RMC Sport s’est procuré un document adressé aux parlementaires européens par les trois clubs défendeurs de la Super League: le Real Madrid, le FC Barcelone et la Juventus. Ils en font la promotion et attaque fortement l’UEFA.
Alors que la Super League semblait définitivement enterrée après la fronde des supporters et des médias européens, trois clubs (Real Madrid, Barça, Juventus) tentent encore de le maintenir en vie tant bien que mal. En attendant la position de la Cour Européenne de Justice sur la légalité du projet Super League, les trois clubs font du lobbying en coulisses auprès de parlementaires européens grâce à un document de huit pages élaboré avec l’aide d’un avocat et d’un banquier, qui compile les bienfaits de la Super League selon eux. RMC Sport a pu se procurer ce document.
Ce document commence par rappeler le principe du projet de Super League et explique qu’il a été mal compris au moment de l’annonce qui a provoqué une levée de bouclier partout en Europe.
D’abord en aucun cas, est-il écrit, la Super League n’a été pensée pour détruire les ligues existantes et qu’à aucun moment les clubs n’ont voulu quitter leurs ligues nattionales respectives. L’idée est donc de rester dans les championnats actuels mais d’améliorer les compétitions européennes gérées aujourd’hui par l’UEFA. Pour voir le jour, ce projet doit 1/ avoir l’approbation de l’UEFA et/ou de la FIFA ; 2/ obtenir une protection juridique appropriée auprès des tribunaux européens.
Les trois clubs expliquent donc bien qu’ils comptent travailler dans le modèle existant avec un engagement ferme de rester connecter aux compétitions nationales actuelles.
La Ligue des Champions jugée « obsolète et ennuyeuse »
Ensuite, le document rappelle que l’objectif principal est de remédier au manque de matchs de haute qualité dans les compétitions européennes selon les trois clubs qui accusent l’UEFA – « l’organisme de règlementation monopolistique autoproclamé et opérateur des compétitions en Europe » – de ne pas avoir suffisamment réformer la Ligue des Champions jugée « obsolète et ennuyeuse ».
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Les trois clubs veulent aussi montrer dans ce document que les fans sont au centre de leur projet. « Les supporters sont évidemment essentiels à tous les sports et une Super League réussie n’est possible qu’avec le soutien des fans de football. Nous avons entendu, et continuons d’écouter, ce que disent les supporters et le acteurs du football sur notre projet. » Et le document d’enchainer sur le thème du mérite sportif qui était au cœur des critiques contre la Super League. Les trois clubs font clairement machine arrière sur ce point dans leur document: « notre engagement est que le format proposé par la Super League européenne éliminera le concept de membres permanents et sera donc ouvert aux clubs européens ».
Dans la suite du document, les trois clubs tirent à boulets rouges sur l’UEFA accusée de ne pas traiter de manière les problèmes que connait le football européen. Selon eux le système actuel est « brisé ». Ils décrivent l’UEFA comme « l’instance dirigeante du football auto-établie dans l’Union Européenne et, plus généralement en Europe, alors qu’il s’agit d’une association privée suisse régie par le droit suisse et soumis au TAS (un tribunal arbitral échappant au contrôle de la Cour européenne des Justices) ».
Une longue liste sur les maux du football européen
Ils critiquent le fonctionnement de l’UEFA qui, selon eux, écarte les clubs de toute la gestion commerciale des compétitions européennes, empêche toute initiative d’un nouvel acteur sur le marché des compétitions européennes de clubs et entretient des liens étroits avec des clubs détenus par des Etats non membres qui sponsorisent certaines compétitions, achètent les droits médias et siègent au comité exécutif tout en présidant l’ECA. La cible de cette attaque est clairement identifiée: Nasser Al-KHelaifi le président du PSG (et de l’ECA, donc).
Le document identifie ensuite les problèmes que connait le foot européen selon les trois clubs:
– Il n’y a pas assez de matchs de haute qualité qui opposent les meilleures équipes et meilleurs joueurs de la planète. Ces matchs arrivent trop tard dans la saison et cela participe au désintérêt, selon eux, de la nouvelle génération
– Des contrôles financiers inadéquats et mal appliqués. Ils déplorent aussi le fait que des clubs soient détenus par des Etats non membres.
– Une gouvernance exclusive de l’UEFA qui empêche les clubs de s’organiser eux-mêmes librement. Ce sont les seuls clubs qui prennent des risquent au contraire de l’UEFA qui n’en prend aucun
– Manque de transparence concernant les dépenses de solidarité ce qui rend difficile le suivi de l’impact de ces aides
– Le modèle territorial de l’UEFA sape la capacité des clubs des grandes villes des Etats membres plus petit d’être compétitifs en raison de la baisse des revenus des médias nationaux
– La perte d’influence de l’Union Européenne dans la gestion du foot et celle grandissante voire même « disproportionnée » d’Etats non membres.
L’UEFA ne s’inquiète pas de ce lobbying
En réponse à ces problématiques, les trois clubs jugent les réponses de l’UEFA insuffisantes. Le système suisse de la réforme de la Ligue des Champions continue de baisser le niveau des matchs selon eux. Ils critiquent « l’assouplissement » du Fair-Play Financier voulu par le président Ceferin et estiment qu’il est essentiel de renforcer les contrôles des clubs pour maintenir un équilibre financier.
Les trois clubs déplorent l’opposition de l’UEFA de discuter de ce projet avec eux et de les avoir menacé de sanctions et rappellent dans leur conclusion leur conviction que l’avenir du foot européen passe par les clubs qui doivent être « maitre de leur destin ». Selon nos informations, l’UEFA a eu connaissance de ce document mais ne semble pas préoccupée par ce lobbying. Elle attend assez sereinement la position de la Cour de Justice Européenne.
https://rmcsport.bfmtv.com/football/ligue-des-champions/super-league-comment-la-juve-le-barca-et-le-real-tentent-de-maintenir-en-vie-leur-projet_AV-202110200185.html