Le Sporting Club de Bastia, tombé de la Ligue 1 à la National 3 lors de l’été 2017, est officiellement promu en Ligue 2, comme Quevilly-Rouen, après la contre-performance d’Orléans. RMC Sport s’est rendu en Corse cette semaine pour comprendre les raisons de ce redressement spectaculaire.
Sur une île où le football est une religion et le Sporting peut-être la plus grande des institutions, le retour du SC Bastia en Ligue 2 est forcément un événement particulier. Et même avec les bars fermés, sur les bancs de la Place Saint-Nicolas, l’avenir du club corse est au centre des discussions.
« Si RMC est de retour à Bastia, c’est que le Sporting va très bien », résume Jean-Louis, supporters du SCB, assis devant la statue de Napoléon. Il est vrai que le club bastiais est en pleine forme, leader du championnat du National à trois journées de la fin, les Bleus sont assurés de jouer en deuxième division la saison prochaine, comme Quevilly-Rouen.
Le redressement du Sporting Club de Bastia a débuté à l’été 2017. Après la débâcle financière et le dépôt de bilan, le SCB a pu, dans un premier temps, compter sur le soutien populaire avec la création d’un mouvement Socios, aujourd’hui intégré au conseil d’administration du club. Mais la lueur d’espoir est venue de deux investisseurs locaux: Claude Ferrandi et Pierre-Noël Luiggi. Les deux hommes ont décidé de reprendre l’institution avec pour projet de retrouver le monde professionnel.
« On peut leur tirer un grand coup de chapeau d’être venu en National 3, avoue Anthony Luciani, ancien président des Socios (SECB). Tout n’est pas parfait comme partout, mais leur premier objectif était de retrouver le monde professionnel et le contrat est rempli. On peut leur dire merci. Le retour au professionnalisme, c’est pratiquement le retour à la vie. »
« C’est un truc de fou »
Après une première saison de transition en National 3, le Sporting enchaîne avec deux montées successives avant de poser ses pieds en National. Même si l’objectif de la montée n’était pas affiché par les dirigeants en début d’exercice, le club corse a marché sur le championnat.
« Il faut bien comprendre qu’on est en haut depuis la quatrième journée, souligne Mathieu Chabert, l’entraîneur du Sporting depuis 2019. Faire la course en tête comme on l’a fait, c’est quelque chose d’extraordinaire. C’est un truc de fou. Tout n’est pas rose, tout n’est pas génial, mais rester en haut pendant 30 journées, ce n’est pas donné à tout le monde surtout pour un promu. » Le Sporting réalise donc sa troisième montée en quatre ans, résultat d’un climat apaisé autour du club.
« Que ça soit dans l’équipe dirigeante, dans le staff ou même chez les joueurs, on est investi d’une mission collective, affirme Claude Ferrandi, président du SCB depuis 2017. On veut marquer le club de cette empreinte-là. On est conscient que seul on arrivera à rien, donc on a besoin de la force de tous. Et je crois que tout le monde a bien compris ce message. C’est ce qui a été notre force jusqu’à présent. Et j’espère qu’on gardera cet état d’esprit dans le futur. » Et pour que cette fin de saison se termine en apothéose, Mathieu Chabert a aussi fixé un autre objectif à ses joueurs.
« Ça serait beau d’être champion du National, indique l’ancien coach de Béziers. Je pense aux personnes qui ont investi dans ce club dès 2017… L’histoire est magique à nous de la continuer. »
Furiani vide, la ferveur devant… la télé!
Une saison exceptionnelle dans un stade Armand-Cesari complètement vide. Une enceinte qui, peut-être plus qu’ailleurs, influe sur le résultat d’un match. « Avec un Furiani plein, on serait déjà champion, affirme Loïc Capretti, supporter du Sporting. Devant la télévision, tu ne peux pas aider ton équipe, tu ne peux pas la supporter comme il se doit. » Même analyse chez Anthony Luciani: « Sportivement cette année je n’ai jamais douté. Mais j’ai souffert du foot à la télévision. Pour combler ce vide les soirs de matchs, les supporters se retrouvent sur les réseaux sociaux pour commenter les rencontres. »
Heureusement pour les fans bastiais, Canal+, diffuseur du championnat, a très souvent choisi les affiches du SC Bastia, pourvoyeuses d’audiences, dans sa case du lundi soir. Sans public dans les travées de Furiani, les analyses et les critiques sont donc passées par les réseaux sociaux.
« À Bastia, il y a une vision très latine du football, selon Julien Pernici, journaliste pour la radio Alta Frequenza. Des choix de Mathieu Chabert ont pu être contestés à plusieurs moments cette saison mais les résultats sont là et ça sera très intéressant de voir ce qu’il pourra faire avec son groupe l’année prochaine en Ligue 2. »
Un budget de 7,5 millions d’euros en Ligue 2
Les dirigeants ont commencé depuis plusieurs semaines la préparation de la saison prochaine. Recrutement, budget et organisation, tout y passe. « On a travaillé sur différentes hypothèses, affirme Claude Ferrandi, président du SCB. Le budget du Sporting l’année prochaine va dépendre de la répartition des droits TV et de l’appel d’offres en cours. On devrait tourner autour des 7,5-8 millions d’euros. » Bien loin des grosses cylindrées du championnat mais assez pour débuter quelques projets. « Il faut que le Sporting entre dans le football du 21e siècle, affirme Loïc Capretti, ancien membre du bureau des Socios. Cette montée est l’étape la plus importante pour avoir une stabilité. Pour entamer des chantiers il faut un minimum d’argent. En National c’était impossible. En Ligue 2 avec des petits droits TV, c’est maintenant qu’il faut se structurer. »
« Une montée en Ligue 2 va accélérer les projets, confie Pierre-Noël Luiggi, vice-président du Sporting. Le centre de formation est un de nos vœux les plus profonds depuis toujours. » Autre chantier, la modernisation du stade Armand-Cesari. Un dossier important pour l’obtention de la « Licence Club ». Mythique mais loin de la modernité, l’enceinte doit se refaire une beauté. La Communauté d’agglomération de Bastia a présenté il y a quelques jours un projet de modernisation du stade pour un montant estimé de 7 millions d’euros. Des travaux débuteront dès cet été avec l’installation d’écrans géants, une nouvelle sonorisation… Cette modernisation devrait, à terme, permettre l’installation de deux toits sur les tribunes Est et Ouest. Une révolution pour Furiani!
La renaissance du Sporting est en marche. « On m’a toujours dit que le Sporting se relève là où les autres ne peuvent pas se relever », affirme Loïc. Anthony confirme: « Le SCB était déjà tombé en National il y a 10 ans et avait réussi à retrouver la Ligue 1… se relever une seconde fois, c’est unique en Europe. » Sur toutes les lèvres des fans bastiais deux mots sont prononcés: « Sempre Vivu! » (toujours vivant!, en français). Quatre ans dans les bas-fonds du football français ne changent pas l’identité d’un club. La passion autour du SC Bastia est toujours aussi forte. Le peuple bleu attend désormais un match de Ligue 2, avec du public, dans son antre de Furiani.
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