Auteur d’un doublé et d’une très grosse prestation samedi soir, lors de la victoire de l’OM à Monaco (2-0) pour le choc de la cinquième journée de Ligue 1, Bamba Dieng monte en puissance dans l’effectif phocéen. Tout un symbole et une belle histoire.
Bamba Dieng, c’est un sourire timide et un symbole fort. Celui du renouveau d’un OM plein de ressources inattendues, celui d’une jeunesse qui prend la main, celui aussi d’un partenariat qui porte ses fruits. Samedi soir, celui que l’on surnommait parfois « Bambagoal »au Sénégal a claqué un doublé pour la victoire marseillaise dans le premier choc de la saison de Ligue 1, sur la pelouse de Monaco. Il aurait même pu s’offrir un incroyable quadruplé avec un peu plus de réussite, ayant trouvé les poteaux à deux reprises avant de régler la mire.
« Pour moi, Dieng n’est pas une surprise, sinon je ne l’aurais pas mis, a lâché un Jorge Sampaoli conquis en conférence de presse. Il a des qualités qu’on voit au quotidien, pour jouer dans les espaces. On l’a choisi pour cette explosivité et cette capacité à faire mal dans le dos de l’adversaire. Il a un très grand potentiel. »
« Bamba savait que son heure allait arriver »
Au Sénégal, les buts de Bamba Dieng n’ont pourtant pas étonné. « Je suis heureux et fier de lui, mais pas ému. Très franchement, je m’y attendais, savoure sereinement Bocar Seck, dirigeant de l’Institut Diambars, l’académie qui a lancé Bamba Dieng. On connaît ses qualités et sa mentalité, il savait que son heure allait un jour arriver. »
Natif de Pikine, dans la banlieue de Dakar, arrivé à 13 ans à l’Institut Diambars qui forme de nombreux talents du pays, Bamba Dieng a d’abord eu l’occasion de se forger un caractère de combattant. Il fait d’abord ses gammes et se teste à plusieurs postes… notamment arrière droit. Avant de s’installer en attaque en 2016. Cette saison-là, Dieng est malheureux et subit une entorse des ligaments croisés qui l’éloignera des terrains plus d’un an. « Il a beaucoup travaillé pour revenir. Sa force mentale vient aussi de cette période », racontent ses proches.
12 buts en 14 rencontres de Ligue 1 sénégalaise
Fils d’un papa policier à la retraite, Bamba Dieng avait déjà fait pleurer ses parents lors de sa première titularisation avec l’OM à Auxerre en Coupe de France, la saison passée. Nasser Larguet gérait l’interim, et le minot sénégalais avait répondu présent… au bout de 11 minutes de jeu! D’autant plus notable que le club était alors en pleine crise: André Villas-Boas venait d’être mis à pied par l’OM après avoir exprimé son envie de départ et Jacques-Henri Eyraud était plus que jamais dans la tourmente et surtout dans le viseur des supporters (il quittera ses fonctions fin février). Cette victoire, et donc ce but de Dieng, avaient fait du bien.
Le jeune attaquant n’est pas du genre à laisser passer l’occasion de s’illustrer. Lors de sa première saison avec les pros, il avait enchaîné 12 buts en 14 rencontres de Ligue 1 sénégalaise… et glané le surnom de « Bambagoal ». C’est le moment où Bamba Dieng est proposé par son agent à l’OM, qui vient de signer un partenariat avec Diambars. Il a 20 ans et effectue un essai à l’été 2020. Nasser Larguet apprécie son profil, même si l’idée est d’abord de le laisser mûrir en équipe réserve. La crise du Covid-19, les différents confinements, le calendrier des championnats amateurs perturbé n’aident pas le jeune attaquant à prouver ses qualités en compétition officielle. Mais ses performances à l’entrainement incitent le staff olympien à lui faire une place dans le groupe professionnel.
« Bamba, tu es obligé de l’aimer »
« Bamba, tu es obligé de l’aimer. Il est très attachant. Je le prends dans mes bras chaque fois que je le vois, raconte avec beaucoup de bienveillance Robert Nazaretian, vice-président de l’association OM qui veille sur les minots du centre de formation. Il a fallu qu’il soit patient pour avoir sa chance, mais il ne s’est jamais plaint. Même quand il a eu quelques pépins physiques, il a gardé le moral et le sourire! » Dieng s’était par exemple blessé à la cheville, dans un duel avec Alvaro, lors d’un de ses premiers entrainements avec les A.
