Avec le retour au pouvoir des talibans, les joueuses de football redoutent de perdre leur liberté en Afghanistan. Certaines craignent même pour leur vie, comme l’explique à la BBC Khalida Popal, l’ancienne capitaine et dirigeante de l’équipe nationale.
Elle ne trouve plus le sommeil depuis le week-end dernier. Hantée par les images de Kaboul. Khalida Popal suit avec angoisse le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan. Basée au Danemark depuis dix ans, cette femme de 34 ans est l’une des pionnières du football féminin afghan. Elle a contribué à former la première équipe nationale en 2007, dont elle est devenue capitaine. Mais la footballeuse, désormais directrice de la sélection, s’inquiète de voir tout son travail détruit par les hommes d’Haibatullah Akhundzada, qui ont investi la capitale.
« Comme dans un cauchemar »
« Je n’ai pas pu dormir ces derniers jours, je pleure, je me sens impuissante, confie Khalida Popal à la BBC. Je reçois des messages de joueuses en larmes. Elles disent qu’elles sont abandonnées, coincées chez elles et incapables de sortir. Elles ont peur. Tous les rêves viennent de disparaître. C’est comme dans un cauchemar. C’est un retour à la case départ. Nous pensons que le spectacle est terminé. »
Lors du précédent règne des talibans, de 1996 à 2001, les filles avaient été privées d’accès à toute forme d’éducation. Y compris sportive. Khalida redoute un scénario similaire dans les mois à venir. Voire pire. Face à la gravité de la situation, le compte Twitter de la sélection féminine a été fermé afin de protéger les joueuses, par crainte que certaines soient identifiées. Les footballeuses ont également été invitées à clore leurs comptes privés sur les réseaux sociaux. Au grand damne de leur dirigeante, expatriée en Scandinavie.
« Leurs vies sont en danger »
« Nous avons encouragé les femmes et les jeunes filles à se lever pour faire preuve d’audace et maintenant, je leur dis d’enlever leurs photos, de fermer leurs comptes et de ne pas faire entendre leur voix, se désole Khalida Popal. C’est tellement douloureux. Les joueuses ont su se faire entendre, en défendant les droits des femmes. Elles ont pris des risques, elles ont montré leur visage. Et aujourd’hui, leurs vies sont en danger. »
Le premier match de l’équipe féminine d’Afghanistan avait eu lieu au stade Ghazi de Kaboul, il y a quatorze ans, face à une équipe de la Force internationale d’assistance à la sécurité. Les joueuses locales l’avaient emporté 5-0, avant de disputer d’autres rencontres internationales les années suivantes. Elles réclament à présent le soutien de la Fifa et du Comité international olympique afin d’éviter le pire. « Aidez-nous à protéger nos joueuses », conclut Khalida. Comme un appel à l’aide.
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