Quelles sanctions sont possibles pour les supporters qui se comportent mal?
« Il y a deux types de sanctions possibles explique au micro de RMC dans Team Duga Antoine Mordacq, le chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme. Il y des sanctions administratives: le préfet peut tout de suite prononcer une sanction administrative de stade contre des personnes à l’origine de troubles à l’ordre public. C’est ce qui a été fait à Bastia. (…) Et puis, il y a une enquête pénale. Là, c’est du judiciaire. L’enquête prend un peu plus de temps, et c’est normal. »
Après les incidents à Furiani la saison dernière lors de Bastia-Lyon, une vingtaine de personnes ont été sanctionnées à Bastia. Après les incidents en novembre dernier lors de ASSE-OL, l’enquête est encore en cours, avec une difficulté supplémentaire: « Il y a eu plusieurs faits, poursuit Mordacq. Les plus graves n’étaient pas tant l’envahissement de terrain – même si c’est déjà inacceptable – mais les violences d’avant-match entre les supporters stéphanois et lyonnais aux abords du stade. » L’enquête est très poussée et des personnes ont déjà été interpellées.
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Impossible de sanctionner « à vie », mais des lourdes peines sont possibles
« Il n’y a pas d’interdiction à vie. C’est une peine qui n’existe pas, rappelle le « Monsieur Sécurité » du foot français. Sur le plan judiciaire, on peut être interdit de stade jusqu’à cinq ans si on est en récidive, jusqu’à trois ans sur le plan administratif, à l’initiative du préfet donc. C’est déjà une sanction importante; c’est une peine complémentaire qui vient en plus d’une peine de prison, qui peut aller jusqu’à trois ans. »
« Il ne faut pas oublier qu’une interdiction de stade est généralement assortie d’une obligation de pointage. L’individu doit, sur chacun des matches de son équipe – et parfois, on ajoute les matches de l’équipe de France -, pointer au commissariat de son lieu de domicile. (…) On fait pointer à la mi-temps. C’est quand même une obligation assez forte, une sanction lourde et qui est prise assez régulièrement. »
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Peut-on bloquer totalement l’accès à la pelouse depuis les tribunes ?
« Sur l’accès à l’aire de jeu, il y a un problème d’équilibre, estime Mordacq. Vous avez le souvenir du Heysel et de tous les drames des années 1980-1990. On doit trouver un équilibre entre la sécurité des spectateurs – en cas de poussée dans les tribunes, de mouvement de spectateurs, il faut que les spectateurs puissent s’échapper sur l’aire de jeu – (…) la protection de l’aire de jeu. »
L’importance du dialogue avec les ultras
« Quand vous interrogez les ultras de Bordeaux, ils ont l’impression d’être réprimés en permanence. Alors que ce n’est évidemment pas le cas. Les sanctions sont à chaque fois justifiées et adaptées. A charge pour nous de trouver l’équilibre, d’identifier et d’individualiser les sanctions pour que les plus à risques soient sanctionnés. »
« C’est une saison charnière, insiste l’invité de Team Duga. Il y a un dialogue qui se développe avec les supporters depuis une loi du 10 mai 2016. On réussit maintenant à discuter avec des représentants d’un certain nombre de groupes ultras, qui avant, refusaient tout dialogue avec les autorités publiques par principe. Mais ce n’est pas encore le cas avec tous les groupes. Certains refusent encore le dialogue, c’était le cas par exemple avec ceux de Bordeaux lors des incidents sur leurs déplacements. Avec d’autres, on échange de manière un peu plus constructive. Ça s’améliore tout doucement. (…) Il ne faut pas s’arrêter là. (…) Ça portera ses fruits, comme avec certains clubs déjà. »
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