L’Inter a remporté son 19e scudetto ce dimanche grâce au match nul de l’Atalanta sur la pelouse de Sassuolo (1-1), à l’occasion de la 34e journée de Serie A. Au terme d’une saison bien menée, les Nerazzurri ont appuyé sur l’accélérateur début 2021 pour décrocher toute la concurrence. Ce titre a été marqué par plusieurs hommes forts du club milanais.
L’Inter l’a fait ! Le club lombard vient de décrocher son 19e scudetto et met fin à la longue série de titres consécutifs de la Juve (9). Dans une saison de Serie A qui aura mêlé frustration européenne et domination nationale, les Nerazzurri ont réussi à mener ce projet entamé lors de l’été 2019 avec l’arrivée d’Antonio Conte. Le technicien de 51 ans s’était vu confier un projet sur trois ans qui devait permettre à l’Inter de retrouver les sommets. Avec un peu d’avance, le club milanais est tout en haut de la hiérarchie du football italien sur cette saison 2020-2021 et est désormais en quête de stabilité au plus haut niveau.
Avec seulement deux défaites en 34 journées, l’Inter a réussi à afficher la régularité nécessaire pour accrocher un scudetto. Co-deuxième meilleure attaque et meilleure défense de Serie A, l’Inter a pu s’appuyer sur des hommes clés pour remporter le titre de champion, en exploitant également les déboires de ses adversaires directs. Présentation des hommes forts du 19e scudetto de l’histoire de l’Inter.
Antonio Conte
Impossible de ne pas commencer par lui. Il est le grand artisan de ce titre. Comme tous les entraîneurs primés, son rôle a été important. Il a su infuser sa mentalité victorieuse dans son groupe de joueurs, pas encore habitués à jouer chaque week-end pour les trois points, avec toute l’exigence que cela nécessite. « Testa bassa e pedalare », répète en boucle Antonio Conte à ses hommes. On baisse la tête et on travaille dur. Sa devise a porté ses conférences de presse et ses séances d’entraînement. Les joueurs ont tout de suite adhéré : une deuxième place et une finale d’Europa League la saison passée, le scudetto lors de la deuxième année de l’ère Conte. Autour du 3-5-2 qui a peu varié (brève tentative de jouer avec un numéro 10 dans un 3-4-1-2), le public a pu apprécier le travail précis dans les sorties de balle, dans l’élaboration d’un jeu vertical très rapide ou dans l’utilisation de Romelu Lukaku comme point d’appui du jeu intériste. Antonio Conte reste l’un des entraîneurs qui réussit à intégrer le plus rapidement ses mécanismes de jeu dans un groupe. Moins de trois mois après son arrivée en 2019, l’Inter lui ressemblait déjà beaucoup.
Ses détracteurs lui reprocheront son approche « minimaliste » en deuxième partie de saison, après l’élimination de la Ligue des champions. Conte a alors choisi une attitude plus conservatrice, défensive et réactive. Cela se traduit dans les chiffres avec la neuvième possession de balle de la Serie A et la dix-huitième position sur la statistique du PPDA, qui permet de quantifier le nombre d’actions déclenchées (tacles, interceptions, fautes) pour tenter de récupérer le ballon. L’équipe de Conte est tout en bas de ce classement, preuve qu’elle laisse volontiers l’adversaire multiplier les passes avant de déclencher un pressing ou une action défensive. Cette attitude a participé à la sortie de route en C1 et le technicien milanais devra sans doute faire évoluer le jeu de son équipe s’il veut enfin passer la phase de groupes de cette compétition. En attendant, il a réussi sa mission en deux ans seulement. L’Inter lui doit beaucoup.
Romelu Lukaku
Il n’y a pas joueur plus central dans le dispositif d’Antonio Conte que le géant belge. Au-delà même de ses 21 buts en 33 matches de championnat cette saison, Romelu Lukaku s’est révélé être un partenaire précieux dans l’élaboration du jeu très vertical d’Antonio Conte. Imprenable lorsqu’il est dos au but et qu’il se sert de son corps pour protéger le ballon avant de servir des coéquipiers qui arrivent lancés, l’attaquant a réalisé une superbe saison. Généreux dans l’effort, il a bien progressé techniquement depuis son arrivée à l’Inter. Ses 10 passes décisives en championnat témoignent des circuits de jeu de l’Inter et de la faculté de Lukaku à pouvoir jouer en appui-remise, à se retourner pour servir un coéquipier et même à jouer dans les petits espaces. Et que dire se sa prise d’espace où sa puissance et sa vitesse (régulièrement flashé à 33-34 km/h) font des ravages ! Il épouse parfaitement l’exigence et la mentalité de son entraîneur, ce qui en fait un leader respecté dans le vestiaire. Il ne devrait pas être loin du titre de meilleur joueur de la saison en Serie A.
