Avec la crise du Covid-19 et un projet de Super League désormais en « stand by », le marché des transferts devrait se calmer. Mais si les plus gros transferts devraient se faire rares… ce pourrait n’être que temporaire. La baisse globale des montants dépensés pourraient davantage se faire sentir à l’échelon inférieur. Explications avec un économiste du sport et un agent.
Après des années de folie et de flambées sans fin, le mercato va-t-il connaître une brutale accalmie? « Les signatures comme Haaland ou Mbappé? Sans la Super League, cela n’aura pas lieu », a lâché sur la Cadena Ser mercredi soir Florentino Perez, président du Real et instigateur de la Super League, dont l’avenir est désormais incertain. « Dans cette situation de pandémie, cela n’aura pas lieu, ni pour le Real ni pour aucun autre club. Cela n’aura pas lieu, croyez-moi », a-t-il insisté.
Selon le président madrilène, la Super League, ligue semi-fermée qui aurait rapportée plus d’argent aux clubs engagés dans la compétition et pour laquelle 12 avaient initialement signé, était la seule solution pour « palier les pertes économiques » de l’année.
Des transferts à 100 millions « beaucoup plus contraints »
« On est clairement sur un marché à la baisse. Sur ces grands transferts, qui pouvaient excéder 100 millions d’euros, ça va être beaucoup plus contraint. Même les très grands clubs vont être très regardants sur le montage des dossiers », confirme l’agent Bruno Satin, interrogé par RMC Sport.
Matthias Seidel, le fondateur et co-propriétaire de Transfermarkt, allait dans le même sens il y a quelques semaines: »Je crois que nous avons atteint le pinacle sur le montant des transferts, jugeait-il à notre micro. La pandémie a prouvé à de nombreux dirigeants mais aussi aux fans que le modèle du football show était dépassé et que seul l’argent était en première ligne pour beaucoup, ce qui doit changer. »
Une baisse temporaire?
Mais selon Vincent Chaudel, économiste du sport et fondateur de l’Observatoire du sport business, cette décrue ne sera que « temporaire », car « l’intérêt mondial pour des top joueurs ne va pas s’effondrer du jour au lendemain », justifie-t-il. « On va retrouver une économie dans le football, mais peut-être pas à niveau comparable tout de suite », ajoute l’économiste.
Une chute qui devrait surtout concerner l’étage intermédiaire
La baisse du montant des transferts devrait être plus flagrante aux étages intermédiaires. « Ça vaut pour tous les transferts autour de 50 et 60 millions d’euros, pour de très bons joueurs mais qui ne sont pas non plus des stars. Pour eux, les montants vont se redimensionner très très sérieusement. Il va y avoir un très grand nombre de joueurs libres sur le marché », développe Bruno Satin.
Selon les mots de Vincent Chaudel, cela concernera aussi les joueurs moins bankable, « le joueur moyen de Ligue 1 ou de Ligue 2, qui coûte trop cher par rapport à ce qu’il est capable de générer ».
« La quasi-totalité des clubs français devra vendre avant d’acheter »
Ce phénomène devrait toucher tous les championnats européens, mais le cas français sera particulier. « Pour tout le monde, il y a eu la première lame du Covid-19. Nous, on a la deuxième lame de Mediapro », déplore l’agent Bruno Satin. Le groupe s’est en effet retiré en décembre de la diffusion de la Ligue et de la Ligue 2, provoquant une très grande perte de revenus pour les clubs. « La quasi-totalité des clubs français devra vendre avant d’acheter. Dans des clubs de la première moitié du classement, on a déjà demandé aux directeurs sportifs de réduire la masse salariale de 30% », poursuit-il.
Les 12 clubs engagés dans le projet de Super League pourrait d’une part avoir des difficultés à recruter à cause de leurs problèmes financiers, mais Vincent Chaudel avance une autre explication: leur image écornée. « Pour un Mbappé, qui fait très attention à son image, partir chez un des 12 clubs dissidents, c’est s’attacher une image de mercenaire », expose-t-il. L’été s’annonce donc un peu moins chaud que d’habitude…
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