C’était un 10 août 2014 et ses choix faisaient alors beaucoup parler. Pour son premier match de Ligue 1 en tant qu’entraîneur de Monaco, Leonardo Jardim s’était payé le luxe de laisser Jérémy Toulalan et Radamel Falcao sur le banc. Des choix qui allaient faire siffler les oreilles du technicien portugais, l’ASM ayant perdu à domicile contre Lorient (1-2) et ayant inscrit son unique but grâce au Colombien sur penalty. Plus de quatre ans plus tard, au moment du divorce entre l’homme et ses dirigeants qui a été officialisé ce jeudi, l’histoire en ferait rire plus d’un.

« Je suis reconnaissant et fier d’avoir pu entraîner l’AS Monaco durant plus de quatre années. J’ai toujours donné le meilleur de moi-même et travaillé avec passion. Nous avons remporté de grandes victoires ensemble et je garderai toujours ces souvenirs en moi. Daghe Munegu », explique-t-il ce jeudi dans un communiqué du club.

Les débuts délicats d’un parfait inconnu

Il y a quatre ans, son faux-pas inaugural face aux Merlus symbolisait alors parfaitement la situation de l’entraîneur arrivé avec l’étiquette de parfait inconnu, qui avait succédé à Claudio Ranieri à la tête de l’équipe monégasque après quelques mois à l’Olympiakos et une seule saison au Sporting. Autant dire que les deux défaites du club lors des deux premières journées de championnat (contre Lorient puis 4-1 à Bordeaux) et plus généralement les premiers mois laborieux suscitaient sur le Rocher, sinon les rires, du moins une énorme vague d’interrogations. Sur fond de discours franco-français et de réticences d’une partie du milieu vis-à-vis des coachs étrangers.

« Une franche réponse aux critiques » en à peine quelques mois

La qualification de Monaco pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, pour la première fois depuis dix ans, avait donné à Leonardo Jardim une première occasion de revendiquer un début de revanche. « Monaco, au mois d’août, était considéré comme la pire équipe du groupe, lance-t-il alors en conférence de presse, au moment de finir premier de la poule C devant Leverkusen, le Zénith Saint-Pétersbourg et Benfica. Le groupe a donné une franche réponse aux critiques, et spécialement des Français qui ont été les premiers à dire en début de saison qu’on n’avait pas le niveau pour se qualifier. »

Le bilan de Leonardo Jardim à Monaco est glorieux et complet: troisième place de Ligue 1 et huitième de finale de C1 en 2015, une deuxième place qui échappe à l’ASM à la différence de buts en championnat en 2016 et surtout cette formidable saison 2016-2017 faite d’un incroyable titre de champion de France et d’une demi-finale de Ligue des champions. Avant une honorable saison dernière en Ligue 1 (deuxième place)… peu glorieuse sur la scène européenne avec une élimination dès la phase de poules sans la moindre victoire.

Di Meco: « Il va rebondir dans un grand club »

Reste que d’inconnu, Leonardo Jardim est devenu un nom que le football européen pourrait bien s’arracher. « Tu arrives à Monaco avec une politique aujourd’hui connue de tout le monde, en sachant que tu vas être obligé de faire des miracles chaque année parce que chaque fois que tu vas faire progresser un joueur, on va te le vendre, résume Eric Di Meco, membre de la Dream Team RMC Sport. L’objectif est clair, il est très bien payé pour le faire et il est dans un très bon club. Personne ne lui a mis le calibre. Il a eu des résultats extraordinaires. L’histoire va se finir, on lui dira bravo, tu as amené un titre important et presque impensable à l’AS Monaco. Et l’histoire continue. Et lui va continuer son histoire ailleurs. »

Son nom est régulièrement cité pour reprendre une grosse écurie. Au moment de l’annonce du départ d’Arsène Wenger d’Arsenal, le Portugais faisait partie de la short-list. Après la démission surprise de Zinedine Zidane au Real Madrid, son patronyme était murmuré. Les situations précaires de Julen Lopetegui en Espagne ou plus encore de José Mourinho à Manchester United pourraient bien le faire de nouveau surgir dans la presse et les esprits.

Un faiseur de rois pas immunisé

« Avant qu’il arrive à Monaco, personne ne le connaissait, insiste Eric Di Meco, ancien joueur du club. Et ce club lui a permis d’être champion de France et d’être connu dans l’Europe entière! Vous verrez qu’il va rebondir dans un grand club, et ce sera grâce à l’AS Monaco. » Avec un profil qui le rend très attractif: celui de faiseur de rois, qui aura amené tant de joueurs à un niveau international. Benjamin Mendy, Thomas Lemar, Anthony Martial ou bien sûr Kylian Mbappé se sont révélés sous ses ordres… et ont été vendus à prix d’or. De quoi nourrir le nouveau modèle économique de Monaco et confirmer son rôle de post-formateur et de révélateur de talents. Avec pour défi, à chaque fois, de repartir de zéro ou presque, au fil des ventes…

« Travailler dans ces conditions, ce doit être ultra compliqué, résume Christophe Dugarry dans Team Duga sur RMC. Mais cela (son limogeage, ndlr) ne me surprend pas plus que ça. Aujourd’hui dans le football, il faut des résultats immédiats. On n’hésite pas à se séparer des entraîneurs au bout de la 10e journée, avec tous les résultats qu’il a eus… » Un triste retour à la réalité. La mémoire est parfois courte. Mais avec le titre 2017, le développement des joueurs et les performances de son équipe année après année, Leonardo Jardim quitte Monaco avec un magnifique éclat. 

https://rmcsport.bfmtv.com/football/monaco-jardim-prend-la-porte-mais-avec-une-superbe-reputation-1540831.html

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