Achraf Hakimi
Le latéral marocain est arrivé avec de grandes attentes à Milan. L’Inter a déboursé 40 millions d’euros pour s’attacher ses services et il avait un boulevard pour s’imposer comme piston droit, là où les D’Ambrosio, Moses et Candreva n’apportaient pas suffisamment de garantie au haut niveau. S’il a connu une première partie de saison délicate, perdant même parfois sa place de titulaire, il a beaucoup travaillé et écouté son entraîneur qui a une interprétation particulière de ce rôle de piston. Hakimi est devenu indispensable en deuxième partie de saison. Il a dynamité les défenses adverses avec ses appels incessants en profondeur et sa pointe de vitesse. Ses cavalcades sur le côté droit sont dans tous les esprits et il a su se montrer décisif offensivement avec ses 7 buts et 6 passes décisives. Son doublé contre Bologne début décembre alors que l’Inter n’était pas au mieux est un exemple parmi tant d’autres.
Lautaro Martinez
La « LuLa » a fait des merveilles. Après Lukaku, il était impensable de ne pas évoquer Lautaro Martinez dans les hommes forts du scudetto. Avec 15 buts et 5 passes décisives en championnat, il continue sa progression avec le club intériste. Très à l’aise avec le ballon, il peut décrocher et participer au jeu comme faire des appels en profondeur vers l’extérieur. Buteur contre la Lazio (aller et retour), l’Atalanta, Milan ou encore Sassuolo, il a inscrit des buts très importants en Serie A. Son doublé dans le derby il y a quelques semaines est évidemment un point très haut de sa belle saison. S’il gagne encore en efficacité (tous les tifosi de l’Inter ont en mémoire ses gros ratés contre le Shakhtar, à l’aller et au retour en Ligue des champions), il sera sans doute l’un des attaquants les plus cotés des prochaines années. En attendant, c’est le complément idéal de Romelu Lukaku. Les deux se cherchent et se trouvent en permanence, dans des registres différents mais complémentaires.
Alessandro Bastoni
S’il existait le titre de MIP (Most Improved player) comme en NBA, Alessandro Bastoni serait un candidat sérieux sur les derniers mois, avec Davide Calabria (Milan) et Federico Chiesa (Juve). La cure Antonio Conte est très importante pour ce défenseur qui n’a pas toujours eu l’agressivité au duel démontrée cette saison. Plus attentif, plus strict dans ses actions purement défensives, le défenseur central, aligné axe gauche dans le système à trois de l’Inter, a également beaucoup progressé dans l’utilisation du ballon. Son jeu long est capable de désorganiser une équipe en train de se replacer et est précieux dans la recherche de la verticalité imposée par son entraîneur. La passe décisive contre la Juve sur le but de Barella est un exemple de la qualité de son jeu long. Tout ceci lui a permis de découvrir la Nazionale à 21 ans en août dernier. Si le taulier de la défense des Nerazzurri reste Stefan de Vrij, l’avenir appartient à Alessandro Bastoni.
Nicolo Barella
Une phase aller exceptionnelle. Volume de course, générosité, buts, passes décisives, agressivité, qualité technique, intelligence de placement et de jeu : le milieu de terrain sarde a cartonné. Lui aussi entre pleinement dans ce qu’aime Antonio Conte : le caractère et la qualité. Il est le premier à aller au pressing, le premier à proposer une solution au porteur de balle, le premier à aller tacler ou à entrer dans un duel de manière décisive. Si l’on filait la métaphore des jeux videos, on dirait que Barella a plusieurs vies : à peine s’éteint-il qu’il réapparait en forme, prêt à faire de nouveaux sacrifices sans ballon.
Christian Eriksen
Impossible de ne pas conclure par le meneur de jeu scandinave de l’Inter, même si un autre milieu, Marcelo Brozovic, aurait mérité sa place. Mais l’histoire du Danois à l’Inter mérite qu’on s’y attarde. Arrivé en janvier 2020, il avait été présenté à La Scala de Milan. Excusez du peu. C’est aussi sans doute le meilleur moment de son année 2020 en Lombardie. Maigre butin. Pas désiré par Conte, recruté par ses dirigeants, il a été utilisé avec parcimonie, tantôt en numéro 10, parfois en milieu devant la défense avant de trouver son rôle comme relayeur. Mis sur le mercato par l’administrateur délégué Beppe Marotta en direct à la TV italienne en janvier 2021, il a fini par s’imposer. Onze de ses quinze titularisations en championnat sont arrivées après le 30 janvier. Quatre jours plus tôt, le déclic : un but sur coup-franc dans le derby de Milan en Coupe d’Italie, à la 97e minute. A partir de cet instant, tout a changé et Eriksen a su convaincre son entraîneur. C’est lui qui a égalisé à Naples lors de la 31e journée et encore lui qui a ouvert le score ce week-end à Crotone alors que les Nerazzurri butaient sur la défense de la lanterne rouge. Désormais, Eriksen, son montant de transfert et son gros salaire, ne sont plus analysés comme des boulets mais comme une nouvelle ressource pour les mois à venir. Des mois excitants où l’Inter devra confirmer sa suprématie nationale et afficher de nouvelles ambitions en Ligue des champions.
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