A la veille d’affronter l’équipe de France mardi soir à Lyon dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde 2022, le capitaine finlandais Tim Sparv, 34 ans, lance un appel aux joueurs, entraîneurs et aux Fédérations pour dénoncer davantage les conditions de travail des ouvriers immigrés au Qatar, pays hôte du Mondial dans un an.
Les joueurs de foot professionnels capables de prendre position sur des sujets extra-sportifs sont peu nombreux. Ceux qui s’élèvent contre le Qatar encore moins. Avant de défier l’équipe de France mardi soir à Lyon lors des qualifications pour la Coupe du monde 2022, le Finlandais Tim Sparv a pris sa plume pour dénoncer le traitement dont sont victimes les ouvriers immigrés dans le petit mais puissant Etat du Moyen-Orient, organisateur du Mondial l’année prochaine.
S’adressant aux « joueurs, aux entraîneurs, aux Fédérations de football, à tous ceux qui se préoccupent des droits de l’homme », le capitaine finlandais de 34 ans leur demande de se battre pour défendre ces travailleurs, dont plusieurs milliers ont perdu la vie sur les chantiers des stades (une enquête du Guardian publiée en février dernier avait dénoncé ces conditions de travail).
« Mettez la pression sur le Qatar et la Fifa »
« On doit parler du Qatar », est même le titre de sa tribune postée sur le site ThePlayer’sTribune. « S’il vous plaît, continuez à parler de la Coupe du monde au Qatar, continuez à porter votre voix pour défendre les travailleurs immigrés. Ecrivez, sur des blogs ou des tweets. Postez des communiqués. Mettez la pression sur le Qatar et la Fifa. Pourquoi ? Parce que ça marche. Et les travailleurs, croyez-moi, apprécient. »
« Merde, on se réveille trop tard »
Tim Sparv, milieu de terrain du HJK Helsinki, reconnaît ne pas être un « expert » mais depuis deux ans et demi, et grâce notamment à un voyage à titre privé au Qatar, il a appris beaucoup de choses sur ce pays. « En tant que capitaine de l’équipe nationale de Finlande, je sais que je pourrais bientôt jouer dans des stades où des ouvriers ont perdu la vie », écrit-il. Sparv dit avoir parlé directement à des travailleurs immigrés. « Je sais que j’écris cet article quelques années trop tard, je me dis toujours que j’aurais pu le faire il y a cinq ans, peut-être que nous aurions pu faire changer quelques décisions et faire progresser les conditions de travail des ouvriers. Peut-être aurions-nous pu sauver des vies. Merde, on se réveille trop tard. Je me suis réveillé trop tard. »
Suivre les exemples LeBron James et Rapinoe
Et le Finlandais de poursuivre : « Mais on peut encore sauver des vies. Pour cela, il faut braquer les lumières sur le Qatar. Les fans doivent en parler, les journalistes écrire dessus. » Sparv demande aux joueurs de prendre la parole. Il reconnaît que ce n’est pas facile et que lui aussi est resté « endormi » pendant des années.
Pour lui, le déclic s’est passé en janvier 2019 lorsque Riku Riski, son partenaire, a boycotté un déplacement de l’équipe nationale au Qatar, lors d’un stage, pour des raisons d’éthique. « J’ai été surpris mais je sais aussi que c’était un très bon mec. » Sparv regrette que les sportifs européens soient « à la traîne » par rapport aux athlètes américains, LeBron James et Megan Rapinoe en tête, sur l’engagement politique. « J’aimerais en voir plus ici, en particulier des grands noms. »
« Quand l’histoire de cette Coupe du monde sera écrite, vous serez du bon côté »
Loin du Qatar, le Finlandais salue l’engagement de Marcus Rashford en Angleterre en faveur des familles défavorisées (« Il était une superstar, maintenant c’est une icône »). Il soutient aussi naturellement toutes les initiatives des pays comme la Norvège (qui avait envisagé un boycott du Mondial), les Pays-Bas ou l’Allemagne pour dénoncer la violation des droits de l’homme au Qatar. « C’est le genre de chose dont on a besoin », assure-t-il avant de conclure. « Quand l’histoire de cette Coupe du monde sera écrite, vous serez du bon côté. »
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