Il existe plusieurs façons de surnommer une équipe. Si les sélections européennes et sud-américaines se raccrochent pour beaucoup aux couleurs de leur drapeau, comme la Roja (Espagne), l’Albiceleste (Argentine) ou encore la Celeste (Uruguay), les formations africaines puisent surtout leur inspiration dans le règne animal. Des vingt-quatre équipes engagées dans la 32e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se déroulera du 21 juin au 19 juillet en Egypte, seules huit d’entre elles n’ont pas un surnom faisant référence à un animal: l’Afrique du Sud (les Bafana Bafana), l’Egypte (les Pharaons), le Ghana (les Black Stars), le Kenya (les Etoiles de l’Harambee), la Mauritanie (les Mourabitounes), la Namibie (les Guerriers braves), la Tanzanie (les Etoiles du pays) et le Zimbabwe (les Guerriers).
Lors de cette CAN, on retrouvera les Fennecs (Algérie), les Antilopes (Angola), les Ecureuils (Bénin), les Hirondelles (Burundi), les Eléphants (Côté d’Ivoire), les Lions Indomptables (Cameroun), le Syli national (la Guinée, car le syli signifie « éléphant » en langue soussou), les Lycaons (Guinée-Bissau), les Barea (Madagascar, barea signifiant « zébu » en dialecte local), les Aigles (Mali), les Lions de l’Atlas (Maroc), les Super Eagles (Nigeria), les Grues (Ouganda), les Léopards (RD Congo), les Lions de la Teranga (Sénégal) et les Aigles de Carthage (Tunisie). Mais d’où viennent ces surnoms ? Pour le Cameroun, par exemple, le surnom de Lions Indomptables a été adopté de manière très officielle en 1972.
Une symbolique rattachée à la nature
Sur son site, la Fifa explique que l’idée d’identifier la sélection à des lions vient du ministère des sports de l’époque, qui aurait ensuite décidé d’ajouter l’adjectif « indomptable » pour permettre au Cameroun de se différencier des autres équipes s’identifiant également au lion. Pour l’Algérie, le fennec s’est naturellement imposé, car ce petit renard de la famille des canidés est très répandu et protégé par la loi dans le pays. Avec l’éléphant comme symbole, la Côte d’Ivoire et la Guinée se sont également tournés vers un animal emblématique de leur territoire. Même logique pour la République démocratique du Congo, qui a un léopard sur son emblème, et la Guinée-Bissau, où le lycaon, également appelé chien sauvage d’Afrique, est implanté. L’aigle est lui à l’honneur sur les armoiries du Nigeria, d’où le surnom de « Super Eagles » pour les coéquipiers de John Obi Mikel.
On peut aussi distinguer un vautour sur l’emblème du Mali, dont les joueurs sont sobrement surnommés « les Aigles ». « En Europe, les équipes nationales de football sont nées à une époque où les pays développaient leur identité et unité nationales, c’est pourquoi les couleurs sont si importantes. En Afrique, c’est davantage une symbolique rattachée à la nature qui dicte les surnoms des sélections », expliquait en 2010 à la Fifa le sociologue et chercheur français Patrick Mignon. Cela explique aussi pourquoi de nombreuses sélections ont décidé d’être assimilées au lion, considéré comme « le roi des animaux ». C’est justement pour inspirer la puissance et la crainte que le Bénin se cherche un nouveau symbole.
Le Bénin ne veut plus de ses « Ecureuils »
En octobre 2018, la fédération béninoise a annoncé son intention de changer le nom de son équipe nationale, dont les joueurs se font appeler « les Ecureuils » depuis les années 1960. « Le surnom donné à l’équipe nationale doit faire écho auprès de la population et refléter nos fortes ambitions dans le monde du sport », avait fait savoir la fédération, qui avait lancé une enquête en ligne pour permettre aux internautes de soumettre leurs propositions. Pour l’instant, aucun nouveau surnom n’a été adopté par le Bénin. L’Afrique du Sud est de son côté très attachée à ses « Bafana Bafana » (comprendre « garçons garçons »). Selon la Fifa, c’est un journaliste de Soweto, un township proche de Johannesburg, qui a trouvé ce surnom en 1992.
Mais son origine reste assez floue. « On dit que ce surnom vient du fait que la très jeune équipe était alors dirigée par des entraîneurs assez âgés ou encore qu’il vient du fait que l’équipe avait à l’époque perdu cinq de ses six premiers matchs internationaux en raison de son manque d’expérience », raconte l’instance internationale sur son site. Concernant le Ghana, l’explication est bien plus simple. Le surnom « Black Stars » fait référence à l’étoile noire présente sur le drapeau ghanéen. « Dans le football, nous sommes considérés comme des étoiles brillantes. Quand tu mets ce maillot avec cette étoile, tu veux juste mourir pour ton pays. Ce surnom, c’est une fierté et une inspiration », confiait en 2015 à Al Jazeera l’international ghanéen Asamoah Gyan, passé par le Stade Rennais.
La preuve que ces surnoms permettent de caractériser et d’identifier les équipes, mais également de théâtraliser et romancer la bataille que se livreront sur le rectangle vert éléphants, fennecs, aigles, lions, léopards ou encore pharaons.
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