Christophe Galtier retrouve Saint-Etienne à Geoffroy-Guichard ce samedi (17h), encore comme adversaire mais cette fois avec Nice. En s’offrant l’entraîneur champion de France en titre, le Gym a mis un coup de boost à son projet Ineos, car Christophe Galtier a cette faculté à fédérer un groupe afin d’en tirer le meilleur.
Ils étaient déjà aux anges lors de l’arrivée de leur nouveau coach. Trois mois plus tard, les supporters niçois sont conquis par Christophe Galtier. « Je l’adore. Il veut toujours la gagne, c’est un vrai coach. Quand on voit le changement de visage de l’équipe d’une période à l’autre, c’est qu’il a parlé dans le vestiaire. Je le remercie du fond du cœur », s’enthousiasme Virginie.
Alain, lui, est convaincu : « Vieira, Ursea et Galtier c’est le jour et la nuit. C’est un des meilleurs entraîneurs de France et il le montre. Il se permet de crier quand ça ne va pas, il apporte sa grinta, c’est sa force. Je pense qu’on a trouvé l’entraîneur qu’il fallait à Nice. »
Le nouveau visage de l’OGC Nice
Depuis l’arrivée de l’entraîneur champion de France, le club azuréen a connu une petite révolution. « Une évolution mais pas un changement. On pourra évoquer un changement quand on sera devenu solides, qu’on marquera beaucoup de buts et qu’on gagnera beaucoup de matches, là on aura changé », précise Thierry Oleksiak, entraîneur adjoint. Pourtant, la transformation se remarque, d’un point de vue tactique déjà.
Exit le 4-3-3, place au 4-4-2 classique porté par un tandem solide en charnière (Dante-Todibo), une paire de récupérateurs complémentaire (Lemina-Rosario), un ailier pur d’un côté (Kluivert ou Stengs), un joueur capable de revenir dans l’axe de l’autre (Boudaoui) et deux attaquants proches, se cherchant constamment (Gouiri, Dolberg ou Delort). Meilleure défense de Ligue 1 après 7 journées, attaque efficace : le Nice de ce début de saison singe délicatement le Lille champion de l’an dernier. L’entraîneur n’y est forcément pas étranger
« J’entends les gens parler de l’entraîneur mais le plus important c’est le groupe. J’ai des joueurs de qualité », répond modestement l’intéressé. Car si cette équipe, après une préparation compliquée, s’est équilibrée, c’est en grande partie parce que l’ex-coach du LOSC a ciblé des postes et des profils, a tapé du poing sur la table pour être servi en joueurs d’expérience.
Julien Fournier a répondu aux exigences avec comme argument de poids : être coaché par Christophe Galtier. « Bien sûr que le coach a été l’une des raisons de ma venue, avoue Pablo Rosario. Il parle français, moi non mais tout le monde connaît ses qualités. »
Annoncé avec insistance sur le départ, Kasper Dolberg a lui été convaincu par sa première rencontre avec le Marseillais au retour d’un Euro réussi. « J’ai parlé au coach et j’ai senti que les choses allaient changer en mieux, explique l’attaquant danois. Le feeling était très bon et c’est quelque chose qui m’a donné envie de faire partie de son équipe. J’ai beaucoup de respect pour le travail qu’il a accompli avant de venir ici. »
Quant à Andy Delort, le fait d’être sous les ordres de Galtier résonne presque comme un aboutissement. « Les raisons pour lesquelles je suis ici, c’est qu’il y a le meilleur coach français. J’ai vu comment ça se passe à l’entraînement et ça m’a donné envie de venir. J’ai toujours aimé ce coach et aujourd’hui, être un de ses guerriers, j’en suis content et fier. Je suis persuadé qu’il va nous faire progresser et nous amener le plus haut possible. »
Oleksiak : « Quelqu’un qui fédère »
Alors la clé de la réussite ne serait-elle pas simplement cette faculté à ne faire qu’un avec ses joueurs ? Thierry Oleksiak acquiesce : « C’est son point fort. Il a un fort leadership et incarne très rapidement les projets. Il y a aussi une somme de travail énorme car ça ne se fait pas comme ça (il claque des doigts). C’est la somme de ses qualités naturelles, de son expérience et de son travail au quotidien. C’est quelqu’un qui fédère, qui a une forte personnalité. Être aimé par tout le monde c’est quasiment impossible mais sentir ses joueurs derrière lui c’est très important, on n’a rien sans ça. »
Alors pour être apprécié de ses joueurs, le coach cherche à les connaître au mieux. Alain Blachon a été son adjoint pendant six ans à Saint-Étienne et peut en témoigner. « Il aime ses joueurs et aime séduire. Il a un discours toujours positif, est très sensible à la vie de tous les joueurs, essaie de se renseigner sur leur vie, leur vie privée, leur épouse, le nom des enfants, il a toujours un petit mot pour eux. Il aime avoir son groupe derrière lui donc il essaie d’aider ses joueurs au maximum pour que dans le travail, ils aient l’envie et un besoin de jouer ensemble. Avec l’expérience acquise, il est je pense, de plus en plus performant ».
