Dans Top of the foot, ce mardi sur RMC, Rudi Garcia tire le bilan de son passage à l’OL après la 4e place en Ligue 1. L’ex-entraîneur lyonnais allume Juninho, le directeur sportif.
C’est une violente charge d’un entraîneur contre un directeur sportif. Au lendemain de l’officialisation de son départ de l’OL, dans la foulée de la 4e place très décevante en Ligue 1, Rudi Garcia règle ses comptes avec Juninho. Il est l’invité de Top of the foot sur RMC, ce mardi soir (18h). Extraits.
« Juninho manque d’expérience »
« Il y a eu deux choses. Déjà, la tragédie de perdre Gérard Houllier. Et puis le fait que les relations avec Juninho se soient détériorées, sans que je m’en aperçoive au départ. Tout allait bien au début. Malheureusement, ensuite, on n’a plus eu Gérard pour mettre de l’huile dans les rouages et surtout, continuer d’expliquer à Juninho quel est le rôle d’un directeur sportif. C’est normal, il manque d’expérience. Il est plein d’envie mais parfois, son envie le fait un peu déborder de son cadre et venir marcher sur les plates-bandes du coach. J’ai assez d’expérience pour ne pas m’en offusquer. Mais quand vous commencez à gagner les matchs au mois de novembre et que votre directeur sportif ne vient plus vous féliciter, c’est normal de commencer à se poser des questions.
« Il ne comprenait pas que Jean Lucas ne joue pas et que Maxence Caqueret joue »
« Il n’intervenait pas parce que de toute façon (sur le sportif, ndlr), je suis le seul décideur. Mais à chaque fois qu’on discutait, ce n’était pas sur la politique du club, jeunes en devenir, recrutement… On ne parlait que de compositions, de stratégies de jeu, ce qui incombe au coach. Moi, j’échange et je suis quelqu’un d’ouvert. Mais je ne voulais pas que ça me pollue sur mes choix. Je pense que la chose qui l’a vraiment contrarié, et plus que ça, l’a fâché et a cassé cette relation, c’est le fait que les recrues qu’il a fait venir du Brésil, Jean Lucas et ensuite Bruno Guimaraes, ne jouaient pas assez à son goût. Il ne comprenait pas que Jean Lucas ne joue pas et que Maxence Caqueret joue. Moi, au bout d’un moment, il fallait que j’ai des résultats sportifs, que je m’appuie sur l’académie et que je lance des jeunes. J’ai bien compris où j’étais et je l’ai fait. Sinon, Cherki n’aurait pas joué 30 matchs cette saison et battu des records comme le plus jeune joueur ayant participé au plus de matchs avec l’OL. On ne parle pas de Caqueret qui a fait un final 8 fantastique et qui a vraiment décollé ici. Sinaly Diomandé a joué, Mevlin Bard aussi. Il fallait s’appuyer sur l’académie, continuer à valoriser ceux qui avaient une valeur marchande comme Dembélé, Aouar, etc, et il aurait fallu faire jouer tous les Brésiliens en même temps. Au bout d’un moment, la quadrature du cercle, je n’ai pas su la résoudre. Ou personne ne peut la résoudre. Je pense que c’est surtout à cause de ça que les relations se sont détériorées. C’est dommage, parce que tout se passait bien. »
« Il voulait sortir carrément du groupe jusqu’à la fin de saison, Depay, Cherki et Aouar »
« Juni a critiqué certaines attitudes de certains joueurs, mais il ne s’est pas rendu compte qu’avec les Brésiliens, il leur donnait trop de passe-droits. (La sanction pour Aouar) J’estime que ça ne sert à rien de se tirer une balle dans le pied et de se couper d’un joueur important au niveau du terrain. Mais c’est le choix du directeur sportif et je l’ai respecté. On aurait pu le sanctionner très, très fortement, tout en le gardant dans le groupe et en permettant à l’équipe de bénéficier du talent d’Houssem. Il y a eu des moments où le président, heureusement, a rattrapé les choses. Quand il n’est pas content pour Jean Lucas, il me l’enlève du groupe et le laisse partir au Brésil à deux matchs de la trêve. On n’avait pas assez de milieux de terrain donc heureusement, le président Aulas me l’a rattrapé pour la 16e journée. Mais il est quand même parti à la 17e journée. C’est dommage de ne pas collaborer et d’être trop épidermique sur ce genre de décision. La dernière étant, avant la victoire à Monaco, le fait de vouloir sortir carrément du groupe jusqu’à la fin de saison, Depay, Cherki et Aouar. Là encore, je ne sais pas qui aurait marqué le premier et le troisième but à Monaco, et on se serait affaibli. »
« Il a mis quelques coups francs contre son camp cette saison »
« Avoir une ligne de conduite, pour que tous les joueurs filent droit et donnent le meilleur d’eux-mêmes, c’est très bien. Mais il y a des choses à faire pour ne pas mettre le sportif en danger. Avec les saisons, il apprendra et il va se bonifier. Ça a été un joueur formidable. J’espère qu’il deviendra un grand directeur sportif. Mais il a besoin d’expérience. J’ai eu l’impression que de temps en temps, il a mis quelques coups francs contre son camp cette saison. Ça, c’est un peu embêtant. »
« J’étais prêt à arrêter en décembre »
« (Avez-vous présenté votre démission en décembre ?) Ça va avec ce que je vous ai dit. Au mois de novembre, quand on commence à gagner les matchs et que mon directeur sportif ne vient plus me féliciter, je me pose la question. Il y a eu l’épisode de Jean Lucas et du fait qu’il aurait dû jouer, notamment à la place de Maxence Caqueret. Au bout d’un moment, quand arrive la 17e journée et qu’on est premier, je vais voir Vincent Ponsot et je lui dis : ‘Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Juni veut me virer et prendre ma place ? Moi, si c’est ça, je vous laisse les clés et vous vous débrouillez’. Vincent m’a rassuré sur le fait qu’il fallait remettre de l’huile des rouages. Mais oui, j’étais prêt à arrêter en décembre parce que je sentais que ça devenait compliqué d’œuvrer pour le bien de l’institution OL. »
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