Dieng n’a jamais lâché et a effectivement eu le temps de se faire aimer de tous à la Commanderie. Longtemps logé au centre de formation avec certains jeunes, Dieng a désormais son petit cocon… Mais essaie de convaincre sa maman de venir s’installer en Provence, pour qu’elle lui prépare des petits plats. « C’est un fils à maman », sourit Bocar Seck, qui est aussi son agent.
Son agent: « Les supporters ne sont pas au bout de leurs surprises avec Bamba »
Doux à la maison mais déterminé sur la pelouse, Dieng aurait la panoplie d’un attaquant très complet, promettent justement ses conseillers et formateurs de Diambars. « Je crois qu’il est plus à l’aise dans l’axe et je ne l’avais jamais vu jouer à gauche, mais c’est un pari gagnant, apprécie Bocar Seck. On se focalise beaucoup sur sa vitesse et sa puissance, mais Bamba a aussi d’autres atouts. Il sent les appels, il a une qualité technique au-dessus de la moyenne et, vous verrez, il a une très bonne détente et un excellent jeu de tête. Les supporters ne sont pas au bout de leurs surprises avec Bamba! »
La plus grosse frappe de balle du groupe pro, selon un joueur
Jorge Sampaoli compte effectivement sur lui mais ne lui avait pas encore donné l’occasion de débuter. Ses performances à l’entrainement depuis le début de saison ont pourtant séduit le vestiaire. Les Olympiens sont surtout impressionnés par la puissance de sa frappe de balle. « C’est peut-être la plus grosse frappe de balle du groupe pro, raconte un joueur. Le ballon est lourd comme du plomb quand il frappe. Je vous dis la vérité, il fait peur aux gardiens quand il frappe! »
Bamba Dieng félicité par Valentin Rongier après son doublé lors d’ASM-OM © ICON Sport
Dieng n’oubliera pas cette soirée en Principauté. Deux buts, une standing ovation du stade Louis-II, les embrassades de ses coéquipiers après le match dans le vestiaire. Et quelques mots plein de timidité et d’humilité en conférence de presse: « Je suis très content de cette prestation. Je remercie toute l’équipe de m’avoir aidé. C’était une folie, nos supporters sont partout. Je les remercie, ils nous donnent envie de gagner et de bien jouer. Moi je suis toujours disponible pour le coach. Je vais rester concentré, faire ce que je dois faire et ça va aller. Je n’ai pas les mots mais je suis très heureux. »
Un doublé qui tombe à pic…. en pleine revalorisation salariale
A 21 ans, l’attaquant pourrait avoir encore franchi un cap, profitant de l’absence d’Arkadiusz Milik pour prendre du temps de jeu. Son entente avec Amine Harit, qui faisait samedi sa première depuis son arrivée en prêt en provenance de Schalke, promet de jolies choses. Ajoutons que c’était dans un match d’importance, face à un concurrent direct, bien que Monaco connaisse un début de saison un peu compliqué. Bamba Dieng a déjà conquis des coeurs, notamment chez les anciens buteurs marseillais comme Mamadou Niang ou Michy Batshuayi, qui ont dégainé leur enthousiasme sur les réseaux sociaux. Ce n’est sans doute qu’un début.
Il est sous contrat avec le club olympien jusqu’en 2024. Depuis quelques semaines, l’OM et les conseillers du joueur travaillent sur une revalorisation salariale. Ce sera l’un des dossiers de Pablo Longoria à son retour de vacances. Les dirigeants marseillais savent que le faible niveau de revenus du joueur a été source de tensions cet été, alors que Dieng se demandait s’il devait ou non quitter l’OM. Au moment de renégocier son contrat, le doublé marqué à Monaco est un argument de poids pour l’attaquant. En attendant de gagner plus, le minot de Diambars a déjà gagné un autre surnom. Dans un vestiaire aux accents sud-américains, certains de ses coéquipiers le surnomment désormais… « Bambinha »!
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