La journée du 11 juin a été mouvementée pour le football français, avec l’arrivée d’un nouveau diffuseur, Amazon, pour 80% de la Ligue 1 et de la Ligue 2, mais aussi le départ en grandes pompes de Canal+, mécontent du résultat de la négociation avec la LFP. Récit d’une journée mémorable.
Le football français pensait enfin avoir tourné la page des psychodrames. Que nenni. Après avoir annoncé un accord inédit avec Amazon pour la diffusion de 80% de la Ligue 1 et de la Ligue 2, en récupérant les matchs qui appartenaient auparavant à feu Mediapro, la Ligue de football professionnel (LFP) a dû encaisser le départ de Canal+.
La chaîne cryptée, mécontente de ne pas avoir été choisie pour compléter son offre à deux matchs secondaires, a annoncé qu’il ne diffuserait plus le championnat. Retour en quatre chapitres sur cette journée riche en rebondissements, qui avait commencé sur le terrain juridique.
- 1. Canal+ d’abord retoqué par l’Autorité de la concurrence
En début de journée, Canal+ a essuyé une première défaite. La chaîne cryptée voulait que l’ensemble des droits TV soit remis en jeu, et pas seulement les matchs abandonnés par Mediapro. Mais l’Autorité de la concurrence a rejeté la plainte, et donc donné raison à la LFP.
Conséquence: la filiale de Vivendi n’a pas pu se débarrasser de son lot n°3 (deux matchs, le samedi 21h et dimanche 17h), acheté en sous-licence auprès de beIN Sports pour 332 millions d’euros. Canal+ allait donc entrer dans la négociation de la LFP en ayant déjà 20% de la Ligue 1, au tarif payé avant la crise.
- 2. La pression de Canal+ sur la LFP
En coulisses, toujours dans la matinée, le groupe Canal+ fait alors peser cette menace sur la LFP: si son offre (formulée avec son allié beIN Sports) pour les lots de Mediapro n’est pas retenue et que les meilleures affiches sont attribuées à un autre diffuseur, alors il se désengagera complètement et ne diffusera plus le football français.
Chez Canal+, on estime alors que les deux matchs déjà détenus ne valent plus 332 millions d’euros. Le groupe considère même, sans se réjouir, qu’il peut se passer de la Ligue 1 sur ses antennes. Quelques jours plus tôt, dans l’After Foot sur RMC, Maxime Saada, président du directoire de Canal, avait d’ailleurs clairement fait savoir que la présence de la L1 sur ses chaînes n’était pas garantie.
- 3. Amazon malgré tout choisi
Dans l’après-midi, la LFP étudie deux offres (les totaux cités par la suite incluent les 42 millions d’euros versés par Free pour les images en quasi-direct et les replays).
D’un côté: Canal+ et beIN Sports proposent de récupérer l’intégralité du football français pour 595 millions d’euros garantis à chaque saison. À cela s’ajoutent 78 M€ en part variable. Le total est donc de 673 millions d’euros. De l’autre: Amazon offre 259 M€ pour les lots de la L1 et de la L2 abandonnés par Mediapro. Avec les montants déjà versés par Canal+, Free et beIN Sports, le montant garanti s’élève à 663 millions d’euros.
Malgré la menace, la LFP choisit donc Amazon Prime Video, tout juste entré sur le marché des droits sportifs français avec les sessions nocturnes de Roland-Garros. Pour la première fois en France, des matchs du football français seront donc proposés sur une plateforme de streaming vidéo.
- 4. Canal+ claque la porte, la balle dans le camp de beIN Sports
Peu après l’annonce de la LFP, le groupe Canal+ met sa menace à exécution et annonce qu’il ne diffusera plus la Ligue 1. Il ne s’agit pas d’un bluff, et toutes les démarches juridiques seront bien engagées pour appuyer cette décision.
beIN Sports se retrouve donc avec ce lot à 332 millions d’euros qu’il sous-licenciait au cours de la saison 2020-2021. Le groupe qatari, dont les chaînes sont distribuées par Canal+, va donc devoir se positionner. Va-t-il assurer la diffusion de ces deux matchs de Ligue 1? Ou va-t-il sous-licencier une nouvelle fois ce lot, par exemple à Amazon? Le feuilleton n’est pas encore terminé.
https://rmcsport.bfmtv.com/football/ligue-1/droits-tv-ligue-1-comment-le-foot-francais-s-est-offert-un-nouveau-psychodrame_AV-202106110438.html