La France ne compte toujours aucun vainqueur continental depuis 1996 et le sacre du PSG en Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, la seconde victoire après l’OM 1993 en Ligue des champions. Dès lors, La finale des Marseillais en Ligue Europa au printemps dernier doit être analysée à l’aune de ce triste bilan. Elle apparaît soudain sous les traits d’une parenthèse enchantée dans cette relation devenue complexe entre le football français et l’élite du football européen.
Depuis le plan de développement Footpro présenté par Frédéric Thiriez, alors président de la LFP, en 2012, le mal est profond. Et les résultats catastrophiques accumulés, à des années-lumière de la victoire en Ligue des champions espérée à cette époque, ne sont rien à côté de ce que les clubs traversent cette saison. Avec le plus faible ratio de victoires en Coupe d’Europe, toutes compétitions confondues, depuis 1972, la France a cette fois touché le fond.
La Ligue Europa comme seul horizon ?
« Je suis d’accord. Les résultats du football français en Europe cette semaine sont très alarmants, reconnait Alessandro Grandesso, journaliste pour la Gazzetta dello Sport. Mais on ne disait pas la même chose la saison passée, avec l’Olympique de Marseille en finale de la Ligue Europa. »
En Ligue Europa, justement, l’argument régulièrement avancé ces dernières saisons invoquait un désintérêt profond des clubs français pour la compétition. Mais cette démonstration ne tient plus, même si elle a eu le mérite de souligner d’autres failles.
« La France manque de pouvoir footballistique »
« C’est peut-être un problème à la fois mental et tactique, observe le journaliste italien. Ancelotti (entraîneur de Naples, ndlr)) et Inzaghi (entraîneur de la Lazio, ndlr) ont démontré que la tactique avait son mot à dire. La tactique et la mentalité vont de pair, c’est une question de culture et d’histoire. Mais je ne remettrai pas tout en cause pour autant. La France a quand même une structure de base intéressante au niveau de la solidité financière des clubs, des infrastructures et des perspectives de développement. Mais elle manque de pouvoir footballistique, c’est très frappant. »
Sur le terrain, contre Naples (2-2), mercredi, les joueurs parisiens et l’entraîneur Thomas Tuchel ont reconnu un déficit dans l’engagement. Un aveu lunaire pour un club qui prétend à la victoire finale dans la compétition depuis l’arrivée aux manettes du Qatar. Une fois de plus, ils ont failli dans l’intensité. L’avertissement reçu d’entrée sur la pelouse de Liverpool (2-3), en ouverture de la saison européenne, n’aura donc servi strictement à rien. C’est à croire qu’ils n’apprendront jamais de leurs erreurs.
« On a manqué de beaucoup de choses »
Pour d’autres formations, comme Marseille et Lyon, différents paramètres peuvent entrer en ligne de compte, tout comme l’arrivée récente d’un nouvel entraîneur à Monaco. Bruno Genesio, l’entraîneur de l’OL, l’a rappelé jeudi en conférence de presse. Tactiquement, ses joueurs ont commis des erreurs invraisemblables à Hoffenheim (3-3).
« Ce n’était pas faute d’avoir prévenu les joueurs, a aussi relevé Rudi Garcia après la gifle reçue à domicile par l’OM contre la Lazio (1-3). On a manqué de rythme, de transmissions vers l’avant, d’appels de balle, de courses, on a manqué de beaucoup de choses. » Logiquement battus, les Marseillais ont été dominés dans tous les compartiments du jeu.
« Surpris de ne pas voir les joueurs combatifs »
« L’OM a très mal joué, analyse le journaliste néerlandais Jurriaan Van Wessem, correspondant pour la chaîne Ziggo Sport. Je ne pense pas que le match à venir contre le PSG a eu un impact dans l’esprit des joueurs. Le match était diffusé aux Pays-Bas, nous avons été très surpris de ne pas voir les joueurs à la pointe du combat. Cela m’a fait penser au match de l’OL sur le terrain de l’Ajax Amsterdam (défaite 1-4 aux Pays-Bas en mai 2017, ndlr). Lyon était perdu parce que l’Ajax évoluait très haut sur le terrain. »
« Garcia reste un bon tacticien, au-dessus de la moyenne, surtout si on le compare à ses homologues en France », relève Alessandro Grandesso. Les journalistes, consultants et autres observateurs seraient-ils trop durs, trop incisifs, dans l’analyse de ces résultats ? Bruno Genesio l’a sous-entendu face à la presse avant le déplacement à Angers (15h), en Ligue 1.
« Le type de débat qui est posé en France revient souvent en Italie, poursuit Grandesso. Un peu moins maintenant, c’est vrai, grâce aux quatre clubs présents en Ligue des champions. Cela a été un vrai coup de maître politique, au sens footballistique du terme. Mais bon, en Italie, les difficultés sont issues de la gouvernance du football. » A chacun ses problèmes.
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