Une date qui fait figure de rengaine. Qui n’a jamais entendu dire que le Stade Rennais n’a plus remporté de titre national majeur depuis sa victoire contre l’OL en finale de l’édition 1971 de la Coupe de France ? C’est un fait, Rennes ne gagne que peu de trophées. Cinq au total, en 87 ans d’histoire. Hormis deux Coupes de France en 1965 et donc 1971, le club breton compte deux titres de champions de Ligue 2 (1959, 1983) et un titre partagé avec Marseille en trophée des champions (1971). Un bilan famélique pour le club de François Pinault, unique actionnaire de l’équipe brétillienne depuis 1994, et actuellement sixième fortune de France.

Sevré de titre national majeur depuis 48 ans

Il n’en fallait pas davantage pour associer au Stade Rennais l’image d’un club qui perd. Le constat n’est pourtant pas historique. Il est plutôt le fruit des échecs récents des Bretons en finales de coupes nationales. Tombés sans combattre en Coupe de la Ligue contre Saint-Etienne en 2013 (1-0, but de Brandao), les partenaires de Romain Danzé avaient surtout connu deux déconvenues de taille contre Guingamp en Coupe de France.

En 2009, d’abord. Surpris par le pensionnaire de Ligue 2 (2-1), les Rennais n’avaient pas fait mieux en 2014 (2-0). A chaque fois favori contre son rival régional (un bourg de 7000 habitants, rappelons-le !), Rennes a craqué face à la pression. Il n’en fallait pas plus pour susciter les moqueries, alors que les fameux bus à impériale, déprogrammés après chaque échec, ont participé à forger cette sombre légende.

S’il fallait étendre la réflexion à la Ligue 1, Rennes ne fait guère mieux. Présent dans l’élite depuis 1994, le Stade Rennais possède une capacité à résister face aux gros du championnat, voire même carrément à les faire tomber. L’OL, battu deux fois cette saison au Groupama Stadium cette saison par Ben Arfa et consorts, ne dira pas le contraire, alors que Paris, déjà champion en mai dernier, avait subi la foudre au Parc des Princes (3-2).

Cancre des « historiques » de Ligue 1

Le Stade Rennais est cependant trop friable contre les clubs intermédiaires de la Ligue 1, voire carrément contre les prétendants à la descente (la récente défaite à Dijon en est la preuve). Rennes ne s’est jamais installé dans les places qualificatives pour la Ligue des champions, malgré une assise devenue solide dans la première moitié de tableau (présent dans le top 9 lors des quatre dernières saisons, 13 top 10 sur les 15 dernières saisons).

Aucun des historiques aux gabarits similaires, hormis peut-être Toulouse (seulement champion de Ligue 2 en 1982 et 2003), n’ont un bilan plus négatif. Nice ne compte qu’une Coupe de France en 1997 mais ne possède pas la même étiquette, d’autant que les Aiglons ont remporté quatre fois la D1 dans les années 60 sous leur ancienne appellation. Montpellier a flambé avec un titre en Ligue 1 en 2012, tandis que l’ASSE a donc empoché la Coupe de la Ligue en 2013. Quant à l’ennemi nantais, privé de titres depuis 2001, son glorieux passé le laisse à l’abri des critiques faciles. 

Le parcours en Ligue Europa a changé la donne

Derrière les critiques récurrentes, force est de constater que l’image de Rennes a certainement changé cette saison. Portés par un exercice 2017-2018 où Sabri Lamouchi a conduit les siens au cinquième rang de la Ligue 1, les hommes de son successeur Julien Stéphan ont depuis brillé en Ligue Europa. Pour leur cinquième participation (depuis 1994) à la seconde des coupes européennes, ils ont même fait fort.

Sortis d’un groupe à leur portée, ils ont ensuite disposé du Betis, à Séville, avant de céder de peu contre Arsenal, peut-être futur lauréat de l’épreuve, à l’issue du premier huitième de finale européen de leur histoire. Certainement mis en valeur par le marasme des autres clubs français en Europe, Rennes a suscité un engouement inédit dans l’Hexagone, dont il récolte aujourd’hui les fruits dans l’opinion.

Parmi les meilleurs clubs formateurs de France

L’impériosité des résultats sportifs fait parfois oublier l’essentiel : Rennes est un club extrêmement stable, porté par des investissements sûrs, réguliers et conséquents. Quatrième équipe au rang des plus longues longévités actuelles de Ligue 1, Rennes n’a aussi jamais cessé d’être un centre de formation à la pointe, à même de faire naître des talents très appréciés du monde professionnel.

Nommé meilleur centre de France en 2006 et 2011, le club du président Létang s’est aussi signalé par sa propension à faire venir des jeunes joueurs courtisés à fort potentiel de revente en remplacement de ses talents vendus à prix fort au regard du coût de formation. Ismaila Sarr, venu remplacer Ousmane Dembélé en 2017, en est l’exemple, alors que Hatem Ben Arfa, avec son CV prisé, a finalement opté pour la Bretagne au détriment d’offres plus lucratives mais moins stimulantes. Pour la statistique, le centre de formation breton compte actuellement 46 joueurs formés en son sein dans les différents championnats professionnels. En France, seul l’OL a fait mieux (51).

Un titre en Coupe de France, ce samedi, pourrait mettre fin pour de bon à cette image négative, déjà atténuée auprès du grand public par le parcours en Ligue Europa cette saison, comme l’a souligné le discret François Pinault lundi dans une interview à RTL. Quel que soit le résultat, le Stade Rennais devra ensuite lutter contre une autre prophétie tenace qui lui colle à la peau : à Rennes, le plus dur est toujours d’enchaîner.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/coupe-de-france-rennes-merite-t-il-vraiment-son-statut-de-club-de-la-lose-1681251.html

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