Pas au mieux financièrement avec la crise sanitaire et ses répercussions économiques sur les clubs, le PSG va tout de même pouvoir payer le salaire record (pour le foot français) de Lionel Messi. Une opération permise par l’assouplissement de deux règles, une au niveau national et une au niveau continental. Explications.
La question a vite été au cœur des débats une fois le départ de Lionel Messi du Barça acté et sa probable arrivée à Paris dans les tuyaux. Mais comment le club de la capitale peut-il se payer la superstar argentine? Avec une crise du Covid qui n’a épargné personne, lui comme les autres (124,2 millions d’euros de pertes sur la seule saison 2019-20), le PSG ne semble pas dans la meilleure période pour réaliser une telle opération, avec un salaire estimé à 40 millions d’euros net annuels – un record pour le foot français – sur deux saisons plus une en option pour la « Pulga ». Mais les règlements lui donnent la marge de manœuvre nécessaire pour la boucler.
Le Barça n’a pas pu prolonger son icône en raison des nouvelles règles de la Liga sur l’encadrement de la masse salariale d’un club en fonction de son chiffre d’affaires. Pour les clubs espagnols, ce ratio masse salariale (et amortissement des transferts)/revenus ne doit plus dépasser 70%. Problème? Même sans Messi, celui du Barça monte à 95% selon son président Joan Laporta, ce qui rendait impossible sa signature même avec un salaire à zéro. Et s’il avait signé son nouveau contrat catalan aux conditions négociées, il aurait atteint 110%. Impossible, quoi.
Si l’on regarde les textes, le PSG aurait pu se retrouver dans une situation similaire. La règle des 70% existe bien dans en France via l’article 11 des règlements de la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion, organisme qui surveille la santé financière des clubs) qui précise que « la part de rémunération du personnel et (de l’amortissement) des indemnités de mutations de joueurs n’excède pas 70% des recettes éligibles ».
70%… mais dans deux ans
Sur la saison 2019-20, dernier rapport en date de la DNCG, cette part monte à près de 100% pour le club de la capitale: 556,38 millions d’euros de dépenses, dont 414,38 millions en salaires et 142 millions pour l’amortissement des transferts, contre 559,84 millions d’euros de recettes dans un exercice amputé d’un quart avec la pandémie et l’arrêt des compétitions. Tout ça sans Messi dans l’effectif et son salaire XXL. Mais il y a une subtilité importante: cette règle des 70%, décidée avant le début de la crise sanitaire, ne s’appliquera que dans deux ans après avoir été suspendue puis repoussée d’une saison.
Une autre aubaine permet de résoudre l’équation : l’assouplissement des règles UEFA du fair-play financier, qui interdit aux clubs engagés dans des compétitions européennes de dépenser plus que ce qu’il rapporte et met des barrières sur les capitaux injectés par les propriétaires. Une décision là encore prise en raison des conséquences de la crise sanitaire, pour apporter plus de « flexibilité » aux clubs avec un « rallongement de la période de surveillance évaluée lors de la saison 2021-22 » et la « neutralisation des répercussions négatives de la pandémie par l’étalement du déficit combiné sur 2020 et 2021 et l’autorisation d’ajustements spécifiques ».
Ce qui n’empêche que le PSG devra vendre – le club espérait écouler des joueurs pour entre 180 et 200 millions d’euros cet été mais en est encore loin – pour ne pas trop faire exploser sa masse salariale avec l’arrivée de Messi, même s’il va aussi rapporter, et ne pas trop s’éloigner des clous avant le retour aux règles « normales ». La crise du Covid aura fait mal aux clubs et au football français. Mais elle va peut-être permettre, grâce à l’ajustement temporaire des règlements, de faire venir l’un des meilleurs joueurs de l’histoire en Ligue 1 avec le magique Lionel Messi.
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