Vague de contamination de supporters en Écosse et en Finlande, protocole sanitaire différent selon chaque pays et parfois jugé léger… L’Euro est-il en train de se transformer en « scandale sanitaire », comme l’assure Gilbert Deray, chef du service néphrologie de la Pitié-Salpêtrière?
Aussi passionnante soit-elle sur le terrain, la 16e édition du championnat d’Europe pourrait être un fiasco sur le plan de la santé publique. C’est en tout cas ce qu’affirme Gilbert Deray, chef du service néphrologie de l’hôpital la Pitié-Salpêtrière. « L’Euro est un scandale sanitaire, a-t-il assuré sur le plateau de BFMTV ce samedi soir. Je trouve que les autorités européennes du football devraient s’exprimer, ce qu’elles ne font pas. Je lance un appel: ils devraient participer à la lutte contre la Covid. Je n’ai entendu personne à l’UEFA s’exprimer. »
Vaccination, test ou preuve de positivité récente pour accéder au stade
À première vue, la règlementation mise en place par l’UEFA paraît pourtant stricte, comme nous l’explique Kevin Breuzin, supporter de l’équipe de France présent à tous les matchs des Bleus: « Pour entrer dans les stades, on devait obligatoirement récupérer un bracelet par personne à chaque fois, soit le jour du match, soit la veille. Il y avait différentes manières de l’obtenir: une preuve de vaccination ou un test PCR négatif ». Il précise également qu’une preuve de contamination entre six mois et deux semaines avant d’entrer sur le territoire peut suffire également pour recevoir le précieux sésame.
Des jauges de supporters en fonction des stades ont été mises en place par l’organisation, ce qui explique une différence importante d’afflluence entre deux rencontres. Par exemple, la Puskas Arena de Budapest était pleine ou presque pour Hongrie-France (plus de 60.000 supporters) pendant que l’Allianz Arena de Munich pouvait accueillir seulement 14.000 spectateurs pour France-Allemagne. À Wembley, les 40.000 places autorisées par match ont même été élevées à 60.000 en cours de tournoi.
Au sujet de cette augmentation de la jauge, Gilbert Deray estime tout simplement qu’il s’agit d’une grosse erreur, malgré l’appel à la vigilance de l’OMS: « C’est à la fois mettre des gens en danger et voici un superbe exemple de brassage européen qui va ramener la Covid partout ». En effet, près de 1.300 supporters écossais avaient testés positifs à leur retour de Londres, ce qui fut aussi le cas de 300 fans finlandais après leur voyage à Saint-Pétersbourg. L’Angleterre, la Finlande et la Russie ont d’ailleurs connu une forte augmentation du taux d’incidence à la suite de ces rencontres.
Une atmosphère « très bizarre » à Munich, « comme avant » à Budapest et Bucarest
Au-delà même de la différence de jauge de supporters, Kevin ajoute que le protocole n’est en réalité pas le même dans tous les pays. « À Munich, c’était très différent, explique-t-il. Au-delà du Covid, on sentait que les gens n’avaient pas envie d’organiser l’Euro ou peut-être n’étaient pas au courant. C’était très bizarre comme atmosphère. » Avant de comparer avec la situation en Hongrie ou en Roumanie: « C’était comme avant la pandémie, tout était ouvert, il n’y avait pas de vraies obligations au niveau des masques. C’était la vie telle qu’on l’a connu auparavant ».
« Chaque pays faisait ce qu’il voulait, conclut le fan français. C’était masque obligatoire à Munich lorsque nous étions dans le stade, sauf si on mangeait ou on buvait. À Budapest et Bucarest, je n’ai pas le souvenir qu’il y ait un contrôle des masques à l’intérieur du stade ». Les prochaines semaines et les chiffres de contamination diront si cet Euro aura bien été un « scandale sanitaire » alors que le variant delta fait toujours planer une nouvelle menace sur la fin de la compétition.
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