Milieu de terrain sous ses ordres pendant six ans à l’AS Saint-Etienne, Jérémy Clément abonde dans le même sens : « Il a une vraie capacité à fédérer, est très bon dans sa manière de manager les hommes. Il impacte, il amène une dynamique. C’est un Marseillais donc il a ce côté charmeur et les gens l’apprécient. Je pense qu’être passé par la case adjoint à l’époque de Saint-Étienne fait qu’il a gardé une certaine proximité avec les joueurs, ce côté affect. Quand on jouait aux cartes entre joueurs, Christophe aimait bien venir nous regarder ou taper le carton avec nous, c’était toujours des bons moments. »
Le nouvel entraîneur des Aiglons a installé une proximité remarquée chez ses adversaires. Si l’entraîneur marseillais Jorge Sampaoli flatte son homologue qu’il voyait comme « l’un des meilleurs entraîneurs du monde la saison dernière », le Monégasque Niko Kovac, avec qui il entretient une cordiale relation, remarque la transformation opérée. « Nice a changé de visage et c’est en partie dû au fait qu’ils aient recruté le meilleur coach de Ligue 1. Quand vous voyez qu’un nouvel entraîneur arrive à imposer ses idées à des joueurs qui lui font confiance, qui le suivent, vous voyez tout ça sur les résultats. J’aime jouer contre Christophe, il nous challenge à chaque fois. »
Un investissement total
Mais « le football ce n’est pas que le terrain », tient à souligner son adjoint Thierry Oleksiak. Au centre d’entraînement de la Plaine du Var ou ailleurs, l’entraîneur du Gym ne compte pas ses heures. Hors séances d’entraînements et bancs de touche les jours de matchs, Galtier enchaîne réunions, heures de bureaux, de vidéo.
« J’ai eu la chance d’échanger avec lui, souligne Benjamin, jeune fan du Gym. Ce qui m’a marqué c’est qu’il expliquait avoir encore sur son ordi la causerie d’un Nice-Saint-Étienne qu’on avait gagné 2-0 en 2016, il conserve toutes ses archives, il a ce souci du détail. On lui a demandé s’il avait profité des beaux paysages de la Côte d’Azur et il nous a répondu qu’il n’avait pas eu le temps. »
Galtier, le bosseur, Alain Blachon ne peut que confirmer. « J’ai été formé à l’école Guy Lacombe et avec lui j’avais l’habitude des longues journées, se remémore l’ex-adjoint, aujourd’hui retraité. Avec Christophe, on arrivait à 7h ou 8h, on faisait un peu de sport avant la convocation des joueurs pour le petit-déjeuner puis la journée s’étirait jusqu’à 20h ou 21h. Comme au début il était seul dans sa vie privée, on continuait parfois le soir en prenant le dîner ensemble. Quand Christophe s’est investi avec l’équipe première de Saint-Étienne, on passait des journées entières à travailler, du montage vidéo à la réflexion sur l’adversaire en passant par un tour au centre de formation, des réunions techniques avec les éducateurs du centre ou des rencontres avec les administratifs. »
De la confession de son adjoint Thierry Oleksiak, le travail s’étend même parfois jusque dans la nuit : « Vous pouvez demander à nos familles mais bon on ne va pas rentrer dans les détails. » S’il est porté par ses joueurs, « Galette » cherche à l’être par l’ensemble de l’OGC Nice. Dans ce sens, il souhaite rencontrer tous ceux qui entourent le club, s’entretient avec les éducateurs du centre de formation, une méthode déjà opérée lors de ses débuts chez les Verts
« Il a toujours le souci d’établir des relations positives et amicales avec tout le monde, avance Alain Blachon. Il veut avoir tout le monde derrière lui. Il sait que si c’est le cas, les joueurs vont se transcender pour avoir un bon résultat mais si le club entier est derrière toi, c’est encore plus fort. C’est pour ça que Saint-Étienne a gagné la Coupe de la Ligue en 2013, c’est que tout le monde voulait que l’équipe gagne. Du concierge à l’intendant en passant par les fans… tous les salariés voulaient que l’équipe réussisse parce qu’ils étaient heureux d’avoir Christophe, parce qu’à un moment, il a eu un petit mot gentil, un petit geste comme inviter le cuisinier et le jardinier à Noël. Voilà une des raisons pour laquelle il réussit autant, c’est sa recette. » « Il n’y a pas de priorité, tout est une priorité donc ça demande beaucoup de travail », résumera Oleksiak.
Batlles : « J’ai beaucoup appris de lui »
Partout où il passe, Galtier séduit, marque aussi. Aujourd’hui entraîneur de N3 à Bourgoin-Jallieu, Jérémy Clément avoue parfois essayer de « reproduire certaines choses vues chez Christophe ». Laurent Batlles a, lui, connu le technicien azuréen sous différentes relations dans la Loire. D’abord celle de joueur-entraîneur puis celle d’adjoint-entraîneur. « On apprend beaucoup de choses sans avoir une relation particulière avec la personne, explique l’actuel entraîneur de l’ESTAC. J’ai plus parlé avec Christophe quand j’étais son joueur que quand j’étais son adjoint. J’ai beaucoup appris sur sa communication avec les joueurs, avec la presse, envers les présidents. C’a été une année très enrichissante. Je l’ai encore régulièrement au téléphone, je regarde beaucoup ce qu’il fait, il maîtrise beaucoup de choses, j’ai appris beaucoup de lui. »
Chef de file, Christophe Galtier endosse également un rôle de protecteur « Il protégeait son staff et ses joueurs. Il n’avait jamais de discussion devant la Présidence ou le directeur sportif devant nous. On était au courant de ce qu’il voulait lui nous dire ou pas », détaille Laurent Batlles. « Le leader c’est lui, le décideur c’est lui donc il assume ses responsabilités, reprend Thierry Oleksiak. Après, dans l’intimité de notre bureau, il ne nous protège pas toujours. Il nous dit ce qu’il a à nous dire et c’est normal, c’est du boulot ». Un boulot qu’il mène pour emmener puis stabiliser Nice sur la scène européenne. La recette de la galette.
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