L’étiquette du futur Ballon d’Or

Hatem Ben Arfa est une star depuis son plus jeune âge. Depuis qu’il a 12 ans exactement. Alors qu’il vient à peine de débuter sa formation à l’INF Clairefontaine, en région parisienne, il est retenu pour faire partie du documentaire « A la Clairefontaine ». La série, diffusée en 16 épisodes sur Canal +, suit le quotidien d’un groupe d’une vingtaine de footballeurs entre 1999 et 2002. Promotion 1986-87. Aux côtés d’Abou Diaby, Geoffrey Jourdren ou Ricardo Faty, Hatem devient une petite célébrité. C’est le plus doué de l’équipe. Et tout le monde le lui rappelle sans cesse.

A 15 ans, Jean-Michel Aulas se déplace en personne pour le faire signer au centre de formation de l’OL. Avec un joli chèque glissé à la famille au passage. Même si les réseaux sociaux n’existent pas encore, sa réputation franchit rapidement les frontières de l’académie. Il devient le « phénomène » que tout le monde veut voir. On lui prédit le Ballon d’Or alors qu’il n’est même pas majeur. Forcément, à force d’entendre à longueur de journée qu’il est le meilleur, il finit par s’en persuader. Et relâche un peu ses efforts.

Ça ne l’empêche pas d’être lancé en Ligue 1 par Paul Le Guen en août 2004 à Nice, à seulement 17 ans. Ni d’entrer en jeu face à Manchester United en Ligue des champions le mois suivant. Mi-novembre, il inscrit son premier but à Lille en Coupe de la Ligue. Tout va très vite, sans doute un peu trop. Et son talent au-dessus de la moyenne ne suffit pas à compenser son manque d’investissement sur le pré. Au final, le prodige alterne les sorties sans saveur et les fulgurances spectaculaires. Un peu à l’image de sa future carrière.

Après quatre saisons pros dans le Rhône, sous les ordres de Gérard Houllier puis d’Alain Perrin, Ben Arfa, élu meilleur espoir de L1 en 2008, rejoint l’OM dans des conditions assez tendues. Et quitte son premier club avec un bilan décevant de 12 buts et 10 passes décisives en 91 matchs. Loin des attentes placées en lui.

Un caractère bien trempé

Si Ben Arfa n’a pas laissé un très bon souvenir à Lyon, c’est aussi à cause de son comportement. Malgré son jeune âge, il ne l’a pas vraiment joué profil bas, à l’image de ses relations très fraîches avec Houllier. En mars 2008, avec un match de Coupe de France contre Sochaux, le dribbleur s’en prend ouvertement à son coéquipier Sébastien Squillaci à l’entraînement. Les deux hommes en viennent aux mains à l’issue de la séance. Plus tard, le natif de Clamart se chauffera également avec les Brésiliens Cris et Claudio Caçapa pour une histoire de bouteille d’eau renversée. Et se fera remarquer pour avoir oublié un chèque de 90.000 euros dans son casier lors de son départ à Marseille.

Au moment de partir, Hatem réclame également une prime à l’OL. Un imbroglio administratif débouche sur un conflit entre le joueur et son ancien club. L’affaire se retrouve devant la commission juridique de la LFP. « J’ai pu dire mes quatre vérités à M. Aulas. Je n’avais que 21 ans mais je lui ai demandé où était passée sa parole, expliquera-t-il aux Inrockuptibles. Intérieurement, je me disais: ‘Heureusement que nous ne sommes pas des animaux, sinon je l’aurais tué’. A cette époque, les gens le craignaient parce qu’il était puissant et membre de la commission. Moi, je m’en foutais. »

Un conseiller très envahissant

Alors qu’il avait besoin de stabilité pour gérer la pression qu’il a subie dès l’adolescence, Ben Arfa n’a pas bénéficié d’un cadre très serein lors de son éclosion à Lyon. Après avoir été couvé par son premier agent, Frédéric Guerra, il s’est peu à peu éloigné de ses proches pour travailler en étroite collaboration avec Michel Ouazine, qui est toujours son conseiller aujourd’hui. Un homme largement décrié, qualifié par certains de « gourou » pour l’emprise qu’il exerce sur Hatem, son ancien voisin dans les Hauts-de-Seine. Une relation néfaste selon le père de Ben Arfa, qui a aujourd’hui perdu tout contact avec son fils et qui s’est battu avec Ouazine devant le siège de la FFF en 2012.

« Le problème d’Hatem, c’est l’environnement totalement défavorable, nous confiait Guerra en 2017. Et je ne parle pas de la famille. Je parle d’un seul et unique individu qui s’appelle Michel Ouazine. Il a détruit ce garçon. Il est arrivé à faire qu’Hatem vive un échec à l’Olympique Lyonnais (…) Le problème d’Hatem, c’est qu’il a besoin d’amour autour de lui pour fonctionner. Et celui qui, soi-disant, lui en donne, Michel Ouazine, lui enlève l’amour de tous les autres. Et il n’arrivera pas à compenser l’amour qu’un père ou une mère peuvent avoir. »

L’avènement de Benzema

La génération 1987 est l’une des plus belles de l’histoire de l’OL. Avec Loïc Rémy, Anthony Mounier, Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, la promo a fière allure. Mais tout le monde n’a d’yeux que pour Ben Arfa, annoncé comme le plus grand talent du centre de formation. Un de ses partenaires va pourtant lui faire rapidement de l’ombre. Jusqu’à lui voler la vedette. Il s’agit de Benzema, attaquant prometteur, natif de la région et présent depuis son plus jeune âge à l’académie. L’année de ses 17 ans, le petit Karim prend de l’épaisseur et explose complètement, passant des équipes de jeunes au groupe professionnel. Pour y devenir rapidement indispensable.

De quoi reléguer Ben Arfa et son inconstance au second plan, même si les deux pépites s’apprécient et se cherchent souvent sur le terrain. « Quand on jouait ensemble, depuis qu’on est jeune, ça partait toujours en une-deux, explique Benzema dans un documentaire que Canal + lui a consacré. On avait parfois des challenges. On faisait l’engagement et on faisait des une-deux jusqu’au but. » Au final, l’un stagnera trois saisons à l’OM, avant d’enchaîner les désillusions. Pendant que l’autre s’envolera pour le grand Real Madrid, où il évolue toujours.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/ol-rennes-pourquoi-ben-arfa-n-a-pas-reussi-a-lyon-1664958.html

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