué de manière un peu différente au milieu et nous avons choisi Frenkie (De Jong), Busquets et Pedri. Il doit travailler pour que ça change. Il aura ses matchs et des occasions pour prouver. Mais nous avons besoin de concurrence, et au final, ce sont les meilleurs qui jouent. » Une manière de dire que l’ex-Lyonnais n’en fait pas, ou plus partie? Peut-être.
Miralem Pjanic au Barça © Icon Sport
Un départ estival?
S’il a davantage joué fin janvier, début février, Pjanic – victime d’une légère blessure au pied gauche – a de nouveau disparu des radars ensuite. Il vient de vivre les trois derniers matchs de Liga, contre Osasuna, Huesca et la Real Sociedad, sans se lever du banc, et n’a joué que 25 minutes en cumulé lors des huitièmes de finale aller et retour de C1 contre le PSG. Ce qui ne le satisfait toujours pas, forcément, mais ne le décourage pas non plus.
« Je n’abandonne jamais, disait-il samedi dernier dans une interview à Mundo Deportivo. Si je ne joue pas, le lendemain matin je m’entraîne plus que jamais pour que les entraîneurs remarquent que je n’abandonne pas. Je n’ai pas arrêté de m’entraîner un seul jour, bien que je sois arrivé plus tard à cause du Covid-19. Koeman m’a dit en pré-saison d’être calme, de me mettre en forme, de ne pas être pressé. Ensuite, j’ai eu du mal à entrer dans le onze. Koeman ne parle pas beaucoup aux joueurs, alors ce que je dois faire, c’est continuer à travailler pour être prêt quand il a besoin de moi. » Et Pjanic d’émettre un vœu: « Ce que je demande? Juste de la continuité, d’avoir deux ou trois matchs pour montrer mon football. C’est ce dont tout footballeur a besoin… »
Annoncé depuis quelques semaines sur le départ, Pjanic a assuré vouloir rester en Catalogne. « Je n’ai pas signé au Barça pour partir au bout d’un an », a-t-il lancé. Il pourrait ne pas vraiment avoir le choix. Alors en attendant, autant briller en sélection, comme il l’a fait contre la Finlande la semaine passée. Et tenter, pourquoi pas, de jouer un mauvais tour aux Bleus…
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