Interrogé la semaine dernière sur l’identité de l’équipe qui soulèvera – selon lui – la Ligue des champions le 30 mai prochain à Istanbul, Jürgen Klopp a reconnu qu’il n’est pas le meilleur pronostiqueur du monde. « Avant le début de la saison, la Juventus était mon favori, parce qu’elle a la plus grosse équipe que je n’ai jamais vue, c’est hallucinant, lançait l’entraîneur des Reds. Mais visiblement je ne regarde pas assez de foot italien, parce que je suis incapable de vous dire pourquoi ils n’ont pas déjà 10 points d’avance en Serie A… »
On pourrait souffler le nom d’un autre candidat crédible au technicien allemand: un certain… Liverpool. Avant son huitième de finale aller sur le terrain de l’Atlético de Madrid (mardi, 21h sur RMC Sport 2), le tenant du titre est incontestablement le, ou l’un des favoris, à sa propre succession. Et ce pour plusieurs raisons.
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Parce qu’il a quasiment plié l’affaire en Premier League
25 victoires et un nul en 26 journées, 17 succès de suite, 25 points d’avance sur le deuxième, Manchester City. Le mois de février n’est même pas terminé, que déjà, Liverpool a plié l’affaire en Premier League. Selon les statisticiens britanniques, le LFC devrait ainsi officiellement conquérir son premier titre de champion depuis 1990 avant la fin du mois de mars. Ce qui présente, dans l’optique de la Ligue des champions, au moins trois avantages.
Quoi qu’il se passe désormais pour les Reds, cet exercice 2019-2020 sera premièrement une réussite. Les supporters sont aux anges, ils vont enfin revoir ce trophée qu’ils désiraient tant, après trente ans de disette en championnat et quelques déconvenues mémorables. Ce qui peut donc libérer Jordan Henderson et ses camarades du spectre d’une éventuelle saison blanche.
En terme de gestion de l’effectif, avoir bouclé aussi tôt les affaires nationales va également permettre à Jürgen Klopp de protéger au mieux ses hommes avant les chocs européens. Certes, le coach aimerait terminer le championnat invaincu, et battre encore des records, comme celui du nombre de points, mais il pourrait bien faire quelques concessions printanières si les Reds venaient à atteindre les quarts ou les demies de la C1.
Enfin, la dynamique de résultats ne peut qu’être bénéfique pour la confiance des troupes. A l’exception d’un match de League Cup balancé contre Aston Villa en décembre, car il tombait en même temps que le Mondial des clubs, Liverpool n’a plus connu la défaite depuis… le 17 septembre, et la première journée de Ligue des champions.
Parce que cette équipe sait gagner
Aucun départ notable, aucune arrivée majeure. Le LFC 2019-2020 est le même que celui qui a battu Tottenham lors de la finale continentale du 1er juin dernier (2-0). Ce qui veut dire que les Reds ont l’expérience de la gagne et de la gestion des moments chauds, ô combien précieuse sur la scène aux étoiles, comme on l’avait constaté lors du triplé du Real Madrid (2016, 2017, 2018). La quasi-totalité de l’équipe de Liverpool était d’ailleurs présente lors de la finale 2018, perdue mais riche en enseignements.
« Je ne sais pas si nous pouvons encore gagner la Champions League, mais nous devons être prêts pour cela, observe Klopp. Ce que je sais, c’est que nous avons montré l’année dernière que nous pouvons battre les meilleurs. Ça ne veut pas dire que nous allons le faire, mais que nous le pouvons, et c’est important d’avoir cela en tête. » Pour le défenseur Joe Gomez, Liverpool, en plus de l’expérience, possède en outre le même appétit qu’avant. « Vous n’êtes plus les vainqueurs tant que vous n’avez pas prouvé, encore et encore, que vous pouvez gagner, a-t-il rappelé avant le huitième. Les gens peuvent dire: ‘Ils jouent vraiment très bien, wahou’, mais l’essentiel est qu’en tant qu’équipe, nous avons toujours cette mentalité d’outsider. Nous avons remporté la Ligue des champions, mais tout le monde ici souhaite la remporter de nouveau. »
Son entraîneur sait toutefois que l’expérience et l’envie ne suffisent pas: « A un certain moment, il faut aussi de la chance pour gagner quelque chose, ajoute Klopp, qui n’a pas toujours été en réussite. La qualité d’une équipe ne fait pas toujours la différence, c’est aussi une question d’état d’esprit, de savoir être décisif au bon moment. Et de chance, encore une fois. Il vous en faut forcément. »
Parce que l’effectif n’a aucun point faible apparent
Sept joueurs dans les trente finalistes, dont quatre dans les sept premiers. La cérémonie de remise du Ballon d’or 2019, début décembre à Paris, avait des airs de gala interne pour les Reds. Et pour cause, Liverpool a sans doute aujourd’hui le onze le plus complet d’Europe, avec le meilleur gardien (Alisson Becker), le meilleur défenseur central (Van Dijk), le meilleur latéral droit (Alexander-Arnold), et la ligne d’attaque la plus impressionnante (Mané-Firmino-Salah) avec peut-être celle du PSG.
Seul son milieu ne comporte pas de véritables stars, mais les éléments qui le composent (Henderson, Milner, Wijnaldum, Fabinho, Keita…) en ont fait à force de jouer ensemble une machine de guerre, remarquable d’automatismes. Si les Reds ont remporté depuis l’été un certain nombre de matchs par un but d’écart, leur bilan comptable est plus que satisfaisant, avec 61 buts marqués en 26 journées de Premier League (2,34/match) pour seulement 15 encaissés (0,58/match), et 13 buts marqués en 6 journées de Ligue des champions pour 8 encaissés. « Il n’existe aucune équipe imbattable, sauf Liverpool », tentait de résumer la semaine dernière le sélectionneur argentin Lionel Scaloni dans une interview.
Parce que le huitième est largement à sa portée
Il y a encore deux, ou trois saisons, n’importe quelle équipe d’Europe aurait frémi en héritant de l’Atlético de Madrid lors d’un tirage au sort. C’est nettement moins le cas désormais. Orphelin de Griezmann, Lucas Hernandez, Godin, Juanfran ou encore Filipe Luis, l’Atléti n’est aujourd’hui qu’un modeste quatrième de Liga, qui a dû attendre la dernière journée de la phase de poules de Ligue des champions et une victoire contre le Lokomotiv Moscou (2-0) pour arracher son billet pour les huitièmes.
Les recrues des Colchoneros, à commencer par Joao Felix, n’ont pas fait oublier les cadres partis, l’attaque est en panne (25 buts en 24 journées de Liga), et la défense, si elle est toujours le gros point fort de la formation espagnole, a plusieurs fois pris l’eau lors des vraies affiches. Sur le papier, tous les voyants sont donc au vert pour les Reds, même si Klopp se veut prudent: « Nous devons nous assurer que personne ne pense que ce sera simple, a prévenu le technicien. Nous nous sommes préparés toute la semaine pour ce match et on doit le jouer comme s’il était le plus important de nos vies. » Petit détail: Liverpool va en plus retrouver à Madrid un stade qui lui réussit bien, puisque c’est au Wanda Metropolitano qu’il a été sacré au printemps dernier…
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