Pour les supporters du FC Nantes, il incarne au choix un mauvais souvenir, ou un énorme sujet de plaisanteries. Arrivé en grande pompe chez les Canaris – qui lui avaient offert le plus gros salaire du club – à l’été 2015, l’attaquant islandais Kolbeinn Sigthorsson est « entré dans la légende » en devenant en l’espace de quatre années l’un des plus gros flops du FCN. Après une saison 2015-2016 décevante (4 buts en 29 matches), l’ancien joueur de l’Ajax avait été éloigné des terrains pendant près de deux ans en raison d’une blessure à un genou, qui lui avait valu deux opérations.
En Ligue 1, une fin en eau de boudin
Son retour à la compétition, en mai 2018, avait été extrêmement bref. Relancé lors des deux derniers matches de la saison, il avait de nouveau disparu du groupe, en raison d’un niveau jugé insuffisant, et d’une attitude disait-on très moyenne. « Il est venu avec ses gros sabots, mais il n’a rien prouvé, taclait le président Waldemar Kita en septembre 2018. Est-ce que c’est un boulet? Oui, en effet. […] Disons que ce n’est pas forcément un bon coéquipier pour ses partenaires dans le vestiaire, mais je n’ai rien imposé. Comme à Ranieri, j’ai dit au coach: ‘s’il est bon vous le prenez, et sinon ce n’est pas la peine’. » Si l’on en croit Miguel Cardoso, puis Vahid Halilhodzic, ce n’était pas la peine.
La blague a donc pris fin en mars dernier, avec la publication d’un bref communiqué du club jaune et vert: « Le FC Nantes et Kolbeinn Sigthorsson sont parvenus à trouver ce jour un accord à l’amiable concernant la résiliation du contrat de l’attaquant islandais. »
Il rejoue en club… sans grand succès
Qu’est devenu depuis le joueur de 29 ans? Il a retrouvé un club. Et surtout… il joue. Dans la foulée de sa résiliation avec le FCN, Sigthorsson s’est engagé avec l’AIK Solna, club de première division suédoise. Après quelques semaines de remise à niveau, l’attaquant a commencé à être aligné de manière régulière à partir du mois de juin. « Ça fait du bien de pouvoir de nouveau jouer au football après des années difficiles, racontait-il récemment dans une interview à Vice. […] Nantes? Je n’ai pas grand-chose à dire. Quand un club veut se séparer d’un joueur, il tente tout ce qu’il peut. »
En 14 matches de championnat, Sigthorsson n’a toutefois mis que deux buts, les deux au cours d’un même match face à Elfsborg, mi-juillet. Il a aussi marqué contre le Sheriff Tiraspol (Moldavie) début août en tour préliminaire de Ligue Europa, mais c’est tout. Comme si l’ancienne valeur sûre d’Eredivisie n’était plus le même joueur.
La sélection, une bouffée d’air
Sauf que Kolbeinn Sigthorsson est un homme paradoxal. Qui retrouve visiblement ses jambes (et sa motivation?) quand il est appelé en sélection nationale. Ainsi, même quand il avait disparu des radars, le bourreau de l’Angleterre à l’Euro 2016 est resté dans les petits papiers du sélectionneur Erik Hamren. Réserviste pour le Mondial 2018 (alors qu’il avait joué deux matches en deux ans, donc), Sigthorsson a fait son grand retour pour la Ligue des nations en septembre suivant, sorti de son placard nantais pour prendre l’air avec les Vikings. « C’est formidable pour moi d’être ici, confiait-il alors. Ça me permet de respirer. Je me sens très bien. J’ai besoin de jouer. Je veux aider l’équipe. »
Et si Hamren ne l’a pas convoqué en mars, lors du match aller contre la France dans le cadre des éliminatoires de l’Euro 2020 (défaite 4-0), le natif de Reykjavik était bien là au rassemblement de juin, puis encore à celui de septembre. Où il s’est particulièrement illustré: buteur face à la Moldavie (victoire 3-0), Sigthorsson a récidivé trois jours plus tard en Albanie (défaite 4-2), deux minutes après son entrée en jeu.
A un but de l’histoire
Ces deux nouveaux buts en équipe nationale, les 24e et 25e pour l’avant-centre, ne sont pas anodins: neuf ans après sa première sélection, Kolbeinn Sigthorsson n’est désormais qu’à une petite réalisation du grand Eidur Gudjonhsen, recordman avec 26 buts entre 1996 et 2016. Autrement dit: s’il marque vendredi soir face à la France (20h45), Sigthorsson, l’homme dont on n’attendait plus rien, deviendra co-meilleur buteur de l’Islande.
Et cette option n’est pas à écarter. Même si les hommes de Didier Deschamps paraissent supérieurs sur le papier, l’ex-Nantais a déjà trouvé le chemin des filets à deux reprises en trois confrontations contre les Bleus: en mai 2012 lors d’un match amical (défaite 3-2), puis en juillet 2016 en quart de finale de l’Euro (défaite 5-2). L’histoire serait belle. Ou drôle…
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