La Seleção ne peut pas compter sur son douzième homme. Lors du triste 0-0 face au Venezuela, mardi pour son deuxième match de la Copa America organisée sur son sol jusqu’au 7 juillet, l’équipe nationale du Brésil a dû faire face au mécontentement de ses supporters.
Après avoir entendu les tribunes de la Fonte Nova chanter ironiquement « olé! » à chaque touche de balle vénézuélienne en fin de rencontre, les joueurs ont eu droit à une volée de sifflets au coup de sifflet final. Lors du match d’ouverture, pourtant remporté contre la Bolivie (3-0), des huées s’étaient déjà fait entendre. Cela s’était produit à la mi-temps, avant que les trois buts de la victoire ne soient inscrits.
Des déceptions en série
Ces sifflets illustrent le désamour grandissant entre la Seleção et le public, connu pour être l’un des plus exigeants au monde. « Je ne veux pas dire que le Brésil a l’obligation de gagner, mais il faut donner une réponse aux supporters. Gagner la Copa America à domicile est le strict minimum », affirmait Ledio Carmona, commentateur de la chaîne Sportv, avant le début du tournoi.
Cette défiance trouve sa source dans l’humiliation du Mondial 2014 subie à domicile contre l’Allemagne (défaite 7-1 en demi-finale). Les contre-performances suivantes n’ont rien arrangé: élimination en quarts de finale de la Copa America 2015, éviction dès la phase de poules de l’édition de 2016, défaite en quarts de finale à la Coupe du monde 2018. Après cette dernière déconvenue, en Russie, les joueurs n’avaient été accueillis à leur retour que par une trentaine de personnes.
Par le passé, le public n’a jamais hésité à manifester son hostilité. Le quotidien Folha se rappelle notamment de la Copa America 1989, la dernière à avoir été organisée au Brésil avant cette année, durant laquelle une foule déchaînée s’était rendue à Salvador. Le contexte était sensiblement différent, car étroitement lié à la non-sélection d’un joueur, mais le sélectionneur de l’époque, Sebastião Lazaroni, n’avait « jamais vu un spectacle aussi sauvage ».
« Ils veulent voir des buts »
Aujourd’hui, les joueurs de Tite ont d’abord tenté de relativiser. « Les sifflets, ça fait partie du jeu. Les supporters veulent nous voir gagner. On veut obtenir leur soutien, mais nous sommes concentrés sur l’objectif, les matches. Sifflets ou applaudissements, l’important est de rester concentrer et obtenir la victoire », déclarait Coutinho après le match d’ouverture.
L’agacement a cependant vite pris le dessus et les joueurs ne s’en cachent pas. « Nous ne nous sommes pas sentis à la maison », a déploré le capitaine Daniel Alves en conférence de presse. « Nous avons tous déjà été hués ou applaudis, nous ne sommes pas des débutants, a regretté Filipe Luis. Les sifflets ne nous aident pas, c’est le Brésil qui sort perdant ». Pour Thiago Silva, les huées « ne sont pas méritées » alors que les joueurs ont « bien travaillé défensivement » et que « l’équipe était structurée ».
Les propos du capitaine du PSG semblent finalement être l’exemple d’une approche pragmatique du football, bien différente de celle attendue par les supporters. Longtemps habitués à un football offensif et spectaculaire, le « joga bonito », les fans sont exigeants avec la qualité du jeu produit et veulent voir les filets trembler. Un constat admis par le sélectionneur Tite: « Nous devons comprendre les fans. Ils veulent voir des buts. Si j’étais à leur place, je voudrais la même chose. C’est compréhensible ».
Des stades à moitié vide
Pour les supporters, célébrer des buts est aussi une manière d’en avoir pour leur argent. Car cette 46e édition de la Copa America se tient dans des stades à moitié vide. Le match d’ouverture, à São Paulo, s’est déroulé devant à peine plus de 47.000 spectateurs, alors que le stade dispose d’une capacité de 65.000 places. La faute à une billetterie qui affiche des prix exorbitants.
Le tarif moyen d’un ticket se situe à près de 500 réais (environ 115 euros), ce qui représente la moitié du salaire minimum brésilien. Les organisateurs ont expliqué que les billets VIP, à plus de 2.000 réais pièce, faisaient grimper la moyenne. Mais sans ceux-ci, le prix moyen des catégories « normales » est de 368 réais. Un montant qui reste particulièrement élevé dans un pays qui compte plus de 13 millions de chômeurs.
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