C’est un travail de longue haleine, sur tous les plans, que Brighton a tenu à récompenser en mai dernier. Le maintien acquis, le club a offert une prolongation de contrat jusqu’en 2021 au grand artisan de sa réussite nouvelle. En poste depuis 2014, Chris Hughton a donc prolongé son bail avec l’envie de poursuivre un projet de long terme.

Le manager britannique fait souffler un vent de fraîcheur. Là où d’autres clubs de Championship (Steve Bruce à Aston Villa, Tony Pulis à Middlesbrough) ou luttant pour leur maintien en Premier League (Roy Hogson à Crystal Palace, Sam Allardyce lors de son passage à Everton) ont opté pour la solution de facilité en faisant appel à des entraîneurs ultra (voire trop ?) expérimentés, les Seagulls ont choisi de maintenir leur confiance à celui qui les a fait remonter dans l’élite et qui défend des valeurs humaines autant qu’un style de jeu bien loin des archétypes trop souvent mis en place par les clubs du bas de tableau.

Le plus beau jeu du bas de tableau

Privé de première division depuis 1983, le club du sud de l’Angleterre a achevé sa saison sur une 15e place et en laissant une belle impression. Quand Huddersfield commençait un brin à ennuyer par son jeu physique stéréotypé, tandis que Southampton parvenait à acquérir son maintien de justesse sans avoir développé le moindre football ou presque, que West Ham continuait à perdre de sa superbe ou que Watford s’effondrait après une bonne première partie de saison, Brighton développait du jeu. C’est bête à dire n’est-ce pas ? Pas ce n’est pas si courant pour un club de Premier League à la lutte pour le maintien.

En difficulté à l’extérieur, les hommes de Chris Hughton ont terminé à la huitième place du classement domicile, signant dans leur antre sept de leur neuf succès de la saison. Et auront encaissé 54 buts au total en Premier League, soit moins que Watford (64), West Ham (68), Bournemouth (61), Crystal Palace (55), Leicester (60) ou Everton (58) qui les précèdent au classement final : c’est tout simplement le neuvième total du championnat.

Neville : « Chris est un vrai coach »

Comme l’an dernier, Brighton s’érige cette saison parmi les favoris pour la descente, entre assise dans l’élite moins solide que pour certains concurrents et discrétion médiatique. L’exercice 2017-2018 ne fut, il est vrai, pas tout à fait linéaire, avec deux phases terribles sans la moindre victoire (sept matches d’affilée entre novembre et décembre, six avant de battre Manchester United lors de la J36). Quant à son jeu – varié et plus esthétique que pour les habituels candidats à la charrette – n’aide pas le club à rassurer. Et c’est bien dommage. Chris Hughton avait trouvé l’an dernier un équilibre remarquable, malgré un mercato pas vraiment à la hauteur de ses espérances.

« C’est un grand accomplissement pour Chris Hughton, se réjouissait Gary Neville sur Sky Sports après la victoire des Seagulls contre United lors de la 36e journée (1-0). Je suis ravi pour lui parce qu’il entraîne depuis très longtemps et qu’il commence à gagner le crédit et les récompenses qu’il mérite. C’est vraiment une rude mission de continuer à faire ce qu’ils font. Ce soir, ce n’était pas simplement ce que j’appellerais un 4-4-2 figé ou qui jouerait le contre. Ils ont su dépasser leur schéma. C’est vraiment une grande performance et Steve Sidwell a dit qu’ils y avaient travaillé toute la semaine. Vous pouvez le dire : Chris est un vrai coach. Il passera des heures sur le terrain d’entraînement pour son équipe et les récompenses arrivent. Ce fut vraiment une grande performance de coaching. Au point qu’il récolte aujourd’hui les fruits de tout le travail qu’il fournit depuis des années. »

Ancien adjoint à Tottenham, Newcastle ou en Irlande, simple entraîneur de passage chez les Magpies, à Birmingham ou Norwich, l’ancien défenseur anglais ne s’est jamais renié. Ni dans les méthodes, ni dans son aspect humain, ni dans sa volonté de jouer. « Il ne fait jamais rien de mal, insiste même l’ancien joueur d’Arsenal Charlie Nicholas sur Sky Sports. Il ne recueille pas les lauriers qu’il mérite. » Adepte d’un gros travail collectif à l’entraînement, le manager de 59 ans n’a pas les individualités nécessaires pour compter sur un coup d’éclat. « Nous avons une équipe d’une grande qualité, avec un joueur comme Pascal Gross capable de créer des choses et des joueurs qui travaillent très dur les uns pour les autres, résumait en fin de saison Anthony Knockaert dans le Telegraph. Tout le monde s’adore et cela fait la différence. »

Gross en créateur, des bons coups en forme de renforts

Devant une défense Lewis Dunk-Shane Duffy et en s’appuyant sur certains piliers comme son milieu Pascal Gross et l’expérimenté buteur Glenn Murray (12 buts la saison passée, meilleur buteur de l’équipe), Chris Hughton s’acharne à mettre en place une rigueur défensive de bloc, pour tenter de créer des actions offensives construite à la récupération. Gross est à ce titre le facteur X pour tenter de créer une flamme qu’un Kevin De Bruyne allume en permanence dans une grosse écurie comme Manchester City. Sans gros moyens l’été dernier, les Seagulls avaient opté pour l’Allemand, arrivé d’Ingolstadt. Ses buts – sept au total l’an dernier – ont rapporté onze points (trois fois les buts de la victoire des siens, deux fois ceux du match nul)… soit plus d’un quart des 40 unités de son équipe.

Andone et Bissouma en têtes d’affiche du recrutement

Gross, symbole du recrutement intelligent de Brighton. Encore en Championship, le club avait attiré Anthony Knockaert et fait des coups avec Matty Ryan, Jose Izquierdo, Davy Propper… Des choix ciblés, fortement préparés par Chris Hughton. Le technicien est parvenu cet été à conclure ce transfert qui lui avait échappé un an plus tôt, en faisant venir Florin Andone du Deportivo. La future star annoncée de l’équipe. L’équipe a enregistré pour l’heure neuf recrues, dont le Lillois Yves Bissouma pour environ 20 millions d’euros ou le polyvalent latéral de Leipzig Bernardo.

De la compétence, un esprit de guerrier, une solidarité collective à toutes épreuves et de belles actions pour une équipe attachante. Mais cela sera-t-il suffisant pour acquérir un maintien si dur à atteindre en Premier League ? Brighton dégage presque un sentiment de naïveté, comme si, persuadé de s’en sortir par son football et ses valeurs, l’équipe en oubliait la rudesse et le pragmatisme. Mais après tout, malgré sa politique offensive se résumant presque à marquer sur coups de pied arrêtés et à coller des taquets à la perte de balle, West Brom a terminé… relégué.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/premier-league-se-sauver-par-le-jeu-est-ce-trop-utopique-pour-brighton-1494001.html

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